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Prof et plus si affinités
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Prof et plus si affinités
14 janvier 2009

Le déserteur

Etre prof, ce n'est pas être nonne, ni effectuer un sacerdoce, et encore moins faire passer les élèves avant soi.

parents_profs

J'essaye de trouver un créneau horaire avec les parents d'une élève de première depuis un moment. Pendant les vacances de Noël, je leur avais proposé différents horaires pour la semaine de rentrée. Pas de réponse. Au début du mois, leur fille, que j'interroge à ce sujet, me dit que ses parents n'ont pas répondu car les heures ne convenaient pas, surtout le midi. Ben voui, cela aurait été dommage de me prévenir.
Je refais donc un message pour proposer deux horaires en fin de journée. Pas de chance, sur ce que les parents voulaient, j'ai réunion parents-profs jusqu'à environ 20h, excusez-moi de travailler. Et la semaine suivante, je termine plus tôt.
Il faudrait que j'attende encore 1h30 après ma plus grosse journée. Je dis donc que je n'habite pas tout près, que je donne des cours particuliers blabla.
Et en rentrant ce soir, je trouve une réponse hautaine de la mère disant qu'eux aussi habitent loin du lycée, qu'ils bossent etc et que "nous avons tous les mêmes soucis". Bref, elle me prend de haut et sous-entend que je fais preuve de mauvaise volonté.
J'en ai marre que les parents estiment que nous devons être toujours disponibles, au garde-à-vous pour leurs enfants, qu'il leur paraisse étrange -voire inacceptable- que nous ayons une vie et que nous disions "non".

J'ai proposé encore quelques créneaux. Si rien ne convient, je dirai que c'est fort regrettable, mais basta.

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13 janvier 2009

Soldat inconnu

Irland_Topographie

Pimprenelle est presque en face de moi, assise à une table en salle des profs. Elle organise un voyage en Irlande dans trois semaines à peine. Un accompagnateur s'est désisté. Elle cherche quelqu'un. Ohlala, mais qui prendre ? Qui pourrait venir à la place ? Quel souci, blabla. Elle parle à quelques profs, dont moi.
Moi, qui ai deux classes qui partent en Irlande, justement.
Moi, la prof de lettres de cette seconde X et de cette première.
Moi, qui me débrouille en anglais.
Moi, qui pourrais partir, sans grosses contraintes.
Moi, la TZR inconnue.
Moi, le soldat inconnu de l'Education Nationale.

Quelques minutes après, ma copine de math, L., me regarde corriger des copies. "Tu as les secondes X, toi ?" Ben oui.
Je la regarde se lever, chercher Pimprenelle un peu partout mais discrètement. Je l'aime bien, L. Elle fait le lien, entre la classe, le voyage, le désistement, et moi. Pas comme Primprenelle. Quoique cette dernière a dû "refuser" de faire le lien.
L. s'éloigne en salle informatique, semble discuter avec Pimprenelle.
Et puis rien.
Je pars faire cours.

Deux heures plus tard, j'entends Pimprenelle s'exclamer auprès d'une autre prof : "Au fait, Bidule nous accompagne en Irlande ! C'est chouette !"

Je crois que Bidule n'a pas les classes qui partent en tant que prof.

Ce n'est rien : une simple humiliation quotidienne de TZR. Une de plus pour moi.

Moi, la TZR inconnue.
Moi, le soldat inconnu de l'Education Nationale.

Rest in peace, teacher.

8 janvier 2009

Tortionnaire

Je viens de finir un paquet de commentaires de Première. Alléluia. Encore trois de seconde, et un quatrième qui arrivera demain. Apfiouh.
Si j'ai le courage, je taperai très prochainement les perles récoltées ces dernières semaines. Il y a un bail que je n'en ai mis en ligne.
Allez, au dodo avec le dernier Gavalda, maintenant !

4 janvier 2009

Au demeurant, c'est joli, une fouine

fouine

Comment vais-je faire ? C'est la question que je me posais faiblement hier, et la première qui m'est venue à l'esprit au réveil.
Parce que je me suis levée chaque matin des vacances entre 8h30 et 9h30 (chose qui ne m'arrive que rarement), je ne vois pas où je vais trouver la ressource demain de me lever à 6h20 et faire ma plus grosse journée de la semaine.

