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Prof et plus si affinités
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Prof et plus si affinités
blues
27 mars 2012

Comme un animal blessé

Comme a si joliment résumé Dolly ce matin, je lèche mes plaies. Et je le fais bien.

Evacuation d'une grande colère hier au parc : tronc d'arbre mort qui en a pris pour son grade; coups de poing; pensées jaillissantes; phrases torturées et incisives; pleurs; longue marche rapide.

Prise de recul parfaite sur mon environnement aujourd'hui.

Pourvu que cela dure.

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26 mars 2012

Pastéis de nata

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Après un voyage en car de vingt-six heures, trois nuits de neuf heures, quelques larmes, deux spectacles, et des plats de légumes réconfortants, je reviens un peu par ici. Inutile de dire que rater l'admissibilité n'était pas dans mes projets. Le plus dur, c'est qu'Asa l'a eue. Je suis traversée par mille pensées et sentiments contradictoires, que je tâche d'assumer pour ne pas les garder en moi et qu'ils pourrissent sur pied...

Pour l'instant, je n'ai guère envie d'en dire plus : l'ensemble manque de clarté. Disons que je dois essayer d'oublier les gens autour et les opinions que je leur attribue sur moi, pour me recentrer sur moi-même. Le retour au lycée cette semaine me fait peur, en fait. Je me sens fragilisée.

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A part ça, le voyage sur Lisbonne s'est bien passé : pas d'incidents graves, pas de pertes humaines, rien de catastrophique. Nos quarante-deux adolescents étaient majoritairement très bien, hormis quelques exceptions, ce qui est naturel. Les journées étaient chargées côté profs, et nous étions bien fatigués après ces quelques jours sous le soleil portugais, mais cela en valait la peine. J'ai beaucoup aimé la ville et ses environs. Le style manuélin est splendide. Et j'ai évidemment goûté aux pâtisseries fameuses de Belém.

DSC_0805

Demain, je retournerai en cours avec le coeur lourd de beaucoup de choses : l'agreg ratée, le retour de Flûtine chez elle, un kilo pris au Portugal, la crainte de devoir affronter les abrutis de service...

En attendant, donc, je vais préparer mes cours, et poursuivre ma liste de projets divers et variés pour les mois à venir.

 

12 février 2012

Because

Une vilaine semaine longue comme un tunnel, avec des déceptions, des trahisons, des pièges, des désillusions, beaucoup de fatigue et des larmes de rage et d'impuissance.

I'll be back soon, dès que j'en aurai l'énergie, promis.

2 juillet 2011

Là où sont mes pieds, je suis à ma place.

Ouhlala, comme la fatigue me joue des tours en ce moment ! Des cauchemars qui me font crier, le discours pour mon collègue Grand Chef baigné de larmes, des copies de Bac qui me mettent dans un état très border line, une fête de fin d'année qui ne semble pas si joyeuse que ça...

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Une petite image kistch

Mais j'étais quand même "déguisée" en petite squaw, avec un arc traditionnel en main, un collier de perles sur le front (qui a fasciné mon proviseur, je crois), une robe noire, un cordon de ceinture avec une toute petite plume, et un collier avec des sortes de clochettes au bout. Dès le titre de ma bafouille, je me suis mise à pleurer, ce qui n'était pas du tout prévu. Et apparemment, j'ai bien failli faire pleurer l'assemblée. Grand Chef était très ému. A la fin, me prenant dans ses bras, alors que je m'épongeais sur son t-shirt, il m'a dit en pleurant lui aussi : "Je suis content que ce soit toi qui aies fait ça !" Et moi de lui répondre : "Tu voyais quelqu'un d'autre en indienne, franchement ?"
Alors nous avons ri et pleuré en même temps.

Pour répondre à vos questions concernant le cherokee, j'ai effectué une recherche sur le net et j'ai trouvé des mots dans cette langue, que j'ai retranscrits dans mon discours. Il y en a de très beaux : asgaya/femme, agehya/homme, dideloquasdi/école, tawodi/faucon, etc. Je ne m'étais pas trouvé de nom indien chouette, c'est dommage.

Je ne suis pas partie très tard, parce que la fatigue se faisait sentir; parce que je sentais aussi que tout le monde s'inquiétait pour l'année prochaine, en tâchant d'oublier celle qui vient de finir; parce que je savais aussi que je devais entamer mon paquet de  56 copies aujourd'hui.

