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Prof et plus si affinités

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Prof et plus si affinités
13 juillet 2010

En vogue

Malgré le fait d'être en vacances, je ne vois pas les journées passer. Il faut dire que je suis d'une nature à ne jamais m'ennuyer. Je ne sais même pas ce que ce mot signifie. Sans doute est-ce dû à mon enfance de fille unique. Ou pas.
Toujours est-il que je me balade, je sors, je lis Montaigne, je range, je trie, je rêve, je téléphone, je jardine (le mot est prétentieux pour mon balcon, mais que dire d'autre ?), je hume le vent avec les chats, je cherche un vtt, je me projette sur mes vacances, je revois des amies...

Et puis ce matin, j'ai réessayé un jean Carhartt que j'aimais bien. Je rentre aisément dedans, à tel point que j'ai dû remettre une ceinture, chose qui ne m'était pas arrivée depuis des lustres !

Je n'ai pas particulièrement reperdu de poids (je reste à -16kg) mais je crois que je m'affine. Je poursuis mes efforts abdominaux et fessiers, que je cumule à des séances de wii fit tous les deux jours.

Peut-être qu'à l'idée de rencontrer la famille de Flûtine pour la première fois la semaine prochaine, je suis d'autant plus motivée...

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12 juillet 2010

Cupcake scolaire

NY_1er_jour__7_

Voilà, c'est la dernière étape, le point final, la cerise sur le cupcake : à 10h, la plupart de mes élèves se connecteront sur le site des résultats du Bac, et connaitront leurs notes en français.
Il faudra que je patiente et que j'attende le bon vouloir de ces chers petits pour connaître à mon tour leurs résultats.
C'est étrange comme on les porte, supporte, comme ils nous apportent au cours d'une année scolaire. On pourrait presque croire que la note est le point culminant de celle-ci, mais elle n'est que le résultat plus ou moins juste du travail fourni. J'aimerais, égoïstement, que mon ardeur transparaisse dans leurs notes et qu'ils en soient contents.
Mais je n'ai pas passé le Bac à leur place. Je ne suis qu'un artisan qui fabrique les outils avec ses apprentis... Il n'y a rien de péjoratif ou des restrictif dans ce terme d'artisan : je l'aime particulièrement, parce qu'il contient le mot "art" et cette notion même du faire, de la fabrication. Y a-t-il rien de plus noble ?

Ouhlala, je m'épanche un peu trop, je dérive presque comme en cours ! Il n'y a plus qu'à attendre...

11 juillet 2010

Ma vie, ma bibliothèque

Il y a de cela quelques semaines maintenant, Ed me proposait, par blog interposé, une entrée : raconter quel lecteur nous sommes. Puisque je suis en vacances, que les hirondelles tournicotent au-dessus du balcon, qu'une alarme de voiture a sonné toute la nuit et vient juste de s'arrêter, et qu'il fait encore frais, je m'y mets !

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La lectrice que j'ai commencé à être

Comme j'ai peu de souvenirs d'enfance, je rassemble des images et des dires pour raconter ces débuts.

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Je sais que ma mère me lisait des contes le soir.  C'est aussi elle qui m'achetait régulièrement les albums Martine, les énormes albums de BD type Spirou, et il y avait, je crois, des livres de la bibliothèque rose et verte quelque part... J'ai donc lu le Club des cinq, forcément, et auparavant Oui-Oui.

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Mais j'étais très intriguée par les anciens ouvrages de mon grand-père maternel (mort avant ma naissance), rangés sur une étagère basse, derrière un fauteuil, aux mots étranges sur les tranches, avec des Z : Balzac, Zola...

Et pour contenter ma curiosité, mon père m'offrait régulièrement des encyclopédies par thème, que j'adorais. Je ne les trouve plus aujourd'hui, et je ne sais ce qu'elles sont devenues. Les titres étaient assez simples : Pourquoi ?, Comment ça marche ?, Quand ?, etc. Ma culture s'est généralisée grâce à cela, je crois.

La lectrice pré-adolescente

Dans un certain désordre chronologique, sachez que j'ai poursuivi ma lecture de BD (pas des titres cultes) avec, par exemple, Clifton, que j'aimais beaucoup. J'aimais lire tout ce qui me tombait sous les yeux, de la pancarte de publicité au magazine léger, en passant par feuilleter les livres de mon père ou tenter d'en lire la 4ème de couverture.