Comment vais-je faire pour :

  • Me lever ?
  • Me motiver pour faire cours aux STG et à la seconde frappée ?
  • Leur expliquer que leurs copies ont sommeillé durant 15 jours ?
  • Avoir le sourire et me forcer à prononcer le fameux "bonnannée" d'un bloc en ayant l'air d'y croire un tant soit peu ?
  • Etre prête avec mes cours que je bosse seulement depuis deux jours ?
  • Accepter d'aller en cours demain alors que mon arrêté n'a pas été renouvelé ?

Voilà mes interrogations et mes premières angoisses pour 2009.

Ah et puis je dois ranger mon linge, repasser, rendre à la cuisine un aspect sympathique. Bref, tout comme un mercredi, jour de "repos" (je sais, je l'ai bien cherché en ne faisant rien des vacances. Mais comme j'ai rêvé cette nuit que je giflais la Fouine en seconde frappée, je me dis que si je n'avais pas fait relâche, ce rêve aurait été prémonitoire...).

1 janvier 2009

Saint Xavier, priez pour nous

Les voeux éducatifs adressés à Darcos Vador à lire d'urgence sont ici : c'est drôle !

DARK_OS

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15 décembre 2008

Phrases du jour

Ce matin, les élèves de S étaient en commentaire composé sur table. Il s'agissait d'un extrait de Britannicus de Racine. Petitefemme, en me rendant sa copie, me dit avec les joues rouges :

_ J'y ai pris du plaisir !
_ Vraiment ?
_ Oh oui ! Je ne sais pas quelle note j'aurai, mais j'y ai pris beaucoup de plaisir !
_ Vous me sauvez ma journée, Petitefemme !

Et puis au début des trois heures, la meilleure élève de la classe me montre son carnet de liaison dans lequel était collée ma lettre aux parents (pour les rassurer, tout ça, parce qu'au conseil de classe j'ai eu droit à la liste de questions...). Elle est toute rouge de timidité et me sourit. Je lis rapidement ceci : "Merci pour tout. Nous avons confiance en vous". Je lui fais un grand sourire et la remercie au milieu du brouhaha. Grand sourire en réponse.

Ces deux moments ont sauvé ma journée, car j'ai un souci avec un élève de la seconde frappée qui se braque contre moi parce que "je me suis fait chier à lire ce bouquin et je me paye 5 !" et "ça sert à rien de prendre le cours".

Et j'ai mis une heure à rentrer au lieu de 30mn.

Mais je suis relativement de bonne humeur : mon changement d'air de ce we m'a été fort bénéfique, je crois. Au fait, pour les photos de Strasbourg, ce ne sera pas avant demain soir ou mercredi...

8 décembre 2008

One of my days

Levée à 6h30. Mal de gorge, fatigue.
Partie à 7h30.
Arrivée au lycée à 8h. Photocopies.
Début des cours à 8h30. Trois heures d'affilée.
Trou. Correction de copies. Photocopies. Déjeuner.  Discussion avec l'adjoint. Durée du remplacement, appels de parents pour le français.
Deux heures de cours avec la seconde frappée. Migraine.
Une heure d'attente pour un conseil.
Conseil à 17h30. Angoisse des parents en français sur l'EAF, la méthodologie, le remplacement, etc.
19h40 je sors du parking avec une mère d'élève.
10 heures de présence au lycée.
Revenue à la maison à 20h15. Faim.
Maintenant dodo. Suis épuisée.

2 décembre 2008

L'art pour l'art

picasso_Maya

Ce matin, ma super seconde m'a donné mal à la tête et m'a ôtée beaucoup d'énergie. On travaillait sur Zola et le genèse de son roman L'Oeuvre, portant sur un peintre en échec face à son génie. Je ne sais plus pourquoi ni comment mais l'un des meilleurs élèves me sort, sans aucune provocation, que l'art est une distraction, rien de plus. Qu'il nous suffit de boire, manger, dormir pour vivre, rien d'autre. Tout le reste est distraction.
J'ai bondi.
Ils étaient tous plus ou moins d'accord. Ils n'établissent aucun hiérarchie entre allumer la télé sur la star Ac' et composer une chanson, par exemple. Ou entre le dessin de leur petite soeur sur le frigo familial et un Picasso. C'est le principe du "tout se vaut". Ils ne sont pas vraiment fautifs, car c'est ce que la société leur balance à l'envi.
Mais je me suis sentie totalement inutile à ce moment précis. En échec, même. Car peu m'importe finalement qu'ils aiment ou non Manet, Zola et consorts : je veux juste qu'ils fassent la différence entre le talent des uns, et l'arnaque intellectuelle des autres. Qu'ils aient un sens critique. Une ouverture sur le monde. Une absence de passivité face à ce qu'on leur offre. Qu'ils reconnaissent le génie là où il est. Dans tous les domaines.
Pas entendre que l'art ne sert à rien, n'est pas vital comme manger ou boire. Nous ne sommes pas que des estomacs, bon sang !

