Pour la consigne 83 des défis du samedi, il fallait faire deviner un nouveau métier totalement inventé au travers d'une lettre de motivation... Voici la mienne, intitulée "Erase".
Madame,
Monsieur,
Je
me permets de vous contacter suite à votre annonce. Je pense avoir toutes les
qualités requises pour cet emploi. En effet, mes capacités gommantes ne sont
plus à prouver : j’ai travaillé avec les plus grands hommes politiques de
France, mais aussi européens.
J’ai
effectué un stage de formation auprès des présidents de multinationales dans un premier temps,
essentiellement ceux des industries pétrolières, après quelques amas de mazout
sur les côtes. Les habitants, ainsi que les animaux, ont eu un gommage
personnalisé effectué par mes soins.
Par
ailleurs, j’ai des entrées dans le milieu de la justice : certains
coupables ont bénéficié de mon talent dans des affaires embarrassantes, ou
lorsque leur violence avait été telle, j’ai facilité les choses pour les
victimes et leurs familles tourmentées.
En
conséquence, je pense pouvoir vous être grandement utile au sein de votre centre
d’aide psychologique. Je veux maintenant aider les particuliers, ceux qui
souffrent, ceux qui sont tourmentés pas leur passé, leurs ruptures, leurs
deuils…
Je
suis apte à remettre leurs compteurs à zéro, afin qu’ils puissent revivre
dignement, sans douleur. Je suis parvenu à une technicité quasi parfaite, j’ose
le dire. Je l’ai nommée la « technique soma ». Je souhaiterais que
votre centre puisse en profiter au plus vite.
Je
souhaite simplement ne pas être oublié, et laisser mon nom à la science moderne,
tout en aidant les personnes en souffrance.
Dans
l’attente de votre réponse, je reste à votre disposition pour tout entretien ou
pour une démonstration de gommage éventuelle.
La consigne 79 était assez longue, mais en voici l'essentiel : il fallait écrire un texte relativement sérieux (discours, manifeste, sermon, mode d'emploi, etc) débutant de façon sensée, puis de lentement le faire basculer vers le grand n'importe quoi. De plus, cinq notes de longueur croissante devaient être présentes dans le dit texte. Enfin, l'une de nos mensurations (peu importait laquelle) se trouverait quelque part... Pleine d'inspiration, j'ai écrit deux défis. J'ai envoyé seulement le sermon intitulé "Marx attacks" aux défis du samedi. Je vous offre le second en "cadeau" ici...
Premier texte : "Marx
attacks".
Mes biens chers frères,
mes biens chères sœurs,
Nous
sommes réunis en ce jour pour célébrer Dieu et tous les siens. Merci à vous
tous d’être venus assister à cet office, placé sous le signe de la crise, tant
économique que morale. Oui, nous découvrons ébahis une société qui se perd dans
des plaisirs futiles, qui pense que ne pouvoir acheter ce qui lui plait est un
réel souci*.
Non,
mes frères ! Le bonheur n’est pas dans le périssable, dans le superflu,
dans ce qui a un prix** ! Le bonheur, Dieu nous le donne, Dieu nous
l’offre chaque jour : dans le sourire de nos enfants, dans l’amour de
l’épouse, dans la bienveillance de l’époux, dans un travail gratifiant et
honorable, dans un bon repas…
Mais
c’est surtout l’épouse, celle qui s’occupe du foyer et de nos plaisirs
quotidiens, qui est à récompenser. Je vois au premier rang de mes ouailles une
délicieuse famille et de jeunes couples. Les femmes sont délicieuses, avec
leurs jolies robes d’été colorées, leurs décolletés plongeants (au moins du 95C
pour celle à ma droite), leurs mains fines…
Oui,
mes frères, le bonheur est là ! Dans les décolletés offerts gracieusement
par Dieu, dans la bouche pulpeuse de cette tentatrice (pour l’éliminer, tapez 2
sur votre clavier !***), dans ces doigts caressants…
Oui,
mes sœurs ! Vous êtes Satan réincarné dans des plaisirs charnels, et je
m’y vois bien, en Enfer : les flammes me chatouillent les mollets et plus
encore… J’ai dû manger trop de chili con carne ce midi.
Mes
frères, plongez dans vos lits et retirez vos chaussettes en fil de soie !