Clifton

En 6ème, j'ai eu une prof assez extraordinaire, petit bout de femme qui avait une culture classique et un esprit jeune, ouvert. Il me semble avoir lu des choses sur la mythologie grâce à elle. Je l'ai eue aussi en cinquième, mais je ne sais plus trop quel type de livres je lisais à cette époque. Est-ce là que j'ai lu Fred Ulhman ? Je l'ignore.
Toujours est-il qu'en cours d'année scolaire, notre prof a été absente. Elle n'est jamais revenue. On ne disait pas ces mots-là, mais elle devait avoir un cancer.
Du coup, en 4ème, nous avons vu défiler une série de remplaçants, tous aussi transparents les uns que les autres. L'une d'eux nous avait fait lire un Balzac (mon premier !), Eugénie Grandet. J'en ai un souvenir effroyable mais attendri, aussi : je l'ai lu avec mon dictionnaire à la main, presque. C'est là que j'ai commencé à apprendre du vocabulaire. Le réflexe du dico m'est resté.

Et puis en troisième, nous voyons arriver une énième prof à la rentrée. Désabusés, nous pensons qu'elle aussi repartira. Mais il semble que non. C'était Comtesse. Truculente et passionnée, elle me fait découvrir Philippe Soupault, Apollinaire...

J'avais acheté à la librairie favorite de mon père un premier ouvrage de poésie : Rimbaud. Je lisais sans comprendre, en trouvant cela magnifique. C'est à cette époque que je me suis mise à lire à voix haute, et que j'ai appréhendé le bonheur sonore de la lecture.

Me voilà donc plongée, à treize ans, dans la poésie. Un monde s'ouvre à moi.

Cette année-là, je crois avoir lu beaucoup. J'ai entamé une longue série de "classiques" : Balzac et Zola, Barbey d'Aurevilly, Colette (la série des Claudine), George Sand... J'en oublie énormément. Je me plongeais aussi dans des ouvrages de culture littéraire, j'apprenais les mouvements, je créais des réseaux intellectuels...

La lectrice adolescente

On attaque la période très faste... Riche de ce que Comtesse m'avait enseigné et de ce que j'avais appris seule, je fais mon entrée en seconde à la fois angoissée, exaltée, et un peu sûre de moi.
C. (dont j'ai reparlé récemment) nous accueille avec un test de culture littéraire (idée que j'ai reprise depuis que j'enseigne !) : j'ai 17 sur 40. Je me souviens encore de ce camouflet. Je redeviens modeste, et je lis, je dévore, j'apprends, je bois les cours. Je note toute référence donnée par C. dans les marges de mon cahier, ce qui me permet ensuite de passer des heures à la Keufna pour les trouver, les jauger.
C'est là que je me suis réellement ouverte à toutes les littératures : en deux ans, j'ai découvert par exemple Herman Hesse, Toni Morrison, John Fante, Christian Bobin, John Irving, Jim Harrison, Yukio Mishima, Virginia Woolf, Stefan Zweig, Paul Auster...

Woolf

Il va sans dire que je frétille, que je me passionne, que je brûle avec l'enthousiasme de l'adolescence.

La lectrice post-Bac

Deux années de prépa, ça marque. C'est la période où j'ai le plus lu, autant par force que par raison. Le plaisir s'émoussait à mesure que l'on m'humiliait. Non : le plaisir n'était pas toujours la partie la plus visible de l'iceberg. Par exemple, lire cinq Balzac en quinze jours, avaler des Point Seuil histoire, connaître par coeur Le Porche du mystère de la deuxième vertu de Péguy ou faire un exposé sur la finitude chez Sartre en lisant L'Etre et le néant alors que mon père venait d'être insinéré, tout cela relevait de l'exploit intellectuel et émotionnel, comme si nous étions des animaux de cirque.

Pour autant, même si j'ai occulté quasiment tout énormément de références, de notions, j'ai appris aux forceps et cela m'est resté ancré, quoi que j'en dise.

Le soir, quand ma mère rentrait tard du travail (dans la restauration), elle me trouvait en position assise dans mon lit, toutes lumières allumées, un livre à la main, un cahier à côté de moi... endormie profondément. Elle éteignait, et je ne m'en rendais pas compte. Je lisais tout le temps : dans le métro, chez moi, le soir, le matin, durant les vacances, tout le temps.