29 novembre 2008

A couteaux tirés

laguiole

Ma journée d'hier fut, comment dire ? haute en couleurs...
Démarrage au matin avec la crainte d'être à nouveau trop juste dans mon timing mais la route se passe assez bien. Je suis chargée comme un bourricot, évidemment. Je fais mes photocopies, je file en cours avec les S pour achever ma séance musicale. Ils sont plus dissipés que d'habitude.
Je leur rends ensuite leur commentaire composé maison. J'explique les points faibles, les points forts, tout ça. A la fin des deux heures, deux élèves fort sérieuses m'attendent pour causer méthodologie et me parler de leurs craintes à cet égard. Nous causons pendant que je ferme la salle, que j'avance, parce que la seconde frappée m'attend et que je n'ai  que peu  de temps entre ces deux cours. La deuxième sonnerie retentit alors que je monte les dernières marches qui mènent au premier étage. J'arrive pile devant ma salle. Et là, je sens que rien ne va.
Les élèves sont d'habitude assez dispersés et agités, mais c'est autre chose qui se joue à ce moment-là. Un collègue est au milieu d'eux. Je devine la bagarre. Je m'engouffre dans la cohue. Plusieurs élèves me parlent; je ne comprends pas tout. Je vois Barracuda retenu par quatre camarades, les veines du cou saillantes, prêt à bondir. Surtout, il a du sang le long du visage.
Je cherche qui est son adversaire. Personne n'est dans un tel état d'exaltation ou d'énervement. Je regarde autour de moi, et je demande finalement ce qui se passe, un peu dans le vide. J'entends "C'est Girouette, madame !". Il était à côté de moi, d'un calme olympien. Je n'aurais jamais misé sur lui. Premier de la classe, compliments lors du conseil, bavard mais assez discret.

Je l'interroge, tout cela au milieu du brouhaha, de l'affolement, de la tension. Mon collègue gère Barracuda et écoute aussi.

_ Girouette, que s'est-il passé ?
_ Il m'a insulté, j'l'ai planté.
_ Quoi ?
_ J'l'ai planté.
_ Il y a une arme ?, en choeur avec mon collègue.
_ J'ai un couteau.

Aucune panique dans sa voix, aucune émotion apparente. A ce moment précis, la prof principale arrive (j'ai appris  plus tard qu'un élève était allé la chercher au moment de la bagarre). Elle embarque Girouette pendant que Barracuda est emmené à l'infirmerie.

Là, il a fallu que je me resaisisse : je devais prendre la classe et faire cours... Ils sont sonnés, trouvent que c'est grave (ouf !), sont relativement calmes. Mon cours est émaillé d'interventions de la PP pour avoir des témoins.

Fin du premier acte.

Après cette heure de cours étrange, j'avais un assez long trou. Je retrouve la PP en salle des profs, et j'en apprends plus... Les témoignages concordent sur plusieurs points. Entre le cours de math et celui de français, il a fallu que la classe traverse la passerelle, difficilement accessible à toute heure. Barracuda gênait Girouette. Ce dernier voulait passer. Barracuda lui sort une politesse du genre "Va te faire foutre" qui équivaut dans cette classe à "Désolé". Girouette rétorque par une tentative de coup de boule. Barracuda veut répliquer et se défendre mais il n'en a guère le temps : un couteau jaillit de nulle part par deux fois. La deuxième fois, Girouette attrape le menton de Barracuda et place le couteau au niveau de la jugulaire... Dans le feu de l'action et sans doute grâce à la force physique de Barracuda, le coup est manqué. La tempe et la nuque sont touchées. A partir de là, les trois profs dont je suis sont arrivés dans l'histoire.

Fin du deuxième acte.

Cet événement a pris environ trois minutes. Trois minutes où tout aurait pu basculer. Trois minutes où tout a basculé. Car finalement, viser la carotide, c'est vouloir tuer.

Mais une partie de l'administration veut étouffer l'affaire. Un tel acte dans un couloir de lycée est aberrant et très choquant. On a entendu "Il ne faut pas dramatiser" ou encore "Barracuda n'a qu'un strap, tout va bien" (il a été emmené par le Samu rapidement).