Dans la journée, j'ai corrigé TOUTES les questions de corpus. J'ai trié les travaux d'écriture : 31 commentaires, 8 inventions, 17 dissertations. Je pense  corriger demain le maximum de ces dernières. Je dois tout rendre jeudi matin, à 10h. Sans être très fort en maths, on comprend rapidement qu'il faut au moins douze copies quotidiennes pour s'en sortir...

Et là, je n'en peux plus de cette année. De la souffrance de la fin. De la marche agrégative ratée de peu. De la vie sociale réduite à cause du boulot. De la séparation géographique avec Flûtine. Des aller-retour à Sousse-Perpète pour les oraux. Des tensions qui émergent au lycée.
Ce matin, au-dessus de mon paquet sans fin, j'ai failli craquer. Et puis non. Comme d'habitude.

Tenez, un cadeau pour la fin : un proverbe amérindien que j'ai glissé dans mon intervention pour Grand Chef : "L'amitié entre deux personnes dépend de la patience de chacun".

27 mai 2011

Y croire encore

Ce soir, je suis lasse. Pas vraiment désabusée, non. Lasse.
Aujourd'hui, juste avant 11h, j'ai craqué. J'ai tenu bon devant les élèves, et puis j'ai pleuré avant de faire entrer la classe suivante. J'ai pleuré de rage, d'impuissance. Impression de n'avoir rien apporté à ces gamins aux vies lourdes, aux idées étroites.
Nous travaillions sur un texte de Maupassant, "Rose". Et ça a dérapé, sans trop savoir pourquoi : tout est bon pour eux. J'ai supporté vaillamment un concert de propos racistes, antisémites et homophobes de "ma" seconde. Environ une quinzaine d'élèves auxquels je tentais de répondre point par point, que je voulais ramener à un véritable discours cohérent et réfléchi.
En vain.

racisme1

Alors je me suis assise, j'ai pris ma tête entre mes mains, et j'ai attendu quelques instants. Le chaos s'est amoindri. J'ai lancé, d'un ton lugubre et la voix serrée : "Vos propos me donnent envie de vomir. Vomir. Ce n'est pas une métaphore."
J'ai tenté de leur faire comprendre mon sentiment d'échec pédagogique après neuf mois de travail ensemble. De leur montrer que non, on ne peut pas lancer de telles phrases sans penser aux conséquences et sans les assumer. De leur dire que le racisme, tout racisme (même celui que j'ai subi quand j'étais adolescente, le racisme anti-blanc, et auquel ils ne veulent croire) est condamné par la loi et que ce n'est pas qu'une opinion. Que je voudrais les sortir de leur prisme, ou plutôt leur montrer qu'il y a des centaines de prismes possibles pour regarder le monde. J'avais la gorge serrée. Ils l'ont senti : quand la sonnerie a retenti, ils n'ont pas osé bouger.
D'un geste vague de la main, j'ai murmuré "Sortez..." Une petite élève toute gentille a trainé volontairement pour être la dernière : "... ça va aller, madame ?"
C'est à ce moment-là qu'une boule de larmes est remontée. J'ai fait un signe et opiné pour qu'elle s'en aille, mais elle a bien compris. J'ai tourné la tête à l'opposé de la porte, et j'ai pleuré.
Il a bien fallu enchainer avec un cours de première. Une heure plus tard, j'étais à la cantine avec des collègues, pleurant encore. Heureusement, j'ai la chance d'être dans un établissement où je peux me permettre cela sans être jugée, au contraire. Ils me soutenaient tous, et tentaient de me faire prendre du recul. Nous sommes impuissants face aux difficultés que nous rencontrons.

Ce soir, je suis lasse. Mais pas découragée. Je continuerai à me battre contre toutes les formes d'intolérance en cours. Mais diable, quelle énergie cela prend...

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24 avril 2011

Rebilloter : se remettre en cause quand on a la tête sur le billot.

Je pensais que cette histoire de dépression post agreg était exagérée. Mais si je dois être honnête, je crois bien en passer par là. J'ai peu envie de causer, je m'oblige à sortir et à me préparer, je fais la sieste à cause d'une fatigue lancinante, je ne parviens pas à travailler pour le lycée.

Je tente de ne pas voir cette non-admission comme un échec, et pourtant. Pourtant ce ratage fait remonter à la surface de nombreux souvenirs et des sentiments sombres du passé.

Les humiliations quotidiennes de la classe prépa pendant deux ans. La copie de spécialité philo sur laquelle le prof avait noté : "Vous feriez mieux de planter des poireaux que de faire de la philosophie".

