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Prof et plus si affinités
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Prof et plus si affinités
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19 septembre 2010

Mignon potret

Dès potron-minet, me voici levée, car couchée tôt, donc réveillée tôt ! A 6h30, j'ai ouvert les yeux, et j'ai sommeillé ensuite une heure.

photocabine_8_

Petit-déjeuner du dimanche : je me donne le droit à du pain grillé, et non à des biscottes. Mon programme du jour s'annonce chargé, et je pense que je l'étalerai aussi sur lundi...

  • Ranger l'appartement. Passer l'aspirateur et laver les sols. M'occuper de mes plantations de jardinières.
  • Aller chez Monop pour deux trois courses d'appoint.
  • Relire mes cours d'agreg, souligner, réfléchir, tenter de construire des plans... Lire les oeuvres. Encore et encore.
  • Préparer mes cours de la semaine.
  • Repasser l'Everest de linge qui m'attend.
  • Chercher les documents que l'assurance me réclame concernant le vol du scooter (pas retrouvé, évidemment). J'y apprends que ma franchise est de 308€. Je me demande ce qu'il me restera une fois cette somme retirée, sur un scooter qui avait cinq ans.
  • Remplir des papiers administratifs pour la formation d'agreg : je dois retrouver mon ancien numéro d'étudiante à la fac ! Impossible autrement d'avoir une carte d'accès.
  • Aller voir Tinette pour causer agreg.
  • Me faire tirer le portrait par quatre dans un photomaton.
  • Lutter contre l'envie de changer de tête en allant chez le coiffeur.
  • M'entrainer au tir.

Je sens que j'oublie des choses, là. C'est le comble.

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6 août 2010

La femme de...

L'an dernier, je suis partie deux semaines New-York (cf. les multiples entrées quasi quotidiennes que j'ai faites de là-bas, en avril). Pour me mettre dans l'ambiance, j'avais décidé, comme je le fais souvent, d'acheter des romans d'auteurs américains, se déroulant dans NYC.

auster_hustvedt

L'incontournable Paul Auster en faisait partie, ainsi que sa femme, Siri Hustvedt (j'ai un mal fou à retenir son nom). J'ai tardé à lire celle-ci. J'ai voulu commencer Tout ce que j'aimais il y a peu. L'intrigue avait l'air originale quoique sans aspect extraordinaire (la vie de deux couples d'intellectuels et d'artistes, voisins, dans NYC, au fil des années). Au bout de 80 pages environ, j'ai constaté que je m'ennuyais. Je ne me suis pas acharnée : je ne veux plus m'obliger à lire un livre par principe. Je ne trouvais aucun relief à cette histoire, même si le style de Hustvedt se laisse lire plaisamment -je crois.
En revanche, l'écriture d'Auster a quelque chose d'assez hypnotique, je trouve. Je suis toujours étonnée de constater qu'il traite certains sujets sans limites (l'inceste entre un frère et une soeur, par exemple), sans morale quasiment, et pourtant...Ses romans ouvrent tiroir sur tiroir, et c'est vertigineux.

Invisible (au titre déroutant lui aussi) m'a encore fait cet effet. J'ai clos l'ouvrage en restant sur une multitude de questions, sur des doutes, et en me disant qu'il me faudrait une relecture à rebours, maintenant.
Les traducteurs de ce type d'écrivain doivent à la fois s'arracher les cheveux, et prendre un plaisir fou à jongler avec un tel niveau de langue et de profondeur.

Si vous aimez être dérangé, bousculé par un auteur, et que vous ne vous êtes pas encore frotté à Paul Auster, je vous le conseille vivement. Et si vous connaissez déjà, je serais curieuse d'avoir votre avis sur la question !

3 août 2010

Pause estivale

Voilà, tout semble presque prêt. Flûtine est sur la route.
Je n'ai programmé qu'une entrée sur le blog, concernant deux lectures, et c'est tout. Silence radio pendant plus de deux semaines. Cela me fera du bien, et puis vous aussi, vous serez loin de l'écran, et c'est mieux ainsi.
Nous allons faire pas mal de kilomètres mais cela ne me fait pas peur. La voiture est sacrément chargée. Je vais bien vérifier le gonflage des pneus tout à l'heure. Il semblerait que la pluie soit annoncée pour demain soir sur notre camping. Dommage...

camping

J'ai emporté des lectures d'agreg (Montaigne encore, Racine et Robbe-Grillet). Juste pour les lire. Les connaître un peu. Les savourer. Laisser mûrir.
Par ailleurs, j'ai deux maillots de bain, mes appareils photo, mon vtt, mes affaires de rando et je suis heureuse de tout cela.