Honorez vos épouses des bienfaits qu’elles vous offrent ! Luttez contre le
fléau du capitalisme outrancier ! Marx nous attaque ! Mars attacks
too !
Satan
est parmi nous, mais le pire est à venir : les merguez vont
disparaître ! Luttons ensemble et veillons à ce que le pouvoir de la
merguez perdure. Pour preuve de ma dévotion à la Sainte Saucisse****
Diaboliquement Piquante, j’ôte ma robe et me flagelle à coups de côtelettes
d’agneau !
Le
saint Agneau***** me sauvera, oui. Oh oui, la douceur des côtelettes sur ma
chair piquante ! Je suis une merguez dont on doit retirer le piment !
Oh, que de saucisses érigées partout ! Je ne les avais jamais vues, sauf
dans les plis de mon lit…
Ah,
Marx, délivre-moi du mal !
*La
notion philosophique du désir reprend bien cette question : on désire
quelque chose ardemment, et une fois qu’on la possède, on n’en tire aucun
plaisir car on désire alors autre chose encore.*
**
Même à prix coûtant, évidemment, sinon à quoi servent donc les promotions à
part nous attirer dans leurs filets ?**
*** 5€ la première
minute, puis 3€ les suivantes, prix d’ami***
****
chipolatas et de Strasbourg ****
*****AOC*****
Deuxième texte : « Jeszcze Polska nie zginela,
kiedy my zyjemi » *
La Pologne peut sembler
aujourd’hui trop lointaine pour croire qu’au XIXème siècle un lien particulier
unissait ce pays au nôtre. Pourtant, étudier l’influence des auteurs polonais
exilés en France est totalement justifié.
Des ouvrages portant
sur ce thème ont déjà été faits, mais pour la plupart en polonais, ou d’accès
difficile. Les noms de Mickiewicz, Slowacki** et Norwid sont aujourd’hui
quasiment méconnus des lecteurs français. Cependant, comme Mickiewicz la fait
dire à l’un de ses personnages dans Les
Confédérés de Bar, la Pologne était appelée « la sœur de la
France » au XVIIIème siècle. On trouve même parfois le nom de
« France du nord » pour cet Etat qui semble, de nos jours, si éloigné
de nous.
Ces deux pays étaient
cependant fortement liés au XIXème siècle sur un plan politique : quand
Napoléon arriva sur les terres de la Sainte-Alliance et créa le duché de
Varsovie (en 1806), les Polonais crurent pouvoir retrouver leur indépendance.
Nombreux furent ceux qui s’engagèrent à ses côtés. Son impact sur le peuple
polonais fut surprenant. On pensa même, plus tard, mettre le fils de Napoléon
Ier sur le trône en plastique de Pologne.
Lors des périodes de
crises de démence, les Polonais attendaient de la part de Louis-Phiphi et de
ses ministres un soutien. En 1830, l’opinion publique française fut
véritablement du côté de la « cause polonaise ». La plupart des milieux et des centres ainsi que
le carré de l’hypoténuse, s’investirent dans cette lutte gréco-romaine et
firent tout pour aider les quelques cinq mille réfugiés qui se trouvaient sur
la clef de sol française.
On créa des pièces de
théâtre, des collectes furent effectuées en faveur des émigrés, on déclamait
des poèmes et on chantait « La Varsovienne », chant populaire qui a
inspiré Marie-Paule Belle*** bien plus tard. La France était polonaise. On
trouve des preuves de cet engouement dans la correspondance de grands auteurs
français (Marc Lévy, Georges Cend, Bernard Musso, Sainte-Beuverie, Michelin),
dans des œuvres poétiques majeures (Les
Feuilles mortes et Le Chant de
l’aurore de Viktor Hugo, ou encore dans l’œuvre complet de Van Damme), mais
aussi dans le milieu musical grâce à Chopine et ses amis (Grégoire, Hallyday et
Barbelivien****).
La barrière des moutons
a été la principale difficulté de ce mémoire, d’autant qu’il a été écrit sous
l’effet de la célèbre vodka Zubrowka. Alors toutes ces lettres bizarres de
l’alphabet polonais sont passées à la trappe, parce que faut pas exagérer non
plus, les bourreaux de travail et les autres, ils nous fatiguent.