Ma soutenance de mémoire avec une peau de vache qui commence l'entretien par "C'est de vous ?" avec un mouvement méprisant de menton vers mon travail, et qui achève la soutenance par :

_ Vous envisagez quoi, après ?
_ Passer le capes, et peut-être l'agrégation.
_ Le capes à la rigueur, et ça sera difficile. L'agrégation, oubliez.

Le Viking, mon seul ex masculin, qui m'avait lancé, alors que je lui annonçais que je passais en khâgne : "Avec tes notes ? Ils te laissent passer avec de telles notes ?"

Tous les collègues et chefs d'établissement qui me regardaient de haut ou ne me voyaient pas car j'étais "seulement" TZR, et qui ignoraient pour beaucoup que le T signifie "titulaire".

C., qui pensait que je l'avais trahie en faisant une khâgne de philo plutôt que de lettres.

J'en oublie sans doute. Et puis injustement je ne mentionne pas tous ceux qui ont crû ou croient en moi. Leurs mots se gravent moins en mon esprit que les reproches et les humiliations des autres.
Alors j'aurais voulu l'avoir, cette agrégation, juste pour prouver une fois que je pouvais viser l'excellence intellectuelle. Réussir brillamment. (J'ai décroché le capes dans des conditions équivalentes, alors que j'étais à plein temps, mais vraiment sans "briller" : je suis arrivée ric rac en bas de la liste des admis)

J'appréhende beaucoup la reprise au lycée, de fait. Dire et redire "Non, je ne l'ai pas eue". Sans rentrer dans les détails, sans chercher à me justifier.

Bon sang, j'ai beau savoir au fond de moi que je vais sans doute repiquer une année, je n'ai pour l'instant aucune énergie, aucune motivation réelle, aucune foi !

J'ai juste envie de repartir sur les chemins, d'avoir de véritables vacances avant de reprendre, d'avoir une maison avec un jardin, Flûtine près de moi tout le temps.

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20 avril 2011

Désagrégée ?

Je me demande depuis ce matin si je dois faire une entrée sur le blog. D'un côté, je suis dans une telle période de doute que je n'ose tapoter quelques mots indécis; de l'autre, je ne veux pas non plus que l'on me pense au 36ème dessous.

Depuis lundi, je suis passée -et je passe encore, d'une heure à l'autre- par différents stades (cette phrase ne veut rien dire, j'en ai conscience) et surtout par de multiples sentiments et impressions.

En premier lieu, la douleur. La vexation. La déception. Je pleurais devant l'écran d'ordinateur, surtout à la vue des notes de l'oral, que je n'ai pas envie de mentionner ici. Une incompréhension totale de ces dernières, alors que mon estimation sur l'écrit était correcte.
Vivre au rythme de l'agrégation pendant des semaines, aller vaillamment aux oraux, en ressortir en pensant avoir joué le jeu honorablement, et se retrouver avec des notes minables, c'est dur à encaisser en quelques secondes.

Puis, il y a eu la colère, un petit peu. Justement à cause de cette simplicité qui m'est propre et qui ne sert à rien, apparemment, à l'oral de l'agrégation.

L'honnêteté a pris le dessus : je ne suis pas au niveau à l'oral, soit. Mais pourquoi ? C'est ce qui me turlupine depuis lundi. Et j'aurai difficilement des réponses. Je vais débriefer tout cela avec Tinette samedi, en tâchant de ne pas pleurer.

Hier, en rentrant de chez Flûtine, j'ai beaucoup réfléchi en conduisant. J'ai tenté de revenir à la source : pourquoi ai-je voulu passer l'agrégation ? Pour me "rafraichir" intellectuellement, surtout. Et surtout pour moi, pour le plaisir de redevenir étudiante alors que je suis en poste. Il fallait donc revenir à l'essentiel, et l'essentiel n'était pas de l'avoir. L'admissibilité était un cadeau, une aubaine, qui m'a permis d'y croire et donc d'espérer. Oui, j'y croyais. Naïvement, sans doute.

