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Prof et plus si affinités
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Prof et plus si affinités
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20 juin 2011

Run, baby, run

Croyez-le ou non, j'ai  couru hier... trois fois 10mn. Flûtine m'accompagnait. Je n'ai jamais couru autant, je crois, en ayant si peu de difficulté à le faire.

Si vous voyez cette basket quelque part, je suis peut-être dessus :

New balance

Je dors aussi comme une masse depuis trois nuits. Je ne me réveille même pas en pleine nuit.

Je chante, beaucoup.

Là, il fait beau et un peu frais encore. Mes élèves de première passeront l'écrit de français cet après-midi. J'aurais fait ce que j'ai pu pour elles. J'ai encore un peu de temps avant de reprendre le rythme effréné du bac, mercredi...

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18 juin 2011

Canal bug

Cette semaine a encore été fort chargée et donc plutôt épuisante. Une réunion plénière inutile (nous n'avons aucune réponse concrète à nos préoccupations pour la prochaine rentrée), un conseil d'enseignement, seize heures de surveillance en deux jours, et quelques agacements justifiés (profs tire-au-flanc ou peu doués pour des tâches simples; pas de suite donnée à mon rapport sur les événements de la semaine dernière, etc).

A cela s'ajoute une commémoration pour le frère de S., qui m'a remuée.

Hier soir, crevée, je suis rentrée à 18h30; j'ai allumé l'ordinateur, et j'ai regardé les prix des trains pour voir Flûtine. Même si mes finances sont en berne, je suis partie sur un coup de tête. Je ne reviendrai que mardi, puisque les copies de bac seront récupérées mercredi.

Et à partir de jeudi prochain, farandole des oraux de français : j'ai 53 candidats à faire passer, à 35km de chez moi.

Alors passer trois jours près de celle que j'aime, ce n'est pas un luxe.

(Cette entrée est sans grand intérêt, mais je passais juste faire un signe...)

11 juin 2011

La cerise sur le pompon

Après une nuit de presque dix heures et un jogging, je peux tenter de vous raconter ma fin de semaine de dingue. Je vais en oublier, c'est certain.

pompon

Mercredi, cinq heures de cours de seconde, comme d'habitude. Sauf que j'y vais en reculant. Dans la classe européenne, quatre élèves sur 25 (ils sont normalement 30) ont répondu à deux pauvres questions. Je m'agace et passe à autre chose, sans corriger. Ras-le-bol de travailler pour rien.

Ensuite, direction cantine pour manger avant d'aller récupérer mes descriptifs à Trifouillis : une heure pour y aller, quasi autant pour revenir, en pleine journée. Le Bac risque d'être sympathique, cette année.

Jeudi, journée marathon : deux heures de seconde, un conseil de classe de 2h pour "ma"seconde, deux heures de première pour finir au pas de course nos derniers textes de Bac, puis conseil de cette même classe. Comment vous raconter ces deux conseils, justement ? Celui de seconde a été déprimant, car nous avons dit ce que vous voulions dire côté profs. Le bilan est catastrophique, du jamais vu pour les uns et les autres. Un exemple : ils ont 5 de moyenne avec moi. Au final, onze redoublements proposés, huit passage en première, dont trois seulement en générale. Le reste, réorientation.

C'est la douche froide pour la plupart des élèves, mais je ne le saurais que le lendemain... Hier, donc.

A la récréation, mon collègue de math vient me voir et m'annonce, alors qu'il est plutôt mesuré, que les élèves ont été "infects". Ils ont lancé un oeuf au tableau alors qu'il y écrivait, l'une mangeait, deux criaient "Ben Laden ! Ben Laden !" et ceux qui étaient renvoyés de cours refusaient de sortir et ne se levaient pas. Forte de ces annonces, je me dis que leur redonner leurs fiches d'orientation et tout le toutim va être folklorique. J'étais en-deça de la réalité.