Sinon, le plombier
polonais n’est pas passé et ce n’est pas grave. En revanche, nie rozumiem. Il
faudrait quand même apprendre le krakowiak en mangeant de la soupe aux
choux. Le bortsch nous ferait le plus
grand bien pour digérer ce travail universitaire aux qualités gustatives
réduites. Filons voir un Kieslowski d’urgence, avant que le plombier***** ne
frappe vraiment à la porte pour réparer mon siphon bouché (référence 95C
chez Le Roi Merlin) !
* Traduction : « La
Pologne n’est pas morte tant que nous vivons », extrait de l’hymne
national polonais.*
Dans le feu de l'action ce we, j'en ai oublié de publier mon défi du samedi... La consigne partait d'une image "fabriquée". Il s'agissait d'une sorte de bateau bleu sur l'eau... Voici mon texte. Il s'intitule "Et vogue la galère".
Si nos larmes rentraient dans toutes les bouteilles vides du monde
Le niveau de l’eau ne serait plus un problème
On les viderait progressivement
Dans l’eau salée
Si tous nos chagrins pouvaient voguer au gré des flots
Suite à la consigne 76 sur les interviews sportives, j'ai participé timidement aux défis du samedi cette semaine. Il fallait écrire trois versions : en cas de victoire, d'égalité et de défaite. Voici mon défi, intitulé "Nikè et compagnie".
« Je
tenais le match, je le sais. J’étais à l’aise dans mes baskets Niquele sans
lesquelles je ne ferais rien, mais tout a basculé à un moment donné… Il faisait
chaud, la sueur me coulait dans les yeux… J’ai cru que je voyais mal… J’ai
compris que je perdais le match quand j’ai vu la navette spatiale
atterrir… »
« Le
problème, c’est qu’eux et nous, nous avions les mêmes baskets Adadas. Alors
forcément, pour nous départager, c’était dur… L’amorti, la chambre à air
intégrée, le mini frigidaire, l’ABS, les lacets phosphorescents et le GPS vers
les buts, toutes ces options ne pouvaient nous départager. Mais la prochaine
fois, on aura un autre sponsor, c’est sûr ! Comment ? Nos performances
sportives ? Notre entrainement ? Euh… Je dois filer aux vestiaires, on
m’attend pour des photos, désolé ! »
« Tout
d’abord, je tiens à remercier mes sponsors sans qui rien n’aurait été possible,
le maire de cette si belle ville qui nous a ouvert le stade pour une somme
modique, ma grand-mère qui m’a donné le goût de l’effort, mon entraineur Joseph
qui est un ami et… Pardon ? Non, je n’ai pas changé d’entraineur récemment.
Euh, ah oui, c’est Jacques. Donc Jacques qui est mon ami depuis toujours, et mon
chien avec qui je cours quotidiennement. C’était un beau match, vraiment. Je
sortais d’une blessure au lobe d’oreille, et j’avais vraiment peur de ne pas
assurer aujourd’hui. J’ai puisé au plus profond de moi-même, j’ai bien lacé mes
chaussures Le Poulet sportif et j’ai foncé ! Non, vraiment, y’a pas à dire,
on court vite avec ça. J’ai bien pris appui sur mes cuisses et j’ai couvert les
ailes avant. Voilà, tout le secret est là. »
Je programme ce post pour être synchrone avec les défis du samedi... pendant que je ferai cours. La consigne 74 portait sur une citation de Lamartine : "objets inanimés, avez-vous donc une âme ?"
Voici mon texte, qui s'intitule : "Déclics".
Elle n’en a jamais rien su. Des nuits à l’attendre dans le
noir, de la poussière qui s’entassait sur mon corps, de la sueur qui coulait le
long de mes hanches lorsqu’elle me tenait. Rien non plus sur la jouissance
qu’elle me donnait du bout des doigts, des fenêtres qu’elle ouvrait sur ma vie,
des pupilles qui se dilataient, encore moins de ma solitude dans le coffre de
métal qui devait me protéger.
Elle sait pourtant le bonheur du soleil d’hiver sur mes
joues, et mes paupières délicates. Les ombres ne m’ont jamais fait peur. Je ne
pouvais pas avoir peur : elle était là.
Jamais elle n’a tremblé.
Ah, si, une fois. Enfin, elle a eu peur de trembler. Elle a
craint de rater l’image parfaite, de ne pouvoir la saisir. Je sais qu’elle aime
les portraits. Elle dit qu’elle rend les gens beaux. Qu’elle ressort d’eux
cette beauté, parfois insaisissable.