Maintenant, je tâche de me raccrocher au positif. L'admissibilité, justement. L'expérience gagnée. Les connaissances acquises. Pourtant, je crains le retour au lycée et la systématique question sur mon admission ou non. J'espère parvenir à un état plus serein d'ici une semaine, et surtout croire à ces points positifs; ne pas tomber dans le regret et la déception. Je ne fais aucune distinction entre mes collègues certifiés et agrégés. Je sais que certains le font plutôt deux fois qu'une. Mais je ne suis pas moins bonne prof malgré ma note d'explication de texte sur Montaigne. Sans l'agrégation, je reste à 18h de cours et mon salaire est le même. Voilà tout. (C'est décousu, cette entrée : comme mes pensées)

Vos commentaires ici et là m'ont fait du bien : les lire m'a permis aussi de revenir à ce qui compte et de prendre légèrement conscience de l'exploit de l'admissibilité du premier coup. Je vais me raccrocher à cela.

Et maintenant je suis groggy, assez perdue. Je ne sais que faire pour l'année prochaine. J'ai du mal à trancher, à être motivée pour repasser le concours. Je sais qu'il serait bon d'enchainer. Et pourtant, j'ai des envies personnelles, culturelles, voire sportives, auxquelles je ne veux renoncer encore pendant des mois.

Indécise, je vous disais, indécise...

 

18 avril 2011

Pour l'instant, c'est dur

Je sais depuis midi que je suis "refusée".
Mes notes d'écrit correspondent à mes attentes, mais celles de l'oral sont incompréhensibles.
Je reviendrai demain ou mercredi sur le blog car je n'ai pas mon ordinateur (l'iPhone a ses limites) et parce que je dois avaler un peu la pilule...
A très vite quand même.

9 mars 2011

Gadalouzer : prendre conscience d'une mauvaise nouvelle avec du retard.

Avant de ranger un peu l'appartement en vue de l'arrivée de Flûtine demain, je passe ici, sans trop savoir comment présenter mon état actuel.

Je reviens de la fac, là, après trois heures de grammaire sur Rimbaud. J'ai eu cinq heures de cours ce matin, comme chaque mercredi depuis septembre. J'ai entamé le visionnage d'un film en ECJS : La Journée de la jupe. Ce qui me fait frissonner ou me raidit, fait rire franchement certains élèves.
En deux jours de cours, j'ai confisqué trois portables.
Lundi, lors du conseil de "ma" classe de seconde, nous avons distribué sur 30 élèves : 23 avertissements (conduite, absence, travail cumulés); 20 suggestions de réorientation ou redoublement; 4 encouragements seulement. En français, on débute à 2,3 de moyenne.
La classe cumule pour ce trimestre 413 demies journées d'absence. Même après cette douche froide, les élèves restent égaux à eux mêmes. J'en ai même renvoyé un ce matin, ce qui est rare pour moi. Je ne le supportais plus.

D'un autre côté, je suis à cran, bien plus que je ne le crois sans doute : lundi, avant mon conseil, j'ai appris qu'un poste  de 18 heures allait être supprimé en lettres à la rentrée prochaine. Comme je suis la dernière arrivée, je suis la première concernée. Le lendemain matin, je suis venue à la réunion sur la DHG (à 8h alors que je commençais à 11h). Avec le sourire, mais de façon inattendue pour le proviseur, j'ai demandé si j'avais la tête sur le billot. Sa réponse n'a pas été du tout claire.
Si l'on me forçait à quitter Lycéedésiré, ce serait une catastrophe pour moi. J'y ai des amis, je m'y sens bien, il est proche de chez moi, et ce n'est pas un collège. Dans le doute complet (on souffle le chaud et le froid d'un collègue à l'autre), je commence à être tendue.

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Et puis les résultats de l'agreg sont dans une semaine pile, alors cela n'arrange rien, forcément. Je constate juste que les agrégatifs se réduisent à une peau de chagrin, et qu'ils sont tous aussi broyés que moi -comme des grains de café.

Du coup, cette nuit, j'ai rêvé (cauchemardé ?) de mon proviseur. Je me sens épuisée : j'ai dormi assise cet après-midi. Je ne parviens à finir ce maudit Chant général de Neruda. Ni à entamer une autre lecture d'agreg.

Bref, j'ai un petit coup au moral, même si je me sens encore solide -pour l'instant.