J'arrive devant ma salle de classe : ils avaient cassé un oeuf sur la porte, au niveau de la serrure. La CPE, qui me suivait par précaution, cherche une solution rapide. Nous changeons de salle, et les accueillons froidement, le visage dur. Deux élèves, un garçon et une fille, en descendant, arborent une robe de prière pour la mosquée -chose qu'ils n'ont jamais faite. Le garçon est envoyé au proviseur par la CPE. Nous n'entrons pas dans la discussion.

Les élèves installés doivent sortir ce qu'ils ont dans leur sac. S'ils refusent, direction le bureau du proviseur. Entre temps, la CPE a dû partir en courant. J'entends des cris dans le hall d'entrée. Une bagarre avait débuté. L'un de mes élèves est rattrapé par la CPE : on suppose que c'est lui qui a lancé les oeufs. Il est envoyé chez le proviseur, qu'il va ensuite insulter, d'ailleurs.

Une élève refusant de vider son sac, je m'approche, le ton monte : je me fais traiter fort rapidement de "sale vieille prof, "espèce de p..." et autres noms d'oiseaux en arabe, avec le Coran en guise de branche. Je la renvoie et elle me lance, avec beaucoup de raffinement : "J'm'en bats les c....... !"
Etrangement, je vis les choses avec énormément de recul et je lui rétorque : "Cela va être difficile, Baba, puisque vous n'en avez pas."
Vexée et fort énervée, elle tente de claquer la porte, que je retiens. Sa sortie, qu'elle voulait grandiose, s'avère ratée. D'autres collègues vont la rattraper ensuite, et lui donneront la réplique, comme je l'ai fait (nous en avons bien ri, après). J'avais envoyé la déléguée pour l'accompagner, mais j'apprendrai plus tard que cette dernière n'avait jamais atteint le deuxième étage : elle était partie pleurer aux toilettes, traumatisée par des injures de Baba, lancées au matin contre elle...

Entre temps, Kad, un élève qui s'était présenté toute l'année sous des airs bovins, me jette sa fiche d'orientation par terre en répétant de façon maladive : "Je refuse ! J'en veux pas !" Je lui explique qu'il doit régler ça avec son père (il redouble alors qu'il pensait passer en première S, avec 3 de moyenne partout sauf en math...) et qu'il n'a pas l'âge légal pour gérer les papiers. Il s'entête. Je refuse de mon côté de me baisser pour ramasser sa fiche. Je le renvoie (on en est à quatre élèves dehors). Il lance alors des propos incohérents, que des collègues me rapporteront aussi après : "Le lycée est à l'Etat !", "A quoi ça sert 2 en français ?" ou "Tout se paye !"


Enfin, alors que je retrouvais un semblant de calme (après des cris concernant Ben Laden pendant que j'étais sur le seuil de la porte), la fille qui portait sa robe de prière (rose clinquant) cherche à me provoquer, mais j'avais appris dans la semaine que la classe avait cherché à me faire craquer avec les propos racistes d'il y a quinze jours. J'ai donc pris beaucoup de recul. Elle voulait remettre en cause mes capacités d'enseignante : "On n'a rien appris cette année" / "Comment ça se fait qu'on a (sic) cinq de moyenne en français ?", etc. Je suis restée fort calme, ce qui a dû l'agacer au plus haut point, en lui parlant de donner/recevoir et en précisant que l'élève était responsable de son apprentissage.

Les deux CPE ont fait des aller-retour dans la salle pour m'aider, ainsi que des collègues qui ont halluciné de voir tant de haine et de bêtise concentrées dans quelques élèves. Au total, il aura fallu six adultes pour gérer ces 45mn de "cours".

A part ça, l'Education Nationale se porte bien.

