Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Prof et plus si affinités
Archives
Prof et plus si affinités
blues
1 novembre 2009

Charbonneuse

charbon

Il y a des jours où je vois tout en gris. Gris souris, gris cendré, gris tout court.
Après une nuit de cauchemars assez terribles et de réveils en sursaut, j'ai décidé de m'attaquer enfin au travail à faire pour le lycée. Les bras m'en tombent tant cela me paraît énorme. Je ne parle pas des copies, qui sont finalement monnaie courante dans notre métier. Mais plutôt de ces fameuses sorties au théâtre qui me bloquent totalement. Je me sens ridicule et dépassée. Inapte. J'ai enfin envoyé un mail à la responsable du théâtre local, mais cela ne m'avance guère : je dois choisir une pièce obligatoire pour chaque classe de première, avec en sus une autre pour les volontaires. Je ne sais pas de combien le lycée pourra aider, ni s'il reste un peu de budget pour mes classes.
Mes collègues ont prévu en gros huit sorties (!) comme une fleur, alors que j'en suis toujours au point mort. Je sais que je vais lutter avec certains élèves, pour qui cette dépense sera scandaleuse. Je suis donc toujours dans le flou total, et mon inaptitude à préparer tout cela annihile mon énergie. Il y a des moments où j'aurais envie d'en pleurer, car je ne supporte pas de ne rien maîtriser...

Pour la seconde, pas de théâtre en vue avec moi, mais je voudrais les emmener très vite au musée d'Orsay avant que les travaux ne commencent (et que certaines toiles ne partent aux quatre coins du monde mi décembre). Cela aussi, je dois l'organiser...

Ensuite, j'ai trois contrôles de lecture à préparer, dont un qui me laisse perplexe. Je dois prévoir le planning des oraux d'entraînement pour novembre, tout en sachant que certains élèves vont se défiler, et que cela tombera soit sur mes jours de repos, soit le matin tôt ou tard l'après-midi.

Reste encore l'intervention contre l'homophobie à prévoir et à lancer, et, évidemment, les cours sur le théâtre à prévoir, les paquets de copies de type Bac à corriger, les notes à rentrer sur le logiciel des moyennes...

Et puis là, la pluie cogne contre mes vitres. J'aperçois à peine les tours de la Défense au loin. Je porte un simili pyjama d'intérieur, avec une grosse polaire peu flatteuse. Je vais remanger des piccolini ce midi, avant de réattaquer mes cours.

Journée grise. Vert-de-gris.  Au charbon.

Publicité
31 octobre 2009

Scorpions

piccolini

Clochette a la tête couchée sur les pattes avant du gentil noiraud. La télé est évidemment éteinte. J'ai mangé des piccolini  mini farfalle pour les enfants au roquefort, agrémentés d'un demi verre de vin blanc -reste du repas de samedi dernier. Entre régression et âge adulte, quoi.
Là, je mâchonne des bonbons halloween. La cuisine est en désordre. Un peu comme mon esprit. La nuit dernière a été pénible et douloureuse. Du coup, j'ai été assez molle dans mes démarches shoppinesques avec Micahuète aujourd'hui. La preuve, nous n'avons RIEN acheté du tout, l'une comme l'autre -c'est dire.
Heureusement, nous nous sommes délectées d'un délicieux japonais (l'un de mes deux préférés) le midi.
Au retour, vers 16h, j'étais décidée à faire la sieste puisque j'avais failli m'endormir dans le train. Mais rien à faire.
Demain, je tâcherai de me noyer dans le boulot, au milieu d'une journée morne, grise, froide, triste.

***

Il y a très longtemps, quelques jours après la mort de mon père, je suis tombée sur une cassette audio qu'il utilisait pour enregistrer à la va vite, comme nous pouvions en ce temps-là, des chansons qu'il entendait à la radio. Je m'étais effondrée, en larmes, agenouillée par terre, en tombant sur celle-ci, non seulement parce qu'elle est belle, mais aussi parce que je me suis dit à ce moment-là que j'ignorais beaucoup de lui, et que je ne saurais jamais ce qu'il aimait en cette musique, lui, l'amateur des grandes orgues de Notre-Dame... Il y avait aussi Kim Wilde...
Que de silences à jamais vides...

30 octobre 2009

Et c'est le temps qui court...