J'ai souvenir d'une expérience assez traumatisante d'une lecture de l'époque : celle de La Nausée de Sartre. A cause de ce fameux exposé sur la finitude, je lisais du Sartre à tout va (avec énormément de plaisir; j'ai eu ma période existentialiste à cette époque). Dans le métro bondé, un matin, j'étais absorbée par ma lecture, quand je sens tout le monde bouger à une station. Je relève la tête, et je perçois donc tous les passagers descendre de la rame pour en prendre une autre à Invalides, sur le quai d'en face, en raison d'un souci technique. Je voyais la scène avec trop de recul, comme absente. Témoin de ce mouvement de foule non loin du convoi animal, j'ai ressenti la nausée, vraiment. Expérience physique de ma lecture, comme j'en ai rarement eu.

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La lectrice adulte

J'ai bien plus de mal à vous en parler, étrangement. Je peux vous renvoyer à la catégorie Lektur sur mon blog, par exemple. Vous dire aussi que j'ai poursuivi ce mélange entre classiques et modernes, entre différents genres. Je lis aussi depuis quelques années des auteurs contemporains vivants.

Mais il y a eu deux années post études durant lesquelles j'ai fort peu lu, quand même : j'avais fait une overdose avec la prépa, je pense.

Je me sens toujours fort curieuse de découvertes, d'expériences nouvelles. Cette année, l'Agreg va me forcer à lire Montaigne, une poétesse russe ou encore Césaire. J'aime cette variété.

Et enseigner en lycée m'y oblige aussi : je détesterais la répétition complète d'une année sur l'autre.

Des questions dans la salle ?

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PS : N'allez pas croire que j'associe mes lectures à ma scolarité. Seulement, les classes me servent de repères chronologiques et culturels.

9 juillet 2010

Soldissimes

Vous le savez, c'est la période des soldes en ce moment. Dans la ville de Flûtine, j'ai fait des affaires incroyables. Une fois sur Paris, un peu moins (quelques boutiques sont fort décevantes) mais quand même.
Esprit, le vieux campeur (des produits à... 5 € ! qu'ils vendent pour s'en débarrasser, ce qui est dingue quand on voit le prix de départ : l'ensemble des achats valait 500€, et a été réduit à 90€ !), Etam, Petit bateau ont vu ma bouille. Flûtine m'a offert des choses, et réciproquement.
Hier matin, après la remise des copies, je suis allée au Bihètchevi et j'ai trouvé... mes affaires de rentrée ! Oui, je sais, je semble déprimante, mais au moins c'est fait et j'avais le choix des couleurs.
J'ai décidé que 2011 serait une année bleue. Allez savoir pourquoi ! Je me suis fait plaisir en m'offrant une besace Little Marcel à -30%. Je vais faire sensation à la rentrée !

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Je suis fort contente de tout cela ! Allez, aujourd'hui, d'autres achats moins exaltants m'appellent : mon frigo crie famine...

8 juillet 2010

BAC 2010

Histoire de clôturer l'année scolaire, voici les perles récoltées dans des copies de première S d'un lycée chic. Les sujets portaient sur des utopies (Fénelon, Voltaire, Montesquieu) : rien que du très classique. Accrochez-vous, c'est parti !

* ils cherchent à nous dépaysager
* divertir le lecteur et l'échapper de la réalité
* les Lettres persananes/persanses
* Erzeron invite au dépaysagement (sachant qu'Erzeron est un lieu et que l'élève l'a pris pour un nom de personnage)
* ils ne s'arrêtent pas au simple fait d'abscence de cupidité et de besoins de richesses
* l'auteur fait s'exprimer les personnes de l'utopie
* un altruisme intense
* il télétransporte le lecteur (j'ai mis en marge : Goldorak)
* les descriptions donnent du baume au coeur
* la sophisticité des peuples
* l'insouscience et la ignorance
* l'homme mauvaix
* les civilastions lointaines
* les auteurs animent nos fantaisies, réveillent nos rêves
* ces textes nous évadent
* Montesquieu hyperbolise
* nous pouvons voir le monde dans les yeux de ces figures littéraires
*  ils parviennent à évader le lecteur de la réalité
* un moyen échappatoire au lecteur
* corpus composé de trois extraits dépaysagistes/dépaysager
* Voltaire publia son célèbre conte philosophique, Voltaire, en 1759
* ce frisson qui réchauffe le coeur
* soyez serin que je n'oublirais jamais vos conseils
* une expériante à deux tranchants
* vivre mieux que quelque part d'autre
* plume mise au service d'un évadement
* peuplé de peuples fictifs
* une réflexion faisant réfléchir
* il y verra des choses pour lui bien ou mal
* ses réflexions doivent rester dans sa tête ?
* la censure n'a pas toujours été, comme aujourd'hui, inexistante
* ce pays se situe en Afrique, donc en Orient
* chaque bémol du pays
* les uses et coutumes
* l'idée d'idylle que l'on se fait
* ce passage est le seul vivant du texte
* la description paysagique
* le narrateur s'insert dans le texte (j'ai commenté par : "ouille !" mais je voulais mettre "ça fait mal ?")
* il dépeint des paysages miroitants
* il accapare la mer d'un sentiment humain
* le cinq est le nombre de l'harmonie (c'est bien connu !)
* nous nous interrogeons donc si cet extrait n'est pas en filigramme une critique
* les fausses nécessités auquel leur bonheur dépant
* comme l'affirme Fénelon dans le paratexte (oui oui, Fénelon a préparé les sujets de bac 2010)
* les péripéties du quotidien ne percutent jamais les habitants
* la Bétique est un monde surréaliste
* le texte dénonce le lecteur de se fier à une image
* la magestueusité