En attendant mon retour, je vous souhaite un beau mois d'août, tel que vous l'espérez.

Edit du 4 août : finalement, nous en partirons que demain matin. Ah, le travail...

11 juillet 2010

Ma vie, ma bibliothèque

Il y a de cela quelques semaines maintenant, Ed me proposait, par blog interposé, une entrée : raconter quel lecteur nous sommes. Puisque je suis en vacances, que les hirondelles tournicotent au-dessus du balcon, qu'une alarme de voiture a sonné toute la nuit et vient juste de s'arrêter, et qu'il fait encore frais, je m'y mets !

Snapshot_20100607_2


La lectrice que j'ai commencé à être

Comme j'ai peu de souvenirs d'enfance, je rassemble des images et des dires pour raconter ces débuts.

martine

Je sais que ma mère me lisait des contes le soir.  C'est aussi elle qui m'achetait régulièrement les albums Martine, les énormes albums de BD type Spirou, et il y avait, je crois, des livres de la bibliothèque rose et verte quelque part... J'ai donc lu le Club des cinq, forcément, et auparavant Oui-Oui.

Spirou_1

Mais j'étais très intriguée par les anciens ouvrages de mon grand-père maternel (mort avant ma naissance), rangés sur une étagère basse, derrière un fauteuil, aux mots étranges sur les tranches, avec des Z : Balzac, Zola...

Et pour contenter ma curiosité, mon père m'offrait régulièrement des encyclopédies par thème, que j'adorais. Je ne les trouve plus aujourd'hui, et je ne sais ce qu'elles sont devenues. Les titres étaient assez simples : Pourquoi ?, Comment ça marche ?, Quand ?, etc. Ma culture s'est généralisée grâce à cela, je crois.

La lectrice pré-adolescente

Dans un certain désordre chronologique, sachez que j'ai poursuivi ma lecture de BD (pas des titres cultes) avec, par exemple, Clifton, que j'aimais beaucoup. J'aimais lire tout ce qui me tombait sous les yeux, de la pancarte de publicité au magazine léger, en passant par feuilleter les livres de mon père ou tenter d'en lire la 4ème de couverture.

Clifton

En 6ème, j'ai eu une prof assez extraordinaire, petit bout de femme qui avait une culture classique et un esprit jeune, ouvert. Il me semble avoir lu des choses sur la mythologie grâce à elle. Je l'ai eue aussi en cinquième, mais je ne sais plus trop quel type de livres je lisais à cette époque. Est-ce là que j'ai lu Fred Ulhman ? Je l'ignore.
Toujours est-il qu'en cours d'année scolaire, notre prof a été absente. Elle n'est jamais revenue. On ne disait pas ces mots-là, mais elle devait avoir un cancer.
Du coup, en 4ème, nous avons vu défiler une série de remplaçants, tous aussi transparents les uns que les autres. L'une d'eux nous avait fait lire un Balzac (mon premier !), Eugénie Grandet. J'en ai un souvenir effroyable mais attendri, aussi : je l'ai lu avec mon dictionnaire à la main, presque. C'est là que j'ai commencé à apprendre du vocabulaire. Le réflexe du dico m'est resté.

Et puis en troisième, nous voyons arriver une énième prof à la rentrée. Désabusés, nous pensons qu'elle aussi repartira. Mais il semble que non. C'était Comtesse. Truculente et passionnée, elle me fait découvrir Philippe Soupault, Apollinaire...

J'avais acheté à la librairie favorite de mon père un premier ouvrage de poésie : Rimbaud. Je lisais sans comprendre, en trouvant cela magnifique. C'est à cette époque que je me suis mise à lire à voix haute, et que j'ai appréhendé le bonheur sonore de la lecture.