Depuis le début des vacances, je ne parviens pas à dormir moins de neuf heures par nuit. Et c'est un léger souci pour moi. En effet, je n'aime pas me lever tard, car j'ai l'impression de perdre ma matinée (ce qui me semble vrai ces derniers jours). En plus, je prends tout mon temps pour le petit-déjeuner, ce qui n'arrange rien à l'affaire.
Et si je continue ainsi, les levers matinaux pour le lycée vont s'avérer encore plus ardus qu'auparavant... Certes, l'actifed et le sirop contre la toux doivent alimenter ce sommeil massif. Mais quand même, cela m'agace quelque peu.
D'autant que je n'ai toujours pas ouvert un cahier, un livre ou une copie pour la rentrée... Et ça, c'est réellement flippant.

pendule

A part ça, je constate que nous allons avoir un vrai temps de Toussaint ce week-end. Evidemment.
Et j'ai pris conscience du changement d'heure hier seulement : la nuit est tombée lentement alors que je m'occupais de mes jardinières, vers 17h30-18h.

Ce matin, le ciel est totalement voilé. Je vois à peine la Défense. C'est un ciel blanc-gris. Le même à peu de choses près qu'il y a quinze ans -seize ans demain.

22 octobre 2009

La lumière du vide

Je crois qu'outre le manque de temps certain, je n'ai pas écrit depuis deux jours ici parce que j'aimais à me voir petite fille, au milieu de ce texte. Encore au centre de la pièce...
Mais il faut bien avancer. Encore et toujours. C'est usant, je trouve. Faire comme si on allait, faire comme si on savait encore le bonheur, la joie, faire comme si la douleur s'estompait...
Je vois S. plongée dans celle-ci, et je retrouve d'une certaine façon ce que j'ai vécu il y a un peu plus de quinze ans. Nos stigmates sont différents, notre deuil aussi -chaque deuil l'est-, mais c'est toujours, pour qui sait voir, la chair qui trinque, le corps qui dit la douleur à l'intérieur. Les yeux, la peau, la maigreur, les rondeurs, peu importe : rien ne ment.

DSC_0004

Le vide occupe tout l'espace, alors.

Je ne sais que vous dire d'autre, là, ce matin. Je ne suis pas "que" dans ces angoisses et cette tristesse, même si elles ont la première place. Il y a aussi le vide sentimental subi/choisi, le côté je-suis-débordée-au-lycée et je m'y prends mal pour organiser des sorties (je ne sais ni n'ose faire), et puis le temps qu'il faut pour ranger l'appartement alors que je vis seule, organiser ma soirée de samedi...

Allez, je vais commencer le ménage pour cesser de geindre. Cela me sera toujours plus utile.

19 octobre 2009

Remember the time

Ce que Papistache m'a gentiment demander de faire est loin d'être évident pour moi : je n'ai guère de souvenirs avant mes sept ou huit ans. Je sais plus ou moins pourquoi, d'ailleurs. Alors évoquer "mon plus ancien souvenir" relève du défi...

Moi_petite

J'ai peut-être cinq ans. Ou un peu moins. Le matin, nous sommes allées ma mère et moi voir quelqu'un en blouse blanche qui m'a fait une piqûre. Je déteste les piqûres. Mais j'ai été courageuse, paraît-il. Enfin, c'est le souvenir que j'en ai. Peut-être n'y a-t-il aucune piqûre dans cette histoire. Je ne le saurai jamais.
Je n'ai aucune idée de ce que j'ai pu faire durant la journée. Arrive le soir. Ma mère prépare à manger (une soupe ? ça sent les légumes) et s'active en cuisine.
Je suis assise confortablement par terre dans l'entrée, au carrefour de toutes les pièces. Je vois ma mère à droite, ma chambre un peu derrière moi sur la gauche, la porte d'entrée face à moi. Je joue avec une poupée ou un nounours. Ou autre chose. Je n'ai jamais été très poupées, pour une fille (vive les clichés).

Je me sens comme une héroïne. J'ai sans doute un pansement depuis le matin. Je n'ai plus mal.

La lumière est très jaune autour de moi. J'ai l'impression qu'il est tard. On attend, je le sens bien.

Soudain, des clefs dans la porte d'entrée. Cet homme immense, brun, au menton qui râpe un peu, semble content de me voir. Je sais qu'il est beau. Mais je refuse de l'admettre. Il demande comment s'est passée la piqûre. Evidemment, il le sait déjà car il adore le téléphone. Mais je l'ignore encore à mon âge. Il se baisse vers moi. Je ne sais plus s'il m'a prise dans ses bras. Mais en moi-même, je me dis, avec mes mots d'enfants, basés sur des impressions : "Il est étranger. Il est trop brun. Il vient d'un autre pays. Et moi je ne lui ressemble pas."