Vous remarquerez que certains candidats ont tenté de passer la brosse à reluire, que d'autres ont des inspirations douteuses, non loin de la secte, et que, finalement, outre l'orthographe bien meilleure, ces élèves-là, chics et propres sur eux, n'ont rien à envier aux perles de mes élèves à casquette...

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7 juillet 2010

Fromagère

Me voilà revenue chez moi. Les chats étaient fort contents, moi un peu moins, forcément. Mais je me sens forte et riche de tout ce que je ressens, vis, accomplis avec Flûtine.
Demain matin, je rendrai mes copies de Bac. Les notes sont plutôt bonnes. La moyenne générale atteint presque 11, c'est dire. J'ai même mis un 19.
Je ne serai véritablement en vacances que vendredi, et j'ai l'impression d'avoir mille occupations pour ce début de repos. Tant mieux.
Une petite remise en beauté va s'imposer aussi, dans l'optique de rencontrer la famille de Flûtine... Et je me cherche un chouette vtt pour cet été, d'ailleurs.

Je m'arrête là pour ce soir, mais, promis, je reviendrai plus régulièrement ces jours prochains.

Et pour finir, voilà ce qui m'attendait le premier jour :

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Et ce qui m'a donné le sourire en partant :

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4 juillet 2010

Dissertator

Alors que Flûtine honore ses obligations familiales, je suis dans son appartement, en train de corriger mes copies de bac. Je suis bien loin d'avoir fini : j'ai fait les 42 questions de corpus, et c'est tout. Je vais tâcher de me débarrasser des sujets d'invention cet après-midi, avant de boire un pot/manger une glace avec Klaki dans le centre ville.
Sinon, hors charge des copies, je vais bien.
J'ai envie de vous donner une fois de plus une liste de mots qui résonnent pour moi en ce séjour amoureux. Faites-en ce que bon vous semblera, et puis voici des musiques associées à tout cela, pour de multiples raisons...

Transpirer
Orage
Main dans la main
Bracelets
Monsieur Hulot
Danser
Pulco
Coiffeur
Sensualité
Soldes
Cinéma en plein air
Escaliers
Lèvres
Triplettes
Abricots

 

29 juin 2010

Chiffres chics

Sans vouloir tomber dans les stéréotypes, voici un petit bilan au bout de trois jours d'oraux :

  • 4 élèves à particules
  • tous les garçons portent chemisette ou chemise
  • pas de perles, pas de fautes énormes
  • des notes de 2 à 18
  • des Garance, Amaury, Geoffroy, mais pas de noms arabes
  • beaucoup de blonds et énormément de garçons
  • des suffisants, mais pas tant que ça
  • une salle aux murs écaillés et à la peinture qui tombe mais les façades sont magnifiques
  • aucun collègue croisé
  • des repas seules sur les bancs non loin du lycée, à l'ombre, dans la chaleur estivale
  • encore 11 candidats demain, puis 42 copies

Et là, j'ai des milliards de choses à faire avant de filer ailleurs jeudi midi, pour corriger les dites copies...

27 juin 2010

Se sculpter

Aujourd'hui, malgré la chaleur accablante, malgré l'envie de siester, nous sommes allées au musée Rodin. Il ne s'agissait pas d'une découverte, loin de là, mais je ne me lasse pas de cet environnement sensuel, apaisant, serein, ancien. Je me dis que même en étant piètre photographe, on prend de splendides images. Je me suis amusée à faire des portraits aussi, et des autoportraits.

