Je suis comme qui dirait dans une longue semaine, dont je ne verrai la fin que samedi, vers 13h... Deux conseils de classe, des copies par-dessus la tête, le devoir commun des secondes à préparer, ainsi que les "zorro" blancs de l'EAF que je vais faire passer, neuf heures de réunion parents-profs, un cours particulier, des livraisons à recevoir... Cela fait plus d'un mois que je ne suis pas allée m'entraîner. Pas le temps et/ou l'énergie de sortir beaucoup alors que j'ai l'impression d'étouffer en ce moment.

J'ai beaucoup de mal à me lever depuis deux jours. Ce matin, j'ai mis 25mn à entendre le réveil. Ça promet pour le suite de la semaine. Les élèves ne bossent pas (certains ont déjà baissé les bras), les BTS sont toujours aussi agréables et fumistes.

Je crois que je vais essayer de dormir une petite heure, là, sinon je vais rester ronchon.

Fantin-Latour, "Coin de table", 1872

Juste avant les vacances, j'avais proposé à mes élèves de seconde que nous nous retrouvions "comme par hasard" devant le musée d'Orsay... J'avais fixé deux dates possibles. A la première, j'ai eu deux élèves, plus la copine de l'un d'eux. Aujourd'hui, j'en ai eu dix. Ce qui représente en tout la moitié de la classe (!). Je suis assez fière davoir réussi à les amener là, sans obligation d'aucune sorte.
Sinon, j'ai failli me faire taper par les surveillants du musée (j'exagère, ils ont été très polis) : je parlais devant les p'tits jeunes de Rimbaud et Verlaine  (sur la toile de Fantin-Latour), quand ils m'ont dit de me taire : si je ne porte pas d'autocollant "conférencier", je ne peux rien dire... Ils ont ordre de calmer tout concurrent des conférenciers officiels.

Je trouve cela dommage, même si sur le fond je comprends : des ados s'intéressent à quelque chose de culturel, mais il faudrait passer par la voie hiérarchique (et pécunière) pour pouvoir leur expliquer certains points (et encore, si j'adhère aux explications des dits conférenciers). On m'a dit textuellement : "Vous ne pouvez pas vous réunir en groupe devant les toiles et parler".

Résumons-nous : dans la rue comme dans les musées, interdiction de former des groupes et de s'attrouper. Cela me dérange vraiment, quelque part.

Manet, Nana

Voilà, je suis rentrée de l'une de mes deux "grosses" journées de cours. Je vais m'attaquer à quelques documents que je dois préparer sur l'ordi, et ensuite je découvrirai avec émotion mes toutes premières copies de lycée...
J'y ai jeté un oeil, et je suis déjà inquiète, pour tout dire. Les Secondes devaient répondre à des questions de compréhension et faire une "chute" de nouvelle. Ils avaient le choix entre deux textes, et certains... m'ont fait les deux, par exemple. Une autre a choisi de parler de lesbiennes en guise de chute sur un texte de Maupassant concernant une bonne... Je ne vous dis pas la grâce avec laquelle le sujet a été traité. Hum.
Ah, et puis j'ai dû renvoyer de cours une élève : elle a déjà cumulé en deux semaines dix heures de colles et quelques renvois. Pas méchante, mais pénible.
Nota : J'ai mis de côté mes perles de lycée saison automne 2007 pour un prochain post, au fait... ;-)

Bon, mon nouveau Word Office 2007 m'appelle. Je vais bosser mes cours.

Monet, la gare St Lazare

Ma voix de Robert a atteint des sommets dans les décibels écorchés, aujourd'hui. J'ai commencé chaque cours en écrivant au tableau : "Je suis presque aphone". Ça en jette de suite.
Je pense que je flirte avec une trachéite, mais je manque d'énergie pour consulter mon médecin traitant : elle est dans mon ancienne ville.
Finalement, les BTS ayant fait un raffut de tous les diables suite au changement d'emploi du temps, on a fait mi-figue mi-raisin : je n'aurai "que" six heures de cours le mercredi, et une heure isolée le lundi matin.
Sinon, j'ai attaqué le Réalisme avec les secondes. Je suis toujours médusée de voir à quel point ils mélangent les époques : en présentation du XIXème, je leur demande ce qu'ils savent de ce siècle, dans tous les domaines. On commence par la technologie. Et là, j'ai droit à la télé; mais aussi à l'étonnement de Quizzy qui s'indigne que Zola écrivît à la main tous ses romans... "Pas à l'ordinateur ? Wahhh, vas-y !"

Les vitesses de pointe des locomotives les font se marrer, évidemment. Et moi je racontais tout ça avec des variations sonores inquiétantes, en buvant de l'eau et en avalant des pastilles d'Euphon, en vain.

Au fait, Ed, je dois faire une note quotidienne parce que je suis une "jeune prof" ? lol

Ce matin, en mettant la tête dans mon casier, j'ai découvert que j'avais un nouvel emploi du temps, sans rien avoir demandé. C'est presque comme gagner au loto sans jouer, quoi.
Première réaction : "Waouh, j'ai mon lundi de libre ! Et je garde mon vendredi aussi ! Oh..."
Deuxième effet Kiss cool : "Oh... J'ai sept heures de cours le mercredi ! Et  trois heures d'affilée avec les BTS... Ils termineront une heure plus tard... Ouille."
Ces derniers ont fait des bonds, paraît-il, en apprenant cette bonne nouvelle. Je suis donc allée discuter avec l'adjoint pour savoir les raisons du pourquoi du comment de la chose. Tenez-vous bien : la collègue que je remplace a demandé ces changements, alors que pour l'instant... elle n'enseigne pas. C'est absurde, mais c'est ainsi.
J'ai proposé que l'on fasse une sorte de période d'essai avec ce nouvel emploi du temps, jusqu'à la Toussaint, puis nous aviserons.
En tous les cas, il ne faudra RIEN me demander le mercredi soir, cela est certain. Je serai lessivée. Mais faut bien réussir à les caser quelque part, ces heures de cours, sur trois petits jours.