Je trouve qu'il nous dérange, ma mère et moi. Nous étions dans la quiétude du soir, avec l'odeur des légumes, la lumière jaune, mes jouets, et moi au centre de tout.

Ce soir-là, j'ai dû comprendre beaucoup de choses.

Cet homme, c'était mon père.

Cet homme, c'était mon père, celui qui m'a élevée, acceptée, adoptée.

Cet homme, c'est celui qui a refusé d'avoir d'autres enfants pour ne pas faire de différences.

Cet homme, c'est celui qui m'a donné son nom.

J'ai su tout cela bien tard, alors que je n'étais plus en âge de jouer, assise dans l'entrée, dans la quiétude du foyer.

Cet homme nous a donné un foyer. Un lieu chaud et rassurant.

Je l'ignorais, à quatre ou cinq ans. J'ai commencé à lui ressembler très vite. Et deux ans après sa mort, alors que j'avais moins de vingt ans, j'ai compris qu'il m'avait laissée petite fille, perdue sans lui, au milieu de l'entrée.

Je trouve qu'il fait froid, depuis.

Moi_petite_invers_e

Publicité
18 octobre 2009

Procrastination

DSCF3581

Musée d'Orsay, fin septembre 2009

J'aurais dû, j'aurais dû écrire un peu sur le blog aujourd'hui, oui. Au lieu de cela, j'ai jeté quelques photos de paysages citadins ce matin.
Alors demain, je tâcherai de raconter ma première fête au lycée, mes copies, ma soirée entre filles qui approche, et puis, à la demande de Papistache, peut-être, oui peut-être, écrirai-je mon plus ancien souvenir... Qui sait ?

10 octobre 2009

A l'ouest, du nouveau.

rails


Je m'enfuis dans une heure vers l'ouest, vers la mer.
Je m'enfouis dans le train, copies à la main.
Je m'engouffre dans l'air marin.
Je m'enfonce les écouteurs dans les oreilles.
Je m'enfuis.
Jusqu'à lundi.
D'ici-là, un peu d'embruns virtuels, peut-être...

9 octobre 2009

Pourquoi tant de haine ? *

bon_colere

A écouter

Il y a des jours, comme ça, où l'on rentre en se disant qu'on ne sert pas à grand-chose, pourtant le fil tendu ne s'est pas brisé et ce n'est déjà pas mal.
Il y a des jours où l'on se demande si on a bien fait, bien dit, bien réagi.
Il y a des jours où l'on rentre en se demandant pourquoi il y a tant de haine enfouie en les autres, et pourquoi ma colère ne surgit pas, elle. Pourquoi je la contrôle parfaitement depuis des années. Des années trop longues pour être vraiment comptées.
Pourquoi cet élève détourne le regard par affront, et pense que je le prends pour un demeuré. Pourquoi il est toujours sur la défensive, et considère que ce mode de fonctionnement est la "normalité".
Pourquoi ce furoncle vivant sur son scooter a fait demi tour pour venir taper violemment ma vitre de voiture, devant le commissariat.
Pourquoi il voulait ma peau. Pourquoi je suis restée calme, lui disant d'un ton neutre, avec un demi sourire aux lèvres : "Ce n'est pas moi qui m'énerve, c'est vous." Et j'ai redémarré, pensant l'espace d'un instant qu'il allait me suivre jusqu'à la rue d'après - jusqu'à chez moi, donc.
Il y a des jours où  j'ai l'impression de donner beaucoup de moi au travail, dans la vie, et où je me positionne au-dessus du lot, de façon sans doute injuste : le facteur qui dépose un colis sur le paillasson d'un voisin, alors qu'il m'est adressé; le proviseur qui enterre l'affaire; des élèves qui sont de mauvaise foi et refusent de travailler; des collègues qui refusent d'affronter les élèves... L'incompétence a toujours été inacceptable à mes yeux. L'exigence que je me porte, je l'attends des autres. Grossière erreur, que je ne parviens pas à corriger.
La moitié de la classe de STG ne m'a pas attendue plus de trois minutes ce matin : ils sont partis. Puis revenus deux heures plus tard, comme des fleurs. Alors que moi, j'attends. Je suis experte, en attente. D'une patience infinie.
Il y a des jours que l'on aimerait recommencer, peut-être pour faire autrement. Ou pour bien les enregistrer, et garder un peu d'amour en soi, beaucoup de patience, énormément de foi en ce que l'on fait.