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Nous avons auparavant pique-niqué dans le jardin du musée sus-mentionné, et c'était étrange encore de jouxter celui de l'un de mes lycées de prépa, de rassembler des souvenirs, des impressions. J'étais heureuse d'y être avec Flûtine, surtout.

Ensuite, retour à pied sur cinq ou six stations de métro, en passant par la place Beauvau ou derrière l'Elysée, partie de Paris que je ne connaissais pas (et je me suis dit que vraiment, vraiment, nous n'étions pas du même monde, eux et nous).

Demain matin, je reprendrai les oraux (treize candidats dans la journée), en constatant que les élèves du lycée huppé ne sont pas plus intelligents ou futés que ceux de ma ZEP, juste plus vernis. Mais le vernis, ça s'écaille vite. Je préfère encore mes pti loups franco de port, au langage direct.

Je vous laisse sur des merveilles de simplicité et de grâce...

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23 juin 2010

Chamboule tout

Voilà, j'ai mes 41 ou 42 merveilleuses copies depuis ce matin. J'ai aussi compté le nombre de candidats que j'allais faire passer à l'oral : 45 en quatre jours. J'ai travaillé cet après-midi sur mes questions d'analyse. Mais j'avais la tête un peu ailleurs...
Explication.
Nous étions convoqués pour 9h au lycée huppé. Coincée dans quelques embouteillages malgré le scooter, j'arrive à 8h55, pénètre d'un pas sûr dans la salle, salue globalement, et cherche une chaise (c'est un peu le jeu des chaises musicales à chacune des réunions dans cette salle exigüe). Je m'installe, et me retrouve une fois de plus à côté de la prof qui m'avait taxé de force mon numéro de téléphone.
Ultra discrète comme à mon habitude, je me fonds dans le bruit et passe inaperçue. La secrétaire nous appelle les uns après les autres, pour nous distribuer nos plannings et les copies. Et là, j'entends un "Madame C.". Tiens, un homonyme de C., celle qui hante mon passé (les fidèles situeront assez bien qui elle est, et  pour les autres, en version light : ancienne prof de lettres de seconde et première, amie, mère spirituelle, cassure, je ne m'en suis jamais remise), me dis-je.
Une femme se lève de table. Ce n'est pas un homonyme, c'est C.. Prise de panique, je sens mon coeur battre plus vite,  mes mains tremblent et des pensées fulgurantes me traversent :

  1. elle est toujours belle
  2. va-t-elle m'ignorer ?
  3. je me sens assez minable intellectuellement parlant
  4. mon Dieu, en fait, je l'aimais; c'est la première femme que j'ai aimée
  5. il n'y a pas de hasard, ce n'est pas possible d'être dans le même jury alors que je suis seule de mon lycée à avoir été convoquée ici
  6. dois-je y voir un signe ?

Je pense que C. fait semblant de ne pas m'avoir vue pendant quasiment toute la réunion, (une feuille trônait devant elle avec mon nom écrit en gros) pour finir sur un "oh bonjour" très anodin parce qu'elle s'adressait à ma voisine et ne pouvait m'ignorer plus longtemps. Ensuite, au moment de partir, très court échange au cours duquel j'étais crispée :

_ Alors, tu enseignes en lycée maintenant ?
_ Euh, oui.
_ Tu es où ?
_ Au LycéeDésiré, à X.
_ Ah... Ce n'est pas trop dur ?
_ (Damned, je passe pour la prof de lycée difficile, alors que C. enseigne dans l'un des plus cotés du coin...) Euh... Je l'ai choisi...
_ Ah oui (acquiescement étrange de sa part, que je ne sais interpréter).
_ ...  la ZEP, tout ça. Disons que c'est assez "sport", mais je m'y plais.
Silence pendant que nous nous apprêtons à partir. Puis elle me lance, faussement (?) souriante : "Alors bon courage !"
Ce à quoi je ne sais que répondre. Je sors, désarçonnée. C. est la seule personne, je crois, avec qui je ne parviens pas à prendre de la distance, à enfiler une armure pour me protéger.
Je me sens comme nue, ou plutôt comme une enfant face à elle.

Donc, ce matin, j'ai passé un cap : je n'ai plus formulé le fait que j'avais dû être amoureuse d'elle, mais je l'ai senti. Un coup de batte de base-ball dans ma conscience, en quelques secondes.
Et alors qu'elle croit que j'ai été la maîtresse de son mari, je ne faisais que la vouloir, elle, à travers lui...
Il m'en aura fallu, des années, pour parvenir à cette prise de conscience. Comme l'évidence est longue à être formulée ! Et comme elle chamboule...

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