Me voilà donc plongée, à treize ans, dans la poésie. Un monde s'ouvre à moi.

Cette année-là, je crois avoir lu beaucoup. J'ai entamé une longue série de "classiques" : Balzac et Zola, Barbey d'Aurevilly, Colette (la série des Claudine), George Sand... J'en oublie énormément. Je me plongeais aussi dans des ouvrages de culture littéraire, j'apprenais les mouvements, je créais des réseaux intellectuels...

La lectrice adolescente

On attaque la période très faste... Riche de ce que Comtesse m'avait enseigné et de ce que j'avais appris seule, je fais mon entrée en seconde à la fois angoissée, exaltée, et un peu sûre de moi.
C. (dont j'ai reparlé récemment) nous accueille avec un test de culture littéraire (idée que j'ai reprise depuis que j'enseigne !) : j'ai 17 sur 40. Je me souviens encore de ce camouflet. Je redeviens modeste, et je lis, je dévore, j'apprends, je bois les cours. Je note toute référence donnée par C. dans les marges de mon cahier, ce qui me permet ensuite de passer des heures à la Keufna pour les trouver, les jauger.
C'est là que je me suis réellement ouverte à toutes les littératures : en deux ans, j'ai découvert par exemple Herman Hesse, Toni Morrison, John Fante, Christian Bobin, John Irving, Jim Harrison, Yukio Mishima, Virginia Woolf, Stefan Zweig, Paul Auster...

Woolf

Il va sans dire que je frétille, que je me passionne, que je brûle avec l'enthousiasme de l'adolescence.

La lectrice post-Bac

Deux années de prépa, ça marque. C'est la période où j'ai le plus lu, autant par force que par raison. Le plaisir s'émoussait à mesure que l'on m'humiliait. Non : le plaisir n'était pas toujours la partie la plus visible de l'iceberg. Par exemple, lire cinq Balzac en quinze jours, avaler des Point Seuil histoire, connaître par coeur Le Porche du mystère de la deuxième vertu de Péguy ou faire un exposé sur la finitude chez Sartre en lisant L'Etre et le néant alors que mon père venait d'être insinéré, tout cela relevait de l'exploit intellectuel et émotionnel, comme si nous étions des animaux de cirque.

Pour autant, même si j'ai occulté quasiment tout énormément de références, de notions, j'ai appris aux forceps et cela m'est resté ancré, quoi que j'en dise.

Le soir, quand ma mère rentrait tard du travail (dans la restauration), elle me trouvait en position assise dans mon lit, toutes lumières allumées, un livre à la main, un cahier à côté de moi... endormie profondément. Elle éteignait, et je ne m'en rendais pas compte. Je lisais tout le temps : dans le métro, chez moi, le soir, le matin, durant les vacances, tout le temps.

J'ai souvenir d'une expérience assez traumatisante d'une lecture de l'époque : celle de La Nausée de Sartre. A cause de ce fameux exposé sur la finitude, je lisais du Sartre à tout va (avec énormément de plaisir; j'ai eu ma période existentialiste à cette époque). Dans le métro bondé, un matin, j'étais absorbée par ma lecture, quand je sens tout le monde bouger à une station. Je relève la tête, et je perçois donc tous les passagers descendre de la rame pour en prendre une autre à Invalides, sur le quai d'en face, en raison d'un souci technique. Je voyais la scène avec trop de recul, comme absente. Témoin de ce mouvement de foule non loin du convoi animal, j'ai ressenti la nausée, vraiment. Expérience physique de ma lecture, comme j'en ai rarement eu.

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La lectrice adulte

J'ai bien plus de mal à vous en parler, étrangement. Je peux vous renvoyer à la catégorie Lektur sur mon blog, par exemple. Vous dire aussi que j'ai poursuivi ce mélange entre classiques et modernes, entre différents genres. Je lis aussi depuis quelques années des auteurs contemporains vivants.

Mais il y a eu deux années post études durant lesquelles j'ai fort peu lu, quand même : j'avais fait une overdose avec la prépa, je pense.

Je me sens toujours fort curieuse de découvertes, d'expériences nouvelles. Cette année, l'Agreg va me forcer à lire Montaigne, une poétesse russe ou encore Césaire. J'aime cette variété.

