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Prof et plus si affinités
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Prof et plus si affinités
31 octobre 2008

A toutes les absences

SP_A0006

Il y a
Les mots qu'on n'a pas dits
Et ceux qu'on ne dira pas
Il y a
La voix qui s'efface
Inexorablement
Il y a
Le grain de la peau
Que l'on recherche
Il y a
Tous les poèmes lus
Ou accouchés
Il y a
Toutes les larmes
Apparentes
Il y a
Celles que l'on retient
Il y a
Le chagrin
Que l'on tente de noyer
Il n'y a plus
Il n'y a plus
Et on doit l'accepter

Il paraît

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29 mai 2008

Mue

Quand j'ai fini ma journée de cours, je range consciencieusement et sans précipitation mes affaires; j'essuie le tableau; j'éteins les lumières, et je sors du bâtiment des matières générales d'un pas assez lent.
Je traverse la cour. Quelques élèves sont toujours là à jouer au basket. J'ai généralement dans les bras des livres, des photocopies. Mon trousseau de clefs pend à ma main droite. On y devine un ruban de couleur claire, idée de porte-clefs prise à C., il y a des années. Elle, elle avait un ruban de velours pourpre. Je trouvais ça beau et simple.

DSC_01720004

Je reviens en salle des profs pour déposer mes affaires. Un dernier coup d'oeil à l'ensemble, et je repars. Généralement, je me lave les mains dans les toilettes des profs car j'ai toujours la sensation d'être poisseuse avec les marqueurs et autres craies. Je prends enfin mon temps. Je me lave aussi des turpitudes du métier, je crois.
Je tourne à droite en sortant. Quelques marches hautes de deux centimètres au maximum me permettent de rejoindre le chemin principal. Le long de ce modeste escalier, il y a des rosiers. Je prends le temps de sentir à chaque fois les roses blanches, au parfum légèrement vanillé et doux.

rose_blanche

J'emprunte ensuite le sentier qui amène au parking des enseignants. Et là, c'est le moment que je préfère : juste avant les arbres en fleurs, il y a toujours une odeur de terre mouillée, subtile et fraîche. Un léger parfum de printemps. Quand il pleut, c'est encore plus soutenu. J'inspire profondément. Je peux me recentrer sur moi-même, lâcher la pression, laisser tomber le costume de prof, et revenir en moi-même. Mon pas se ralentit encore plus car je cherche à retrouver encore cette sensation délicieuse, cette fragrance subtile et naturelle. Mais non. Elle est trop souvent unique.

En remontant encore un peu sous les arbres, je me sens protégée. Ce qu'il y a de merveilleux, alors, c'est la caresse du vent dans les feuilles. Si le vent s'invite, je peux l'entendre parler aux arbres de la cour, et à ceux du sentier.

Pour moi, c'est l'un des plus sons au monde.

vent_arbres

Maintenant, je peux rentrer à la maison.

31 janvier 2008

Etre lu

Duras1bis


"Ecrivain, c'est le métier qui suppose la plus grande liberté, le plus grand oubli, la plus grande paresse, la folie. Il faut être fou pour exposer, comme ça, son écriture. Se mettre dans un livre et vendre le livre. Il y a plus de pudeur chez la pute du Bois de Boulogne qui se montre toute nue. Ecrire est plus impudique. Il y a le livre entre la peau, le corps et le dehors. Et il faut surmonter tout ça."


Marguerite Duras

21 janvier 2008

Concours perso

Ayant gagné au quizz lancé par Ed il y a quelque temps, j'ai remporté le premier prix : écrire une note de mon choix sur son blog.

machine_a_ecrire

J'ai décidé d'offrir à tous les vents une courte nouvelle que j'avais écrite en 1994 (tout cela ne nous rajeunit pas !).  Il faudra donc être indulgent, puisque je venais tout juste d'avoir 19 ans... Quasiment aucune retouche n'a été effectuée, malgré l'envie qui me taraudait. Mais j'ai voulu jouer le jeu jusqu'au bout.
En la relisant, j'ai pensé à Ed. Lui offrir m'a alors paru être une évidence.

Pour lire La Femme d'en face, cliquez ici.

La seule chose qui m'embête, c'est que les remarques que vous ferez sur ce texte se retrouveront chez Ed... :-p

7 janvier 2008

Luciole

van_gogh_nuit

Je devais passer dans une rivière chargée et agitée. L'eau m'arrivait à la taille. Je portais un treillis, et pourtant, je semblais assez belle et féminine.
L'eau tournoyait autour de moi. Elle est entrée à son tour dans le flot inquiétant.
Elle est venue tout prêt de moi, me serrant à la ceinture, m'entourant de son bras. Elle a posé son front contre le mien, m'a souri puis a glissé sa tête au creux de mon cou, comme un oiseau.
J'avais eu le temps de voir ses grands yeux lumineux et d'un bleu profond. Ses cheveux longs ondulés étaient attachés lâchement en une queue de cheval approximative. Sa bouche était petite, très bien dessinée. Elle portait un rouge à lèvre coquelicot, étrange coquetterie dans ce contexte.
Une fois enserrée dans ses bras, son sourire en tête, je n'eus plus peur de cette rivière. Plus rien n'existait que cette tendresse et ce réconfort silencieux.
Au matin, mon réveil fut moins douloureux que je ne l'aurais crû : quelqu'un m'avait sauvée dans la nuit.

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22 août 2007

"Tu retourneras poussière..."

DSC_00112

elle a passé
sa vie
à enterrer
ses hommes

elle a passé
son temps
à nous happer
comme un monstre
merveilleux

elle a passé
sa fin de vie
dans le silence
et la recherche
de l'oubli

elle a passé
elle a passé
et son regard reste intact
gourmand
gouailleur

elle a passé
sur les roses
douce poussière
il vente peut-être
aujourd'hui

elle a passé
son coeur meurtri
le mien nourri
de son amour unique
et possessif

elle a passé
sa mort
à me sourire encore
et à se moquer
de ceux
qui ne profitent
de rien

elle a passé
elle ne peut
être
passé
passée seulement

23 juin 2007

Les oiseaux

moineaux7ts

Finalement, je comprends la Reine.
Donner quelques miettes aux oiseaux, c'est donner un sens à sa vie. On relativise. L'air triste de l'un, la malice de l'autre : tout nous ramène à des choses simples.

La Reine était tombée sur son balcon en voulant distribuer des biscuits aux moineaux. Et puis tout s'est enchaîné; sa mort semblait programmée. Irrémédiable. Rapide et terriblement lente.
Pour les oiseaux. Sans eux, sa vie n'avait plus de sens. Plus de joie. Malgré nous.

J'ai nourri quelques moineaux ce soir. Lasse de ma journée, ils m'ont fait sourire. Comme si mon bonheur dépendait du leur. Ou le contraire. Je ne sais plus.
On relativise. Une miette, du bonheur. De l'or friable.

Je suis riche, ce soir. Et la Reine me sourit.

18/06/07, 19h40

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