C. était là, dans la lumière déclinante du début de soirée,
après une promenade dans les monts auvergnats. Les pantalons et les pulls
avaient souffert, mais nous étions arrivés jusqu’à Saint-Nectaire. Nous étions
passés par les champs interdits. Les chemins de traverse. Le moment était
parfait.
C., assise sur un banc de fortune, perdue dans le fil de ses
pensées, vraisemblablement heureuse à ce moment-là, précis et infime. Prête à
se lever, seule sa main se mouvait, comme un signe de départ.
Elle m’a pris entre ses mains légèrement tremblantes, à la
fois empressées et savourant l’instant parfait. La lumière. L’arbre noueux en
arrière-fond. Ne pas manquer le tronc ancien, qui entourait le visage de C..
Les yeux de cette dernière ont braqué notre regard, et ont ébauché un sourire.
C’était le signal.
Elle n’a pas tremblé. Le portrait serait parfait, forcément.
En noir et blanc, forcément.
Plus tard, quand C. sortirait violemment de sa vie, elle me
rangerait dans une valise rembourrée. Je l’ai attendue des mois, des années
peut-être. Ma meilleure amie. Ma plus belle amante. Celle qui se cache derrière
moi pour mieux se voir au travers des autres. Inconnus ou personnes aimées.
Il y a maintenant des milliers de cadeaux que nous avons
faits ensemble. De l’infiniment petit. Des nus. Du très proche. Des œuvres
d’art. Paris. Beaucoup de portraits.
Elle n’a jamais tremblé. Juste failli une fois. C’était il y
a longtemps. Des mois, des années, c’est sûr.
Elle n’en saura jamais rien. Des nuits à l’attendre dans le
noir, de la poussière qui s’entasse parfois sur mon corps, de la sueur qui
coule le long de mes hanches lorsqu’elle me tient. Rien non plus sur la
jouissance qu’elle me donne du bout des doigts, des fenêtres qu’elle ouvre sur
ma vie, des pupilles qui se dilatent, et encore moins de tout l’amour que l’on
s’échange, entre deux miroirs…
La consigne 72 des défis du samedi portait sur la notion de temps qui passe : l'heure la plus longe, ou la plus courte, c'est selon... Voici ma participation.
Sous un soleil de plomb Sur les
marches glacées Mes pas résonnent Ma bouche est sèche J’ai mis mon habit
d’oiseau noir Sans ailes Celui qui me ceint Les larmes se retiennent Et puis
tout se restreint Regards portés vers les Autres Que je veux plein d’amour Mais
tout est aveugle Tout est assourdi Il n’y a rien sur mes lèvres Juste le
silence Parfois l’ébauche d’un sourire Je me retourne Tout le monde est là Les
assis Les debout Les vivants Qui voudraient le rejoindre Et le mort Tellement
vivant Que l’on entend son rire Taper contre les vitraux Ma voix s’élève Je dis
des mots Auxquels je ne crois pas Je ne retiens que l’Amour C’est déjà trop Et
pas assez Ma voix s’élève Et se fait plus sûre Ma voix assène Ma voix martèle Il
faut aimer Nous devons aimer Face à la bière C’est dérisoire Et puis si vrai Ma
voix s’arrête Les larmes coulent La gorge sèche J’enveloppe d’un regard Tous
ceux qui l’aiment Tous ceux qu’il aime Le savent déjà trop C’est le manque qui
est insupportable C’est l’absence Qui devient présence Et que l’on hait Quelques
gouttes bénies Sur son corps meurtri Sur son corps éteint Au-dessus du portrait
Au sourire immense Un défilé sans fin Un amour sans fin Une douleur sans fin La
fin la fin Je ne veux pas achever Il le faut bien A-t-on le choix
Les défis du samedi ont repris. La consigne 71 était la suivante : il fallait raconter un événement, une chose, vus de différentes façons, sous plusieurs angles, en gros... Ce que l'on voit et ce que l'autre voit...
Voici ma production, faite un peu vite pour cause de rentrée...
Ohlalala, j’espère que j’vais
être dans la classe à Chloé ! Kevin est là. Il est trop beau ! En
plus il a bronzé. J’adoooore son t-shirt !