Et enseigner en lycée m'y oblige aussi : je détesterais la répétition complète d'une année sur l'autre.

Des questions dans la salle ?

Snapshot_20100607

PS : N'allez pas croire que j'associe mes lectures à ma scolarité. Seulement, les classes me servent de repères chronologiques et culturels.

15 mars 2010

Un joli collier

Il y a longtemps que je ne vous ai fait faire un petit tour dans les dernières perles de mes élèves... Détendons-nous donc un peu, ça peut pas faire de mal, comme dit Guillaume Galienne.

perles_coquillage

1ère, bac blanc sur le théâtre absurde
* les personnages de Beckett sont très débiles
* le sorte d'ascenceur émotif
* on ne dit pas d'un arbre qu'il est mort
* il débute un monologue qui à la fin clôture la pièce
* sa bernoire (= baignoire), des sabaux (= sabots)
* Voltaire avec Géminale...
* contrement à celle qui la cache sous des implicites très aigus que seul les académiciens peuvent décryptés
* cette pièce n'était pas prisonnière de fixation / cette pièce est un état pur d'imagination
* Née le 16 janviers 1993 (date de naissance de l'élève, marquée deux fois en entête)
* Ionesco (1912-1994) est un auteur du XVIIIème siècle
* faisons comme si nous étions au XXème siècle
* Ionesco a donc pointé son doigt sur l'originalité de son texte
* cet extrait a une fonction réclamatrice
* obtenir la paix de cette guerre
* les hommes et les femmes sont pareils, il y a juste le sexe qui change
* toutes personnes à les mêmes droits
* cela mauribile de voir cela
* des pièces on était reprise
* chacun percevra et comprendra d'une manière différente à quelqu'un d'autre
* le théâtre peut erroner les idées exposées
* crechendo / l'acte de noeud
* Bartholo montrant Marceline en la doigtant (no comment, j'en suis tombée de ma chaise en corrigeant)
* il montre la profitation d'un homme sur une femme
* le pronom subjective "je"

1ère, interrogation de lecture sur Iphigénie de Racine
* se mettre les dieux à dos
* t'en bien que mal
* Achille, le captivateur d'Eriphile
* on retrouve la notion du valet du maître amoureux de l'homme de la maîtresse

Seconde, interrogation de lecture sur Fahrenheit 451 de Bradbury
* ils ont une vie de fuiyares
* l'histoire se déroule vers 1790
* la ville se retrouve anéantie car la guerre explose
* transgraisser la loi (je l'adore, celle-là !)
* ce livre est une littérature / ce livre est un livre qui parle de livres (et c'est pas faux !)
* des otodaffés
* de la valeur alarmante
* ils s'enfuisent
* des hopitales psychatrique

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8 janvier 2010

Mots et muesli

lecture_Morisot

Berthe Morisot, La Lecture

Ce soir, là tout de suite au moment où j'écris, j'aurais dû aller me racheter des céréales et poster un paquet et une lettre. Mais le froid qui tenaille m'a retenue, et j'ai préparé mes courriers moi-même avec de jolis timbres. Je les déposerai demain dans la boîte jaune énorme, pas loin du lycée.
Et puis je finirai les miettes de muesli au petit-déj, ça suffira.
Sinon, aujourd'hui, j'ai pu finir de corriger le satané paquet de copies de type Bac en ES car mes STG m'ont entourloupée, je crois. Explication : j'ai fini plus tôt car j'ai déplacé deux heures de cours au dernier moment pour arranger l'un des deux groupes. Prévenue à 13h (alors que je les avais à 14h...), je leur ai proposé un seul créneau horaire : rattraper les cours mardi matin, de 8h à 10h. Ils m'ont juré leurs grands dieux qu'ils seraient là, alors que cela leur fera trois heures d'affilée de français pour certains... Si j'ai des absents, ils seront collés, et je ne ferai plus aucun effort de ce genre. Ils sont prévenus à l'avance.

Ceci étant, je suis rentrée vers 15h, et j'ai donc corrigé les onze copies de commentaires composés restantes. Le bilan n'est pas si mal en ES : ils progressent globalement, et appliquent mes conseils. Ouf !