Vous m'y aidez un peu, en me lisant.

* Etonnante coïncidence en cette journée d'attribution du prix Nobel de la paix...

3 octobre 2009

Les Experts Paris

Par quoi commencer ? Mon état de fatigue morale et ma déception, peut-être. Ou encore ma naïveté. Ou plutôt les faits. Oui, les faits, car sinon vous ne comprendrez rien...

Hier, outre le fait qu’une partie de la STG se faisait insolente de façon exceptionnelle durant mon heure de cours en classe entière, un petit paquet a émergé de nulle part vers 15h40. Une élève me l’a signalé, en m’annonçant qu’on lui avait envoyé quelque chose.

Le paquet se trouvait par terre, entre la rangée de droite et celle du milieu, face à moi. Une seconde élève l’a ramassé, et a lu qu’il m’était destiné. Elle a suggéré de le jeter, ce à quoi j’ai rétorqué que je voulais le récupérer. J’ai entendu quelqu’un dire «Si c’est un cadeau pour Mme Virgibri, il faut lui donner ».

J'ai eu la présence d'esprit de ne pas ouvrir le paquet, l’ai posé sur mon bureau, et j’ai tenté de finir le cours. Ils étaient très agités, et je ne voulais trop m’attarder sur cet envoi, d’autant qu’étant de face, je n’ai rien vu voler : cela signifie donc que le paquet est passé entre plusieurs mains avant d’atterrir par terre. J’ai eu ensuite une légère altercation avec le Mou de la classe, et d’autres élèves m’ont alpaguée sur la méthodologie du commentaire composé de façon assez agressive.

Ceci étant, le cours s’est terminé cahin caha, avec d'autres prises de bec plus ou moins marquées. Je suis descendue en salle des professeurs. Une fois là, j’ai ouvert le dit « paquet cadeau » mentionné précédemment, devant deux collègues de lettres. Elles ont été aussi atterrées et choquées que moi-même : le paquet, scotché consciencieusement, contenait deux rasoirs jetables neufs, eux-mêmes scotchés à la feuille. Sur celle-ci, un « mode d’emploi » pour utiliser les rasoirs était écrit en capitales d’imprimerie, avec nombre de fautes d’orthographe, au stylo à bille bleu clair.

Le caractère insultant des propos ne me paraît pas être le plus grave : c’est la préméditation et la volonté d’intimidation que je trouve fort inquiétantes –à mon égard, et en règle générale.

Le paquet avait été préparé à l’avance, les rasoirs ont été achetés dans ce but, tout a été calculé pour que cet événement arrive un vendredi soir, en fin de cours, alors que la classe avait fini sa semaine et ne me revoit que le mardi suivant en demi groupe. La symbolique du rasoir est aussi très dérangeante, à mon sens. Ce n’est pas n’importe quel objet qui a été glissé là.

rasoirs_bic

 

Ceci étant, je suis allée voir le proviseur et l'adjoint illico, sous le choc mais n'ayant pas encore bien réalisé les faits. Le comble, c'est qu'à un moment donné, la proviseur m'a renvoyée dans la ligne des trente mètres, comme si mes interrogations étaient illégitimes. Je suis restée très calme mais ferme, et n'ai pas démordu quant à la gravité du geste. En face de moi, aucune réaction quelconque de sollicitude ou d'empathie. Pas une fois on ne m'a demandé si j'allais bien. Bilan : un rapport à faire, chercher à reconnaître les écritures, et on se croise demain. Hop-là, emballé c'est pesé.
Un peu abasourdie et les jambes en coton, j'ai redescendu les étages pour repasser par la salle des profs. Mes collègues m'attendaient et culpabilisaient de ne pas m'avoir accompagnée. Là, je me suis sentie moins seule, et c'était une première depuis quelques années -mes années TZR, quoi.
Ce matin, donc, j'ai croisé le chef qui m'a gratifiée d'un "J'ai bien reçu votre rapport" et nous a laissés en plan dans la salle des profs, mes cernes et moi. 

Sonnerie de première heure. J'entre dans la salle de classe, j'installe mes affaires, les élèves de ES entrent. Comme je compte quelques retardaires, je sors quelques secondes dans le couloir, pour regarder qui arrive. De retour à mon bureau, stupeur : un rasoir jetable y trône, accompagné d'un mot scotché du même acabit qu'hier (sauf que là, on me suggérait de me raser de haut en bas, je cite).

