Arômates

Hier soir, dinette chez Pumpkin avec deux autres copines. Au programme, oublier un peu la déprime ambiante, boire un ou deux verres de Martini tonic, rigoler.
La seule chose qui m'a dérangée, c'est que le tenancier du bar en-dessous avait proposé à Pumpkin de l'herbe, et que les filles semblaient partantes. En fin de soirée, donc, elles se sont passé le joint (très fleuri et fort aromatisé), alors que moi je cherchais un peu d'air à la fenêtre. Je dois paraître quelque peu coincée, mais c'était la première fois que dans mon entourage proche, cela se produisait. Je n'ai jamais essayé de fumer, ni tabac, ni produit illicite. Je n'ai jamais pris de cuite non plus. En gros, je ne sais pas trop ce que c'est que "profiter" de son adolescence -plus ou moins tardive.

Elles m'ont dit qu'elle avaient "dérapé" en cité U, à la Fac. Qu'elles avaient tout découvert là. Moi, je découvre certaines choses depuis finalement peu de temps, et n'en découvrirai jamais d'autres (ce qui n'est pas forcément un mal). L'une d'elles m'a dit, pensive : "Tu as trop travaillé, toi".

Il y a sans doute de cela. J'ai vécu en apnée avec mes deux années de prépa juste après le bac. Mon année de terminale, c'était mon père qui mourait à petits feux. Le reste (la Fac en vivant soit avec ma mère, soit dans un placard à balais de 15m2), je l'ai traversé cahin-caha, en mode automatique.

Alors quoi ? Ai-je râté des choses, des expériences ? Ai-je eu une véritable adolescence ? Je me suis toujours dit que non. Et pourtant, hier soir, j'aurais pu faire un rétro pédalage.  J'en avais l'occasion. J'ai refusé. J'ai même fait ma coincée en disant aux filles de faire attention en voiture (alcool + herbe, je n'aime pas). Certaines pensent que le joint n'influe pas sur les réflexes, mais sur la concentration.

Et moi j'avais en tête des images d'accidents de la route...

En reprenant mon scooter (qui, je le rappelle, a été amoché à l'arrêt jeudi soir : il me manque un rétro), fatiguée par ma semaine, l'esprit un tout petit peu embrumé, j'ai failli avoir un accident avec un autre deux roues, fort pressé de me dépasser par la droite (le côté du rétro manquant) sur un boulevard désert, à une heure du matin.

Plus loin, j'ai vu une araignée trop grosse pour moi, en train de s'activer sur mon pare-vent. Je ne conduisais plus que d'une main. Dangereux. Je me suis arrêtée, en warning, sur une bande d'arrêt de bus. J'ai combattu la bête immonde avec une bombe anti crevaison, aspergée sur le haut de mon guidon.

Qui est la plus ridicule, dans tout cela ? Mes copines, l'araignée ou moi ?

Comments

[phil]

Boire et fumer : tu parles d'expériences ! Tu n'as pas raté grand chose... (je veux dire qu'il n'y a rien de grand à avoir fait ces expériences là).

[Cédric]

Les défis, j'admire, et je sais combien la critique est plus facile que l'art. Enfin je pense aussi que la bonne critique, celle qui apporte quelque chose, est un vrai travail et userait mes neurones ;-)

[Le CPE]

sifflote pas discrètement pour se faire oublier.... Se rend compte que c'est pas discret.

J'ai fait beaucoup tout plein de bétises notoires dans ma prime jeunesse z'et z'adultesse.
Sans regretter, je ne souhaite pas la même chose à mes enfants ni aux enfants de qui ce soit, ni même à n'importe qui.

C'est définitivement pas prudent. Ne pas avoir usé de substances illicites à caractère récréatif n'est pas un drame, loin de là. Elles ne sont pas une fin en soi dans la vie, le principal étant d'être heureux ("il en faut peu pour être heureux...")

[Virgibri]

Je vois en tout cas que ce sujet vous inspire plus que mes défis du samedi... :-x

[Cédric]

Je me suis retrouvé dans ton cas, par trois fois, et j'ai accepté le joint. Ce ne fut absolument pas une expérience solitaire, mais des discussions hallucinées et sympathiques en se fichant un peu des apparences. Je pense que c'est la seule bonne manière de consommer cette drogue, seul c'est un peu trop proche de la dépendance.
Notez que je n'ai jamais fumé de tabac non accompagné d'herbe. Je pense la même chose de l'alcool, qui est tout aussi dangereux (mais pourtant j'en consomme un peu plus souvent).

Ceci étant, je déconseille fortement la conduite ensuite, et je n'ai pas testé mélangé à l'alcool. Je crois que l'effet est surtout sur la perception de la réalité, qui ne souffre aucune faille sur la route.

Et pour aller dans le sens d'Ed, on n'a pas tous besoin de se lâcher et de vivre une vie de patachon, ni d'expérimenter tout ce que la vie peut nous proposer. Chacun vit avec ses besoins et ses idées. Et son passé. La question à se poser est est-ce que ça me tente vraiment? Ou est-ce que c'est pour faire comme les autres?