Mes secondes m'ont beaucoup agacée ce matin car j'attends d'eux de la participation (mes cours actuels ne peuvent s'en passer), et je suis face à des adolescents aussi réactifs que des poissons morts sur un étal. Est-ce moi qui suis moins patiente en ce moment ? Ou alors cette léthargie me pèse de plus en plus. Ou bien ils sont tout bonnement plus pénibles...

Quant aux STG, ils sont largués et face à leur manque d'armes pour lutter, ils optent pour l'insolence, la forfanterie, la bêtise grasse, tout cela au choix. L'un d'eux m'a dit, parce que je le remettais en place (il essaye la carte du sourire enjôleur avec les adultes femmes, pensant naïvement que nous pourrions être sensibles à ses charmes) que je ne suis pas drôle. "Ah mais mon cher, je ne suis pas Bozo le clown ! Vous n'avez toujours pas compris que je ne suis pas là pour faire rire. Je suis votre prof de français qui vous amène au Bac, pas Bozo !" Voilà le type d'échange dans lequel je suis obligée de tomber, au milieu d'une explication d'un extrait de Beaumarchais...
Mon impuissance -et celle de la littérature, celle des mots- face à eux, face à leurs difficultés; mon impossibilité à les atteindre, mon inutilité -oui, c'est cela, c'est ce mot autour duquel je tournais depuis si longtemps- me dévastent parfois, me minent beaucoup, m'inoculent quelque déprime souvent, me découragent de temps à autre...

Ah,et puis cela n'a rien à voir -quoique-, mais je me fais bêtement un complexe d'infériorité face à mes copines agrégées. Je me sens terriblement en-deçà de leur niveau. Je ne lis plus trop, et même mes Télérama me terrifient : ils s'accumulent depuis des semaines, toujours enfermés dans leur enveloppe de plastique fin... Et pourtant, j'ai mille envies de lecture. Je ne sais pas m'expliquer ce phénomène.

28 septembre 2009

Femmes, je vous aime (attention, cette entrée risque d'être fort longue...)

Il y a bien longtemps que je n'ai fait une entrée sur mes lectures... Celles que j'envisage, ou celles qui sont achevées. Et comme Ed a lancé une petite requête aux bloggeurs qui la lisent, je me lance ! (Même si je ne crois pas en une écriture féminine...)

Voici donc des lectures d'écrivains femmes qui m'ont marquées (NB : je déteste l'appellation nouvelle d'écrivaine ou de professeure, que vous ne verrez jamais sous ma plume). Mes choix vous paraitront souvent classiques, et je m'en excuse à l'avance...

duras_douleurDuras_mer__crite

La première qui me vienne à l'esprit, c'est Marguerite Duras. J'ai eu ma grande époque, depuis le lycée jusqu'à la fin de mes années d'études. Mes deux livres les plus marquants ont été La Douleur et L'Amant. Pour des raisons fort différentes, d'ailleurs. Le premier parce qu'il est la douleur sur papier, et que j'y ai découvert un aspect de sa vie que j'ignorais : la résistance, le lien fort avec celui qui allait devenir plus tard président de la République, son mari déporté... Le second, bien plus connu, pour sa sensualité, ce regard acéré sur l'existence, l'adolescence, la famille. Enfin, un dernier ouvrage m'a bouleversée : La Mer écrite. Il est paru juste après sa mort, que j'avais apprise alors que je passais un stage BAFA. J'étais la seule à être bouleversée, et peu connaissaient Duras. Ce petit livre est composé de photographies, commentées par Duras. C'est la quintessence de son art et de toutes ses années d'écriture, à mon sens. Un écriture sèche, humaine, désarçonnante.