Pourtant, Girouette, selon son père, a des antécédents. On a su aussi qu'il se vantait auprès de ses camarades d'avoir massacré un homme à coups de marteau (vrai ou pas, on s'en fiche). Et le père de dire cette phrase étrange au téléphone : "Je croyais que c'était réglé..."

Un conseil de discipline est prévu pour savoir si Girouette reste parmi nous. L'exclure ne serait pas une solution, mais le garder non plus : il y aura des représailles, et les élèves de la classe ont peur. Et les profs que nous sommes sont dans la fosse tous les jours à devoir gérer des tensions déjà difficiles. Alors là...

On ne sait pas encore si les parents de Barracuda vont porter plainte. Il va y avoir une table ronde entre les parents et les deux enfants pour trouver une médiation. Sur le fond, c'est bien, mais on sait pertinemment que c'est parce que l'administration ne veut pas faire de vagues et enregistrer cette agression violente dans ses statistiques.
Par mesure de prévention, Girouette restera chez lui jusqu'au conseil de discipline.

Cet événement a provoqué beaucoup de discussions en salle des profs et a fait rejaillir pas mal de questions sans réponses.

L'après-midi, je retrouvais encore cette seconde frappée. Ils n'étaient plus sous le choc, et avaient réenclenché leur "dynamisme" épuisant.

Fin du troisième acte.

Après tout cela, j'ai enchaîné sur un conseil de classe de seconde très agréable : on aurait  dit qu'on parlait des bisounours. En comparaison du reste, c'est sûr...

Pour me détendre et parce que je l'avais prévu, je suis allée à une soirée Fnac adhérents mais je n'ai quasiment rien acheté sauf un coffret de Coldplay pour moi. La fatigue a sans doute joué sur mon entrain.

Allez savoir pourquoi...

24 novembre 2008

L'effet domino

domino

Ma journée a mal commencé : j'avais décidé de me mettre en jupe (je ne sais pas pourquoi, les jours de conseil de classe, j'ai besoin de ma sentir sûre de moi) mais mon collant était filé. J'ai donc dû changer et mettre des Dim up.
Clochette jouait avec le collant, moi je m'empêtrais et je perdais du temps. Je suis partie à 7h40 au lieu de 7h30.
Je ronchonnais déjà dans la voiture car j'avais des photocopies à faire de la liste des chansons et je voulais arriver tôt pour préparer mon poste, les cd, tout ça.

Mais c'était rêver éveillée : un accident sur l'autoroute a eu raison de mon timing. Il n'y a pas eu un matin où j'ai été mise en retard, et il a fallu que ça tombe ce matin, pour ma séance musicale.

Je suis arrivée à 8h27 pour... 8h30.

Et juste avant, sur le parking, en me garant, j'ai supposé une chose : que j'avais oublié mes clefs pour ouvrir mon casier et mes salles de classe.

Bingo, j'avais raison.

Donc je n'ai pas pu faire les photocopies,  et j'ai dû demander à ce que l'on m'ouvre la salle. Tout cela chargée comme un âne, évidemment, sinon ce n'était pas drôle.

J'ai donc débuté ma séance musicale rouge comme une écrevisse, légèrement en retard, avec quatre élèves absents. Je n'ai pas eu assez des deux heures et je devrai finir vendredi matin.

Comme à chaque fois face à ce genre de cours peu banal, les réactions sont variables. Il y a ceux que ça berce et qui dorment à moitié sur la table, ceux que ça indiffère et qui font leurs devoirs en même temps, ceux qui sont passionnés et qui en redemandent, ceux qui sont touchés et qui vivent cela à fleur de peau (une élève a pleuré sur "La chanson des vieux amants" de Brel...), ceux dont on ignore tout, ceux, ceux, ceux...

Je verrai vendredi les réactions moins à chaud, sans doute.

Ensuite, j'ai eu une heure de seconde (toujours avec le problème d'ouvrir la salle...), trois heures de trou durant lesquels j'ai rempli les cahiers de texte, corrigé deux trois copies, déjeuné, préparé mes moyennes. J'ai enchainé avec une heure de seconde frappée juste avant leur conseil : cinq retards, des devoirs non faits, du brouhaha, un délégué insolent qui a manqué de prendre la porte... Bilan : un fond de mal de tête lancinant.

Vint le conseil haut en couleurs de deux heures. et je suis enfin rentrée, à 18h10. J'ai enfin pu retirer mes bas qui me compressaient les cuisses.

Tant pis pour le tir ce soir : je dois gérer ma fatigue au mieux, et demain mon programme ressemblera beaucoup à celui d'aujourd'hui.

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