Luciole
Je devais passer dans une rivière chargée et agitée. L'eau m'arrivait à la taille. Je portais un treillis, et pourtant, je semblais assez belle et féminine.
L'eau tournoyait autour de moi. Elle est entrée à son tour dans le flot inquiétant.
Elle est venue tout prêt de moi, me serrant à la ceinture, m'entourant de son bras. Elle a posé son front contre le mien, m'a souri puis a glissé sa tête au creux de mon cou, comme un oiseau.
J'avais eu le temps de voir ses grands yeux lumineux et d'un bleu profond. Ses cheveux longs ondulés étaient attachés lâchement en une queue de cheval approximative. Sa bouche était petite, très bien dessinée. Elle portait un rouge à lèvre coquelicot, étrange coquetterie dans ce contexte.
Une fois enserrée dans ses bras, son sourire en tête, je n'eus plus peur de cette rivière. Plus rien n'existait que cette tendresse et ce réconfort silencieux.
Au matin, mon réveil fut moins douloureux que je ne l'aurais crû : quelqu'un m'avait sauvée dans la nuit.