15 février 2011

J'ai l'âme slave

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Je lis actuellement Anna Akhmatova, que je ne connaissais pas avant l'agrégation, je le reconnais. Sa vie à elle seule est déjà une aventure, une douleur, à la mesure d'autres auteurs russes qui ont subi les régimes totalitaires bien connus de ce pays. Quant à son écriture, elle est très... russe. Je ne sais comment dire cela autrement. J'ai toujours eu du mal avec les romans de Dostoievski ou les pièces de Tchekhov mais je reconnais l'aspect torturé, l'ambiance pesante, les silences, la cruauté, la beauté qui se mêlent dans ces pages. Akhmatova, c'est pareil. C'est très russe. Et le quart de Polonaise que je suis tente (comme si nous étions encore à l'époque des théories génétiques fumeuses : comment le sang pourrait-il transmettre une culture ? Pfff, n'importe quoi, moi !) de s'y plonger.
D'autant que ces derniers jours, je ne me sens pas au mieux de ma forme psychologique. Ce matin, j'ai insulté Conforama et tous ses saints en effectuant le montage hasardeux d'un meuble... Car j'essaye d'améliorer mon quotidien et ma santé mentale en réaménageant, dans la mesure de mes possibilités, certaines parties de mon appartement. Je pleure aussi facilement. Je m'endors en lisant l'après-midi. J'étouffe.
Je n'ai qu'une envie : souffler. Etre dans les bras de Flûtine, en silence. Tant de mots, parfois, m'épuisent. Les mots des livres du programme, les citations à apprendre, mes propres mots en cours, la répétition, les mots vains, les discussions plates, les mots inutiles de la plupart de mes cours de fac, les mots vides des mails commerciaux, et tous les autres.

Et pourtant. Pourtant il est bon se s'y lover dans les transports, en oubliant l'agitation ambiante. J'ai fait cela hier avec Akhmatova. Une sorte de bulle, un espace feutré offert à moi, même si elle dit la souffrance de la solitude, de la censure, de la violence.

Je lutte contre mes anciens démons, ceux que certains ont lu ici parfois -souvent. L'image de soi sur un plan intellectuel est beaucoup au centre de mes tourments. J'ai beau savoir que je ne dois rien espérer de l'agrégation, que je ne dois pas en attendre un changement quelconque, j'y accorde bien plus d'importance que je n'aurais cru.
J'ai, pendant des années, chercher à me tirer une balle dans le pied pour que ce que je suis corresponde à ce que je crois être. C'est-à-dire une fille banale, pas bien brillante, besogneuse mais pas une lumière.
Cependant, de façon paradoxale, je n'arborais comme seule valeur, comme seule qualité, que ma culture. Forcément, le concours me ramène au point zéro : je ne sais pas grand-chose. Tinette me disait il y a peu de temps que passer l'agrégation dans ces conditions et à mon âge, c'était l'équivalent d'une psychanalyse. Je confirme que je suis retournée comme une crêpe, et bien plus chamboulée que prévu (l'avais-je même prévu ?).

Alors imaginez mon état actuel, face aux pronostics de l'écrit... Scenarii divers et variés :

1) Je ne suis pas admissible.
Je n'aurai pas assez de recul pour me dire que ce n'est pas bien grave, que "c'est déjà un honneur que d'être nominée", une belle performance, une riche expérience, blablabla. Car il y aura le regard de Flûtine, celui de Tinette, celui de Comtesse, celui d'Asa, celui de et de et de (et le vôtre !)... En tout cas, le regard que je leur/vous imagine. Et je me conforterai dans ce que j'ai toujours cru : ne pas être bien douée.

2) Je suis admissible mais je ne décroche pas l'agreg.
Encore pire, peut-être. Regret de ne pas avoir saisi ma chance, surtout avec un sujet de didactique taillé sur mesure (ça n'arrive pas deux années de suite). La "place du con", comme en sport, quand on est au pied du podium, quatrième. La honte d'avoir échoué si près. La gêne de mon entourage sans doute. La réjouissance de certains collègues jaloux, qui eux aussi se sont plantés de la même façon. Ma crainte d'avoir fait exprès de rater l'oral.

3) Je suis admissible puis admise.
Je penserai qu'il s'agit d'une erreur. Le niveau était vraiment bas, cette année. Et puis, une fois que j'aurais admis le fait que oui, je suis agrégée, il faudra que je m'adapte à ce nouveau moi qui accepte de réussir, même dans des conditions peu évidentes (plein temps, formation pas extraordinaire).

Tout est là, en fait : j'ai tellement changé en un an, qu'il s'agisse du plan physique ou mental, que je suis perdue. Je ne me reconnais plus vraiment. Les spectres refont surface sans doute parce que je ressens une fatigue de coureuse de fond, que l'échéance des résultats approche, et puis, allez savoir à quoi tout cela tient. Des idées ?

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