Gadalouzer : prendre conscience d'une mauvaise nouvelle avec du retard.
Avant de ranger un peu l'appartement en vue de l'arrivée de Flûtine demain, je passe ici, sans trop savoir comment présenter mon état actuel.
Je reviens de la fac, là, après trois heures de grammaire sur Rimbaud. J'ai eu cinq heures de cours ce matin, comme chaque mercredi depuis septembre. J'ai entamé le visionnage d'un film en ECJS : La Journée de la jupe. Ce qui me fait frissonner ou me raidit, fait rire franchement certains élèves.
En deux jours de cours, j'ai confisqué trois portables.
Lundi, lors du conseil de "ma" classe de seconde, nous avons distribué sur 30 élèves : 23 avertissements (conduite, absence, travail cumulés); 20 suggestions de réorientation ou redoublement; 4 encouragements seulement. En français, on débute à 2,3 de moyenne.
La classe cumule pour ce trimestre 413 demies journées d'absence. Même après cette douche froide, les élèves restent égaux à eux mêmes. J'en ai même renvoyé un ce matin, ce qui est rare pour moi. Je ne le supportais plus.
D'un autre côté, je suis à cran, bien plus que je ne le crois sans doute : lundi, avant mon conseil, j'ai appris qu'un poste de 18 heures allait être supprimé en lettres à la rentrée prochaine. Comme je suis la dernière arrivée, je suis la première concernée. Le lendemain matin, je suis venue à la réunion sur la DHG (à 8h alors que je commençais à 11h). Avec le sourire, mais de façon inattendue pour le proviseur, j'ai demandé si j'avais la tête sur le billot. Sa réponse n'a pas été du tout claire.
Si l'on me forçait à quitter Lycéedésiré, ce serait une catastrophe pour moi. J'y ai des amis, je m'y sens bien, il est proche de chez moi, et ce n'est pas un collège. Dans le doute complet (on souffle le chaud et le froid d'un collègue à l'autre), je commence à être tendue.
Et puis les résultats de l'agreg sont dans une semaine pile, alors cela n'arrange rien, forcément. Je constate juste que les agrégatifs se réduisent à une peau de chagrin, et qu'ils sont tous aussi broyés que moi -comme des grains de café.
Du coup, cette nuit, j'ai rêvé (cauchemardé ?) de mon proviseur. Je me sens épuisée : j'ai dormi assise cet après-midi. Je ne parviens à finir ce maudit Chant général de Neruda. Ni à entamer une autre lecture d'agreg.
Bref, j'ai un petit coup au moral, même si je me sens encore solide -pour l'instant.