7 juin 2011

Du jour et de la nuit

Ouh, ben dites donc, c'est rare que je laisse le blog en suspens à ce point ! Pourtant, j'ai beau réfléchir, je ne vois pas ce qui m'a empêchée de l'alimenter. Au choix : une faiblesse d'inspiration, peut-être. Un trop-plein au lycée. Un rythme effréné. Un bras endolori. Un aller-retour chez Flûtine.

cerises crêpes

J'en suis revenue hier soir, d'ailleurs, avec une valise assez lourde : j'ai profité de ces moments avec elle pour symboliquement acheter ensemble... les livres du programme de l'agreg 2012... Enfin, juste ceux de l'écrit : pour la littérature comparée, j'attends un peu (les éditions choisies sont encore et toujours onéreuses, et j'y vais doucement sur le plan intellectuel/moral avec cette nouvelle session). Au programme : Rabelais, La Fontaine, Maupassant, Lagarce.

(photo à venir : canalblog buggue)

Sinon, j'ai constaté que lorsque Flûtine me change mon pansement, ma plaie cicatrise plus vite. Non, je n'affabule pas ! Pffff.

J'ai aussi repris doucement l'écriture. Lentement. Comme si j'étais rouillée.

Aujourd'hui, j'entame la dernière semaine de cours. Je traine encore plus des pieds pour y aller. Demain, j'irai chercher mes descriptifs à Trifouillis-les-oies. J'ai aussi trois jours de surveillance de bac, au cours desquelles je bosserai justement sur les questions du bac à préparer. Et une réunion de travail mardi prochain. Et trois conseils de classe.

Et je désespère de revoir Flûtine avant début juillet. Je dois trouver une solution.

1 juin 2011

Allô maman bobo

chat-velo2

Je me demande ce matin à quel point mon inconscient a pu "programmer" ma chute de vélo.

En effet, je ne vais pas au lycée aujourd'hui (cinq heures de secondes évitées...) en raison de ma blessure au bras qui ne veut pas cicatriser. Elle me porte même parfois au coeur (expression intéressante, dirait un psy freudien). La nuit dernière, je ne savais plus comment me mettre pour dormir, et celle-ci a ressemblé à un message en morse.

J'ai aussi découvert que ma douleur de dent, ressentie au moment de la chute, était révélatrice d'un léger choc sur la lèvre. Et je constate -chose que j'ignorais possible- que j'ai un hématome sur le bord de la lèvre supérieure.

De fait, j'ai décidé d'aller chez le médecin pour avoir le nécessaire vital : des compresses qui ne collent pas à la plaie, et de quoi cicatriser plus rapidement.

J'ai à peine l'ombre d'un scrupule pour mes cours de ce matin. Les profs sont en train de lâcher prise, et les risques de dérapage sont bel et bien présents. Je préfère encore m'épargner un craquage, comme vendredi dernier -ou pire.

Sinon, j'ai un paquet de copies de première à corriger, avant de passer à celles du bac. Les bulletins à remplir, aussi. Il me manque encore onze fiches d'orientation pour mes secondes. Tout va bien.

Edit de 14h30/bilan post-pimpon : codéine, froissage de muscle, vilaine plaie, un mois de compresses grasses, vaccin tétanos, glace sur ma lèvre, un arrêt de travail pour aujourd'hui. Moi qui hésitais à consulter...

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27 mai 2011

Y croire encore

Ce soir, je suis lasse. Pas vraiment désabusée, non. Lasse.
Aujourd'hui, juste avant 11h, j'ai craqué. J'ai tenu bon devant les élèves, et puis j'ai pleuré avant de faire entrer la classe suivante. J'ai pleuré de rage, d'impuissance. Impression de n'avoir rien apporté à ces gamins aux vies lourdes, aux idées étroites.
Nous travaillions sur un texte de Maupassant, "Rose". Et ça a dérapé, sans trop savoir pourquoi : tout est bon pour eux. J'ai supporté vaillamment un concert de propos racistes, antisémites et homophobes de "ma" seconde. Environ une quinzaine d'élèves auxquels je tentais de répondre point par point, que je voulais ramener à un véritable discours cohérent et réfléchi.
En vain.