J'ai un problème : je crois qu'au bout de quatre ridicules jours de cours, ma voix défaille déjà. Comme dit S., j'ai ma "voix de Robert". Et depuis hier soir, je le sens bien, j'ai mal à la gorge. Pas comme quand on a la grippe ou je ne sais quoi. Non, une sorte de gêne, un noeud, une fatigue des cordes vocales.
Ben mince, j'aurais jamais crû que le lycée, ça me ferait ça ! C'est dur, la vie d'artiste.

Il va falloir investir dans mes pastilles miracle, destinées initialement aux acteurs et chanteurs...

Mais non, je n'avale pas du cirage !

Au risque de me faire lyncher gratuitement, j'annonce que ma semaine est finie. Ben je suis quand même fatiguée. Pas la même fatigue qu'en collège, mais quand même. En plus, je n'arrête pas de chauffer du cerveau (les cours à préparer, les évalutations de seconde qui me sont tombées dessus en traitesses, etc), et de courir pour faire des tas de trucs (ma mère veut une nouvelle litière pour ses chats, il faut fignoler les trente ans de S., s'occuper de la maison, donner un cours particulier à un élève de première...).
Alors je dis sans honte que je suis un brin fatiguée.
Na.

Voilà, cinq heures de cours dont quatre non-stop (oui, je sais, ça paraît dérisoire face à la journée d'un Français qui travaille pour gagner plus, et qui mérite son salaire, lui, pas comme ces feignasses de profs) m'ont pas mal attaqué le capital énergie. Mais pas du tout de la même façon qu'en collège : mon énergie passait alors pour les 3/4 dans la discipline (en gros, sur 50 mn de cours, 10mn réelles étaient consacrées à la littérature), alors que là je pratique ma discipline.
Je peux parler de littérature, analyser, faire chauffer mon cerveau. Certes, je m'emballe. J'ai pu constater que ma 2ème classe de seconde avait l'air plutôt faible. Je sais que j'aurai quelques désillusions à l'écrit. Mais j'ai envie de profiter de ce moment légèrement euphorique -pour une fois que ça arrive.
En plus, une collègue avait gentiment déposé deux ouvrages de BTS tout neufs pour moi sur une table. Elle ne me les prête pas, non, elle me les donne. Piouh, c'est bon de se sentir exister, même si on est TZR.

Vais p'têtre demander une mutation en lycée de Zep en fin d'année, moi, à ce rythme. Oui, je sais, je ne l'aurai pas. Rabat-joie !

Voilà, j'ai fait mes deux premières heures de cours. Le palpitant s'est agité avant d'avoir les BTS, mais je trouve que j'ai plutôt bien géré mon affaire. Pour ma première classe de Seconde, j'ai eu droit, dans les couloirs, à un "C'est ça qu'on a ?"; le "ça" étant moi. Une fois en classe, ça a bien fonctionné. je croise les doigts pour que ça dure... lol
Sinon, j'ai peur de prendre goût au lycée. "Déjà ?", me direz-vous. Ben voui. J'ai l'esprit en ébullition pour les cours; il y a une énergie canalisée dans les couloirs et en classe, que je ne connaissais pas jusque-là. Une organisation qui me plaît bien, aussi.
Et puis j'ai été rassurée de voir qu'il y avait d'aussi "jeunes" profs que moi. Je suis crédible. L'image que je renvoie aux élèves est très importante pour moi. Alors de croiser une prof de philo qui a moins de trente ans, ça me convient. Et ça me rassure.

Sinon, hier soir, je pensais à 22 et à Emy. A leurs "non-rentrée(s)", pour des raisons différentes. Je voulais mettre en écoute une chanson de Calogero pour 22 ("Danser encore"), mais elle n'est pas en ligne sur Radioblog. Je vais juste mettre un lien pour les paroles et un extrait, tiens.

Amies profs, je vous salue.

Après avoir fait pas mal de recherches et ruminé tout ça hier, je suis aujourd'hui dans l'action. Je me repose sur des choses qui existent déjà pour l'instant, en les agençant à ma sauce. Je ne peux pas faire mieux en 48h.
Les secondes (générales) vont commencer par la nouvelle. J'enchaînerai par la suite avec un mouvement littéraire et culturel (je penche pour le Romantisme et/ou le Réalisme car j'ai deux classes).
Quant aux BTS, je relativise : la méthode de la synthèse ressemble pas mal à celle de l'analyse des corpus du Bac français. J'aurai ces élèves une heure en classe entière, et deux heures en demi-groupes.
J'ai un peu plus de sang-froid, même si la petite boule au ventre est bien là. Il me faudra deux à trois jours pour la gérer. Ensuite, je prendrai le pli assez facilement, me connaissant. Ceci étant, le travail n'est pas le même au niveau de la préparation des cours, je le vois déjà. Et je crains les corrections de copies, bien plus longues, mais pas forcément meilleures qu'en collège...