Yourcenar_Anna_sororColette_pur_et_impur

Ensuite, j'hésite entre deux monuments de la littérature, qui m'ont toujours impressionnée fortement par leur intelligence -et le mot est faible. Il s'agit de Marguerite Yourcenar et de Colette.
Assez vite, vers quatorze ans, j'ai voulu lire la série des Claudine, sans trop savoir pourquoi. Enfin, si : Comtesse adorait Colette, je voulais donc à la fois comprendre pourquoi, et me rapprocher d'elle de cette façon, sans doute (la littérature a été toujours été pour moi un moyen de grande proximité intellectuelle avec ceux que j'aime). J'ignorais que j'allais tomber sur une écriture aussi magistrale, à la fois simple et ciselée comme les plus merveilleux cristaux de Bohême... J'ai vite arrêté les Claudine pour passer à d'autres oeuvres telles que La Chatte ou Le Pur et l'impur. Depuis, j'ai investi dans les volumes de la Pléiade, jamais ouverts : ils me font presque peur par leur beauté... Je dis toujours que si je pouvais avoir le dixième du vocabulaire de Colette, je serais ravie, par exemple.
Mais je crois que ce syndrome d'infériorité est encore pire avec Yourcenar. C'est l'une des intellectuelles qui me foudroie par son intelligence. Elle n'avait même pas besoin de parler : son regard brillait autant que son intellect. Son écriture me paraît souvent trop profonde; j'ai l'impression que quelque chose d'important m'échappe et que je ne suis pas capable de la comprendre... J'ai lu son autobiographie, dont la première phrase m'est restée en mémoire : "L'être que j'appelle moi vint au monde le 8 juin 1903..." Mais aussi Anna Soror et Feux. Je n'ai jamais dépassé quelques pages sur Les Mémoires d'Hadrien. J'ai en mémoire un entretien de Pivot avec Yourcenar, qui m'avait saisi et hypnotisée. J'aimerais beaucoup le revoir, d'ailleurs.

Lajja

Ensuite, même si l'écriture en soi n'est pas excellente, j'avais envie de mettre dans cette liste Taslima Nasreen, lue dans les années 90. Cet écrivain était condamné à mort dans son pays, le Bangladesh, pour avoir défendu le droit des femmes... Livrée à une fatwa systématique, elle s'est exilée dans de nombreux pays, dont la France. Son parcours m'intéressait et j'étais dans mes années de révolte. Du coup, C. m'avait offert son roman à sa sortie : Lajja.

Woolf_OrlandoBeauvoir_2_me_sexe

Pour finir, car il y a peu de femmes dans ma bibliothèque, mais c'est l'histoire de nos sociétés qui veut cela, je terminerai avec encore deux "classiques"  : Virginia Woolf et Simone de Beauvoir.
Woolf, je l'ai lue progressivement, à partir de la khâgne, je crois, ou un peu avant. Mon souvenir le plus net, c'est Orlando. Et Woolf, c'est comme Yourcenar : trop intelligent pour moi, je pense. J'aime pourtant sa perception du temps et de la solitude... Entre les actes m'avait laissée perplexe, et je crois me souvenir que Mrs Dalloway aussi.
Quant à Simone de Beauvoir, le coup de coeur est venu après celui pour Sartre (il semblerait que pour beaucoup de lecteurs ce soit le cas), alors que j'avais eu en cadeau pour mes dix-huit les Mémoires d'une jeune fille rangée, avec une superbe dédicace de mes professeurs d'espagnol et de dessin de terminale, époux à la ville et parents d'un ami. Je reviens à Beauvoir, sans doute avec l'âge et grâce à mes études. J'avais dû la lire trop jeune, sans doute. Et l'un de ses romans, L'Invitée, n'est quasiment plus lu aujourd'hui. Là, j'ai décidé de me plonger dans Le Deuxième sexe et de peut-être relire ses mémoires, avec la suite, La Force de l'âge.

Ce que je constate surtout dans cette liste réduite, c'est qu'il m'est fort difficile de scinder les oeuvres de la vie de ces auteurs. Je m'explique : je crois qu'elles me fascinent parce qu'elles ont des parcours qui me passionnent, parce que leur courage, leur foi en ce qu'elles faisaient est admirable, parce que j'aurais aimé avoir leur force, leur subtilité, aussi.