racisme1

Alors je me suis assise, j'ai pris ma tête entre mes mains, et j'ai attendu quelques instants. Le chaos s'est amoindri. J'ai lancé, d'un ton lugubre et la voix serrée : "Vos propos me donnent envie de vomir. Vomir. Ce n'est pas une métaphore."
J'ai tenté de leur faire comprendre mon sentiment d'échec pédagogique après neuf mois de travail ensemble. De leur montrer que non, on ne peut pas lancer de telles phrases sans penser aux conséquences et sans les assumer. De leur dire que le racisme, tout racisme (même celui que j'ai subi quand j'étais adolescente, le racisme anti-blanc, et auquel ils ne veulent croire) est condamné par la loi et que ce n'est pas qu'une opinion. Que je voudrais les sortir de leur prisme, ou plutôt leur montrer qu'il y a des centaines de prismes possibles pour regarder le monde. J'avais la gorge serrée. Ils l'ont senti : quand la sonnerie a retenti, ils n'ont pas osé bouger.
D'un geste vague de la main, j'ai murmuré "Sortez..." Une petite élève toute gentille a trainé volontairement pour être la dernière : "... ça va aller, madame ?"
C'est à ce moment-là qu'une boule de larmes est remontée. J'ai fait un signe et opiné pour qu'elle s'en aille, mais elle a bien compris. J'ai tourné la tête à l'opposé de la porte, et j'ai pleuré.
Il a bien fallu enchainer avec un cours de première. Une heure plus tard, j'étais à la cantine avec des collègues, pleurant encore. Heureusement, j'ai la chance d'être dans un établissement où je peux me permettre cela sans être jugée, au contraire. Ils me soutenaient tous, et tentaient de me faire prendre du recul. Nous sommes impuissants face aux difficultés que nous rencontrons.

Ce soir, je suis lasse. Mais pas découragée. Je continuerai à me battre contre toutes les formes d'intolérance en cours. Mais diable, quelle énergie cela prend...

patate_prof

25 mai 2011

Moi, Virgibri, 35 ans, toutes mes dents, pas sportive, je témoigne.

coyote

Lassée voire épuisée par une fin d'année délirante de nonchalance, d'absentéisme, de bêtise, d'insolence au lycée, j'ai décidé de me reprendre en main. J'ai couru dimanche malgré le cagnard. Je suis allée en vélo à la piscine aujourd'hui (15 longueurs tranquilles, aller-retour de 10km). Un radar pédagogique (ah ah) m'a indiqué que je roulais à 15km/h. Dois-je investir pour éviter une amende ?
Mais comment faisait-on avant les radars, GPS et autres coyotes ? N'avons-nous jamais eu de compteurs kilométriques dans nos véhicules ?

Je plaisante, mais je reconnais que pour de multiples raisons, ce soir, je suis vraiment fatiguée. Et au lycée, nous sommes tous border line. Vraiment. C'est à la fois rassurant de ne pas se sentir seule dans ce cas, et inquiétant de voir que, quel que soit l'âge, la matière, l'expérience, nous n'en pouvons plus...

Heureusement, heureusement, Flûtine est rentrée chez elle, et j'ai l'impression de ne pas l'avoir quittée depuis lundi soir.

18 mai 2011

Et la choucroute, dans tout ça ?

Comme j'ai la tête occupée par autre chose aujourd'hui, je vous livre juste l'objet de mon inquiétude professionnelle et de mon désespoir, après huit mois de travail en seconde.

choucroute

Hier, je leur parle de la catharsis, de l'inconscient, tout ça. J'évoque juste Freud.

Aujourd'hui, je leur demande le nom de cet homme qui a théorisé l'inconscient, qui y a réfléchi. Néant. je les aide un peu : "Il est connu par tout le monde même si vous en l'avez pas lu. Je vous en ai parlé il y a moins de 24 heures. Il est Autrichien, du début du XXème siècle."

Et là, fuse une première réponse alors que je me tournais vers le tableau : "Mozart !"