J'ai envoyé un délégué chercher le proviseur. Celui-ci m'a d'abord dit de "faire un rapport". J'ai posé une question rhétorique du type : "Parce que là je dois leur faire cours comme si de rien n'était pendant deux heures ?" Il a hésité environ cinq secondes, et a dû prendre la mesure de la chose -enfin.

Il est entré, a annoncé que tant que rien ne serait démêlé, il n'y aurait pas de cours de ma part : les élèves ont donc planché sur un commentaire, que je leur destinais initialement en devoir maison.

Au bout d'une heure, le proviseur a demandé à voir les délégués. Ensuite, il est revenu à 9h45 pour savoir si nous avions une réponse et imposer un délai pour résoudre l'affaire. Entre temps, une collègue, choquée hier soir, m'a déposé un bouquet de fleurs en guise de soutien. J'ai trouvé cela adorable.
A midi, personne n'était venu se dénoncer ni témoigner en ES. Les élèves de STG n'ont pas cours le samedi, ce qui les arrange pour l'instant. Bilan du jour : des collègues extra, qui vont faire front lundi, exiger des résultats et une prise de conscience à l'administration (je précise que je n'ai rien demandé), des cernes un peu plus marqués, des suspicions qui vont m'enquiquiner un temps, de la déception, des remises en cause...

Je devais sortir cet aprèm pour faire réparer mon scooter, mais je sens bien fatiguée, là.

27 septembre 2009

Arômates

Hier soir, dinette chez Pumpkin avec deux autres copines. Au programme, oublier un peu la déprime ambiante, boire un ou deux verres de Martini tonic, rigoler.
La seule chose qui m'a dérangée, c'est que le tenancier du bar en-dessous avait proposé à Pumpkin de l'herbe, et que les filles semblaient partantes. En fin de soirée, donc, elles se sont passé le joint (très fleuri et fort aromatisé), alors que moi je cherchais un peu d'air à la fenêtre. Je dois paraître quelque peu coincée, mais c'était la première fois que dans mon entourage proche, cela se produisait. Je n'ai jamais essayé de fumer, ni tabac, ni produit illicite. Je n'ai jamais pris de cuite non plus. En gros, je ne sais pas trop ce que c'est que "profiter" de son adolescence -plus ou moins tardive.

Elles m'ont dit qu'elle avaient "dérapé" en cité U, à la Fac. Qu'elles avaient tout découvert là. Moi, je découvre certaines choses depuis finalement peu de temps, et n'en découvrirai jamais d'autres (ce qui n'est pas forcément un mal). L'une d'elles m'a dit, pensive : "Tu as trop travaillé, toi".

Il y a sans doute de cela. J'ai vécu en apnée avec mes deux années de prépa juste après le bac. Mon année de terminale, c'était mon père qui mourait à petits feux. Le reste (la Fac en vivant soit avec ma mère, soit dans un placard à balais de 15m2), je l'ai traversé cahin-caha, en mode automatique.

Alors quoi ? Ai-je râté des choses, des expériences ? Ai-je eu une véritable adolescence ? Je me suis toujours dit que non. Et pourtant, hier soir, j'aurais pu faire un rétro pédalage.  J'en avais l'occasion. J'ai refusé. J'ai même fait ma coincée en disant aux filles de faire attention en voiture (alcool + herbe, je n'aime pas). Certaines pensent que le joint n'influe pas sur les réflexes, mais sur la concentration.

Et moi j'avais en tête des images d'accidents de la route...

accident_cannabis_auto

En reprenant mon scooter (qui, je le rappelle, a été amoché à l'arrêt jeudi soir : il me manque un rétro), fatiguée par ma semaine, l'esprit un tout petit peu embrumé, j'ai failli avoir un accident avec un autre deux roues, fort pressé de me dépasser par la droite (le côté du rétro manquant) sur un boulevard désert, à une heure du matin.

Plus loin, j'ai vu une araignée trop grosse pour moi, en train de s'activer sur mon pare-vent. Je ne conduisais plus que d'une main. Dangereux. Je me suis arrêtée, en warning, sur une bande d'arrêt de bus. J'ai combattu la bête immonde avec une bombe anti crevaison, aspergée sur le haut de mon guidon.

Qui est la plus ridicule, dans tout cela ? Mes copines, l'araignée ou moi ?

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 > >>
Newsletter
19 abonnés
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 420 312
Publicité