J'ai toujours une boule au ventre. Qu'est-ce qui nous pend au nez ? Imaginons...

• Je deviens TZR forever, sans espoir d'avoir un poste fixe pendant cinq ans.
• Il y a moins de profs donc plus d'élèves par classe (alors qu'Iznogoud veut les dédoubler -les classes, pas les élèves). Damned, je ne peux pas me recycler prof de math ou comptable, c'est sûr, maintenant !
• On hérite, dans le pire de mes cauchemars, de MAM comme ministre de l'Education. Après l'armée, hop-là, elle vous remet tout ça en ordre !
• Le PS explose et n'arrive pas à se reconstruire. Iznogoud démolit Bayrou au sein même de l'UDF, et l'empêche de créer son nouveau parti d'une façon ou d'une autre.
• Iznogoud détruit toute support de critique envers son gouvernement -et donc lui : adieu Libé, Charlie, Le Canard, les Guignols et consorts...
• On fait amis/amis avec les States et on retourne notre veste (la seule chose pour laquelle je respecte Chirac, c'est pourtant cela : d'avoir résisté au chantage américain). "On" les soutient, en envoyant quelques troupes françaises, par exemple. Waouh, la gueule des jeunesses sarkozystes quand on leur dira ça (hier soir, il y avait Paul-Antoine, Charles et Marie qui étaient interviewés : échantillon très représentatif des jeunes français, non ?) !
• Tous les blogs de profs seront fermés manu militari et nous aurons des sanctions disciplinaires. On cherchera à nous faire taire.
• Les chefs d'établissement auront le devoir de faire de la délation concernant leurs équipes pédagogiques. Les avancements au mérite se feront ainsi.
• Les riches ont moins d'impôts et les entreprises moins de charges. C'est tout. On ne peut pas plaire à tout le monde, hein ?
• Les femmes qui resteront au foyer seront récompensées (ça en fera moins en politique, déjà).

Il paraîtrait que Nico et Cécilia ne seraient plus ensemble, et que cela aurait été totalement étouffé pour l'élection... Elle n'est pas près de lui ce soir, d'ailleurs... Et personne ne le dit, of course.

Extraordinaire, le discours de Johnny Hallyday : "C'est l'espoir qu'on attendait tous. Nous habitons le plus beau pays du monde, alors il faut le défendre."

Il sait que Gstaadt est en Suisse ?

Trois millions de voix d'écart. C'est beaucoup, et c'est peu à la fois.

Goût amer dans la bouche depuis 17h30.

Ségolène Royal est déjà en train de discourir. Positive. Digne. Bravo, Madame. A dans cinq ans.

Merdre merdre merdre, comme aurait écrit Jarry.

Vivement 2012...

Voilà, j'ai voté. Pour moi et par procuration pour S.. J'ai eu la bonne idée d'aller dans ces bureaux de vote aux tranches horaires sur lesquelles mon ancien voisin, Grokipu, avec son vieux caddie dégueu, allait lui-même voter; puis je suis tombée nez à nez avec mon psy que je n'ai pas rappelé depuis six mois... En galant homme, il m'a laissée passer, et j'ai fui, honteuse.

Dans les corbeilles des isoloirs, certains électeurs n'ayant pas daigné faire une boule informe du bulletin restant, j'ai vu par deux fois qu'il y avait plus de "Royal" que de "Sarkozy". Cela ne veut rien dire, dans l'absolu, je le sais bien. Mais la corbeille serait-elle le marc de café moderne, la boule de cristal du XXIème siècle, l'augure revisité ?

Doit-on accepter l'augure des sondages, aussi ? J'ai beau préférer Racine à Corneille, je ne suis pas janséniste : l'homme peut lutter contre son destin, même si cela est terriblement difficile. Nous ne sommes pas irrémédiablement sauvés ou condamnés.

La politique, finalement, ressemble par certains aspects à la tragédie antique.
La beauté en moins.

Aujourd'hui, c'est la Sainte Prudence.

A bon entendeur...

NB : en 2002, l'écart entre Jospin et Le Pen représentait UNE voix dans chaque bureau de vote. Chaque vote est important. Aux urnes, citoyens !

Le fameux débat... Les impressions fraîches ne sont plus d'actualité, certes. On a beaucoup glosé sur l'animosité de Royal, les écarts de position entre les deux candidats, etc.
Pour ma part, voici pêle-mêle ce que j'ai retenu et/ou ce que je me suis dit en regardant ce débat (il va y avoir un parti pris, j'en suis confuse mais c'est ainsi) :

• Mince, il est fort. Mais trop poli pour être honnête. Du "Madame Royal" à tout va, cela sonne faux au bout d'un moment.
• Il la regarde très peu dans les yeux, et prend à témoin Chabot et PPDA.
• Je n'aime pas les attaques personnelles (à propos de François H.). Elle est forte car elle n'y répond pas.
• Il est voûté et manipule nerveusement un stylo.
• Les sous-entendus dix-neuviémistes m'exaspèrent : "Vous perdez vos nerfs" = vous êtes hystérique. Grande théorie défendue par les frères Goncourt, par exemple (voir La Fille Elisa, édifiante dans ce genre).
• Le glissement en incise de Royal concernant la génétique a été grandiose. A propos des multirécidivistes et des délinquants sexuels, elle balance, en milieu de phrase :"...et la délinquance sexuelle, qui, vous en conviendrez avec moi, n'est pas génétique..." Impossible de répondre à cela sans se ridiculiser, une fois de plus.
• Le ton du Nain a changé ces derniers temps. Plus sirupeux. Dégoûlinant.
• Les astuces rhétoriques de l'un et de l'autre sont plus ou moins visibles : prétérition, interruption de parole, question directe ou oratoire... "Je ne dirai pas que c'est stupide, car cela serait insultant pour vous, madame Royal, mais..."
• Je la trouve à l'aise, avec son regard et son dos droits. Crédible. Elle sourit, parfois ironiquement, certes, mais elle sourit bien plus que lui.
• Iznogoud a fait sept fautes de la langue très grossières, du type : "Pour que les femmes soient heureux". Le stress ?
• Elle n'est pas toujours claire mais a un mérite : celui de dire que ce n'est pas parce que l'on veut devenir président que l'on est censé tout savoir sur tout. L'omniscience ne va pas de pair avec le pouvoir. Une forme d'humilité que j'apprécie, mais qui la dessert...
• Punaise, un fonctionnaire sur deux pas remplacé ! La belle galère que nous allons vivre, chers collègues ("Mais que diable allaient-ils faire dans cette galère ?")...

Ce fut une jolie joute verbale, même si je crains que certains se soient laisser abuser par l'apparence de "calme" d'Iznogoud. Les "saines colères" ne parlent qu'à ceux qui les vivent et se révoltent d'une façon ou d'une autre.

Et maintenant, j'ai peur.