Lasse, j'explique à cet élève que non, ça n'a aucun rapport. "Ouais mais des Autrichiens, on en connait pas beaucoup !" Je renchéris en disant que le but n'est pas d'appuyer sur un buzzer et de réagir au moindre mot : il faut cumuler les informations, et faire des croisements. Je réitère donc ma question du "qui est-ce ?".
Et, pour m'achever, un grand niais qui a régressé lance à la cantonnade, fier de lui : "Hitler !"
Je lui demande de me rassurer et de me dire qu'il l'a fait exprès. Mais non, pour lui, c'était une "vraie" réponse. Là, j'ai comme qui dirait "craqué".

"Mais enfin, quel est le rapport avec la choucroute ? Je vous ai parlé du génocide juif ? De celui des homosexuels ? De la seconde guerre mondiale ? On étudie la tragédie au XVIIème siècle ! Réveillez-vous ! A votre place, j'aurais envie de creuser un trou et de m'y cacher, là, au lieu de rire. On en est là au bout de huit mois de travail ? On n'est pas à un jeu télé, bon sang !"

Je le reconnais, je suis peut-être allée un peu loin. Mais nous sommes à bout, en ce moment. A bout de forces, surtout. Et puis à bout de patience. Je ne sais pas si c'est la même chose dans tous les établissements de France et de Navarre, remarquez...

PS : lors d'un voyage en Angleterre récent, Nono, l'un de mes "cas difficiles" comme on dit poliment, a répondu au guide ceci :

"Dans quelle ville les rois de France étaient-ils sacrés ? -> "Roissy !"

"Non, c'est une ville célèbre pour son champagne..." -> "Champigny !"

Et d'accompagner ses réponses d'un geste victorieux et satisfait, car il était convaincu d'être pertinent.

Et devant la statue de Churchill, on leur demande qui est ce personnage anglais célèbre et influent : "Quasimodo ! "

 

 

14 mai 2011

Glaniller : pouvoir prendre le temps / avoir le choix.

J'ai encore passé une semaine de dingue au lycée, d'où ma légère absence. D'où, aussi, mon effondrement quotidien vers 22h, grand maximum. Mercredi, j'ai même sombré deux heures dans une sieste profonde, au retour du lycée. Parce qu'il faut dire que ne plus avoir cours à la fac ce jour-là, ça me fait un drôle d'effet.

Tout comme aujourd'hui, où je n'ai à gérer "que" les affaires courantes du lycée : remplir les bulletins avec les notes; m'occuper des fiches d'orientation; contacter des parents; corriger des copies; prévoir mon trajet pour aller faire passer le bac dans le 78 (ben oui, pourquoi le rectorat nous enverrait-il près de chez nous, je vous le demande ?); faire des mails à des élèves et à des parents mais aussi à des collègues; plancher sur mes voeux de classes pour l'an prochain. Là, je vous épargne les détails, évidemment.

Donc, aujourd'hui, disais-je, j'avais du temps pour moi. J'avais le choix, plutôt. J'ai un peu rangé la maison, un peu nettoyé. J'ai arrosé mes plantes : les premiers bourgeons de capucines sont en train d'éclore ! Je suis allée chercher un colis dans un relais. Je me suis acheté des céréales au magasin bio. J'ai pris le temps de lire un Philosophie magazine (ce qui est exceptionnel car 1) ce n'est pas arrivé depuis des mois, 2) j'ai un mal fou à lire depuis l'agreg). J'ai rêvé d'une grande maison avec Flûtine. J'ai encore et encore réfléchi à l'agreg (recevoir mon relevé de notes m'a évidemment à nouveau piquée au vif).

 

saint_jacques_2

Je songe aussi aux grandes vacances. Jusque-là, c'était assez flou, mais ça commence à prendre forme. Tout ce que je sais, c'est que j'ai envie de marcher. J'avais pensé (nous y voilà, dans mes "projets"), au moment de l'admissibilité, faire un bout du chemin de Saint Jacques. Pour boucler la boucle : marcher pour réfléchir à cette année si étrange, si déroutante; marcher pour me taire; marcher pour avancer physiquement, pour faire prendre forme à mes autres avancées, plus abstraites. J'aurais la possibilité de faire aboutir ce projet pendant que Flûtine ferait du bateau en Méditerranée avec sa mère. Je partirais donc seule. Je n'ai quasiment jamais fait de rando, pas de camping en dehors de l'an dernier, alors tout cela me fait un peu peur. J'hésite. Mais l'avantage, c'est que je peux me décider un peu au dernier moment.
Ensuite, nous marcherons ensemble, Flûtine et moi, ailleurs. Et nous aimerions louer un gîte, quelque part, pour inviter les amis. Faire de ce lieu temporaire un passage vivant. Joyeux. Comme nous aimerions aussi voir une maison vivante, mais qui nous appartiendrait...