Si je reprends tous ces noms, il ne s'agit que d'intellectuelles engagées, qui ont lutté quelle que fusse leur époque, pour s'imposer dans leur art et vivre ce qu'elles avaient à vivre. Duras engagée politiquement, mais aussi pour le droit à l'avortement avec de Beauvoir (pensez au manifeste des 343 salopes); Nasreen avec l'épée de Damoclès au-dessus de sa tête depuis des années; Colette qui divorce, pratique le mime, aime femmes et hommes, fume; Yourcenar, aussi discrète que possible, qui vit son histoire d'amour avec une femme (connue en 1937... jusqu'en 1979, à la mort de celle-ci) et entre la première à l'académie française; Woolf, femme torturée et touchante, investie comme son mari dans la publication des auteurs en qui ils croyaient, et qui se suicide avec des cailloux dans les poches, en s'enfonçant dans l'eau...

Oui, elles me fascinent et j'ai envie de les relire, quitte à lutter contre ma petite intelligence, parce qu'elles le méritent tant, et que je n'aurai jamais fait le tour de leurs mondes...

"Le véritable lieu de naissance est celui où l'on a porté pour la première fois un coup d'oeil intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été les livres." Marguerite Yourcenar, Mémoires d'Hadrien

23 août 2009

Il restera de toi...

Mon père aimait cet écrivain...

"Il restera de toi" de Simone Weil

Il restera de toi
Ce que tu as donné.
Au lieu de le garder dans des coffres rouillés.

Il restera de toi de ton jardin secret,
Une fleur oubliée qui ne s'est pas fanée.
Ce que tu as donné
En d'autres fleurira.
Celui qui perd sa vie
Un jour la trouvera.

Il restera de toi ce que tu as offert
Entre les bras ouverts un matin au soleil.
Il restera de toi ce que tu as perdu
Que tu as attendu plus loin que les réveils.
Ce que tu as souffert
En d'autres revivra.
Celui qui perd sa vie
Un jour la trouvera.

Il restera de toi une larme tombée,
Un sourire germé sur les yeux de ton cœur.
Il restera de toi ce que tu as semé
Que tu as partagé aux mendiants du bonheur.
Ce que tu as semé
En d'autres germera.
Celui qui perd sa vie
Un jour la trouvera.


C'est tellement mieux que l'extrait de la Bible que je vais devoir lire, et qui fait partie des textes les "moins pires" du catalogue "Je suis la Vie", gentiment donné par le curé... Oui, on doit choisir dans un catalogue du pack all included de l'Eglise.

Qui veut un Rennie ?

6 avril 2009

Voyage littéraire

Dans quatre jours et moins de 19 heures, je serai sur le départ pour New-York ! Alors, selon vous, dois-je me lancer dans mes lectures américaines maintenant, ou attendre  d'être sur place pour en savourer la quintessence ?
Il s'agit de la désormais célèbre Trilogie new-yorkaise de Paul Auster et de Tout ce que j'aimais de Siri Hustvedt (sa femme).

Auster_trilogie
Hustvedt

18 mars 2009

Ceux-là

pluie_tombe

Ceux-là vivent dans le bruit, la violence banalisée, le manque de mots, et le peu qu'ils savent est souvent classé vulgaire par "les autres".
Ceux-là ne sauront peut-être jamais la douceur de la pluie qui danse sur les toits. Le silence qui rassure. Les mots d'amour susurrés, excitants et enveloppants. Le vent dans les arbres.
Ceux-là écoutent des rythmes souvent saccadés, des syllabes décomposées, des musiques rapides. J'aimerais qu'ils connaissent l'étrange mystère d'un Jay Jay Johnson ou d'un Antony. Qu'ils s'attardent sur les voix. Pas forcément la mienne, mais qu'ils y soient sensibles. Pour apprécier celles qui charment. Celles qui sont comme du bon vin, du nectar. Et qu'ils refusent celles qui agressent.
Ceux-là disent que la poésie c'est difficile, c'est ringard, c'est nul. Tout ce qu'il faut pour refuser de l'affronter, car elle est souvent trop belle pour être comprise. J'aimerais leur en offrir tous les jours si je le pouvais, s'ils m'écoutaient... Je leur lirais quelque chose chaque jour, gratuitement, sans devoirs ensuite, sans questions auxquelles répondre. Juste pour le bonheur du texte, de la lecture, de la voix qui soupèse chaque virgule et retient son souffle quand il le faut. Avec des silences.

Ceux-là sont mes élèves, majoritairement.

Certains les connaîtront, ces petits bonheurs sonores. Mais si peu...

voix_de_son_maitre_

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