10 mai 2011

Boulbanguer : être retourné(e) par une rencontre / croire à nouveau en quelque chose

En ce moment, les profs principaux courent après le temps. C'est la première vague des réorientations, et l'académie réduit à une peau de chagrin nos possibilités. De fait, les PP de seconde sont à cran. La semaine dernière, j'ai même cédé à la colère -ce qui n'est pas mon genre- lors d'une réunion d'urgence sur ces nouveaux délais : le proviseur n'a même pas rugi quand j'ai dit, la voix étranglée : "On nous demande d'accomplir en moins d'une semaine des miracles alors que l'on cherche à voir certains parents depuis huit mois ! Je vais bientôt me faire canoniser et je serai une sainte ! C'est aberrant ! On fait quoi, depuis septembre, selon vous ?"

En bref, tout le monde est à fleur de peau, et ça part à vau-l'eau.

Sauf que. Sauf que je viens d'avoir une maman au téléphone, et qu'elle m'a retournée. Je m'en voulais de ne pas l'avoir appelée avant, et je pensais me faire remonter les bretelles. Et elle commence par : "Vous êtes une femme formidable. Mon fils vous aime beaucoup." Je souris à l'autre bout du fil, de ce fils si discret en cours qui voulait absolument que ce soit moi qui aie sa mère au téléphone, et non mon collègue de sport co PP.
Sauf que j'apprends la situation de la mère, rongée par la culpabilité d'avoir vu son fils partir en seconde générale alors qu'il avait un projet professionnel.
Sauf qu'elle ne pouvait rien faire à ce moment-là pour l'aider : elle a enterré son fils ainé et lutte contre un cancer de la tyrrhoïde. Et qu'à l'époque, en fin de troisième, elle "était sur le billard", comme elle dit. Sa fille, doctorante en droit, s'est occupée de tout.
Sauf que le rectorat a pris le troisième voeu du gamin, le plus simple, par sectorisation, et n'a pas choisi son premier voeu professionnel.
Sauf que la mère est partie en clinique pour soins intensifs pendant des mois. Et qu'elle subit encore de la chimio. Et qu'elle pleurait au téléphone de vouloir "sauver" son petit dernier, avant la date "anniversaire" de la mort de l'ainé. Peut-être même avant de mourir.
Je voudrais vraiment l'aider. Je ferai mon possible, en espérant que la machine administrative ne broie pas cet élève. Je vois sa mère mardi prochain. Elle veut me faire une assiette de gâteaux :"C'est tout ce que je peux vous offrir pour vous remercier, laissez-moi faire ça !" Même si je lui dis que je prône la prudence, qu'on pourrait manger les gâteaux après l'affectation de son fils dans l'école qu'il veut. "Non, madame, vous êtes là pour aider mon fils, et c'est tout ce qui compte. Après, ça passe ou ça casse. Mais je veux vous offrir des gâteaux. La cuisine, c'est tout ce que je peux faire..."

 

gateaux4

Ce coup de fil m'a redonné l'envie de me battre, et m'a donné l'illusion d'être un peu utile et reconnue. Si cet élève a son école, mon année aura été sauvée. Cela peut paraitre excessif, mais face au marasme restant, je vous assure que cette femme a illuminé ma journée. Plus encore.

Je vous laisse : j'ai une lettre de recommandation à faire.

 

PS : j'ai aussi pu discuter avec celle qui m'avait "agressée" sur le Coran, fort calmement. Et ça m'a fait du bien. Et je le lui ai dit.

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