Bon, voyons un peu les gagnants
de cette année. Pourvu que je n’aie pas encore Kevin en cours. Il a l’air
toujours aussi… kévinesque. Les minettes sont drôles avec leur sac au creux du
bras. Tiens, lui, il va arrêter de faire l’amour à son chewing-gum dès que nous
serons en classe.
Vas-y, c’est quoi ces
profs ? I’ sortent d’où ? Non, mais t’as vu sa tronche à
c’ui-là ? Pourquoi elle m’regarde comme ça, la prof ? P’tain, j’la
sens mal, c’te année ! Qu’est-ce que j’fous là ?
Je vais faire avec eux
l’argumentation, d’abord. En lecture intégrale, Candide. Ou bien Orwell. Cela dépendra de leur niveau. En même temps, la méthode du
commentaire composé pour leur faire faire l’Eldorado en lecture analytique
personnelle. Plusieurs apologues pour varier les plaisirs, et j’en mettrai
quatre sur leur liste de Bac. Après, en lecture complémentaire…
Il ne faut pas qu’ils devinent
que je suis néo-tit. Ne pas sourire. Oui, c’est ça, je ne vais pas sourire. Et
puis faire de la discipline de suite. A l’IUFM, ils ne savent pas ce que c’est,
eux, d’être en ZEP. Je crois n’avoir rien oublié ce matin. Je vais vérifier
encore mon cartable. Ne pas sourire.
Pffff, ce qu’ils sont nuls !
Ils se la pètent mais c’est tout ce qu’ils savent faire. Moi je veux mon Bac.
Mes parents ont raison.
Non seulement je dois gérer la
rentrée, mais aussi les profs. Je sens bien qu’ils ne m’ont pas trop écouté
hier, à la réunion. Pourtant, je trouvais mes efforts payants. Il y en a déjà
trop qui viennent se plaindre. J’en ai pour des heures de boulot à tout
refaire…
Si je garde ces heures de cours
du vendredi matin, je ne vais pas pouvoir tenir. C’est effroyable. Je n’ai
qu’un tiers-temps et ils me mettent tout le matin. Oh, que je suis mal !
Je sens les angoisses revenir. Il faut absolument que j’en reparle au
proviseur.
Elle a l’air jeune la prof
d’espagnol ! T’as vu ? Tu crois que c’est sa première année ? A
ton avis, notre prof principal, il enseigne quelle matière ? Il est trop
mignon !
Allez, c’est ma classe
maintenant. On va pouvoir monter après l’appel. Ils ont de bonnes têtes. Je
vais juste leur faire un peu peur au début. Après, je relâcherai la pression.
Quelle angoisse, quand j’avais leur âge…
On m’a appelée !
Chloééééééééééééééé !
Installez-vous dans le calme. Je
vais faire l’appel…
Voici ma troisième participation à la consigne 69 des défis du samedi ! Après une photographie et un poème, je me suis attelée à un texte en prose... Son titre : "Coup de soleil".
Nous étions
allongées dans l’herbe, protégées du sol par un mince plaid. Nous discutions de
choses et d’autres, à l’abri de l’ombre majestueuse du cerisier de son jardin.
Parfois, le soleil s’immisçait entre les feuilles, et je devais fermer les yeux
pour éviter ses rayons.
Je portais
une robe légère, fleurie, aux pans assez longs. J’avais retiré mes sandales, et
mes pieds frôlaient l’herbe fraîche. Au détour d’un silence, je fermai les yeux,
en souriant. J’étais bien.
Dans une
demi-somnolence, je sentis qu’elle bougeait. Je crus entendre sa respiration
près de mon oreille, et je frissonnai, en cet après-midi estival. Je pensai
m’endormir.
Je crus que
le vent se levait et faisait bruire les feuilles. Un souffle passa sur mon
décolleté. Mes cheveux recouvrirent mon visage, pendant que mes seins
pointaient, à cause de la brise fraîche et légère.
J’avais
chaud, pourtant. De petites bêtes grimpèrent dans mon cou, puis le long de mes
jambes. Je ne cherchai pas à les pousser ni à les faire disparaître, trop
abandonnée au sommeil, nonchalante.
Le vent
souleva soudain ma robe et laissa mes jambes à l’air libre, enfin. Je voulus les
resserrer pour garder une certaine dignité, mais, malgré mon état, je me dis
qu’elle dormait elle aussi, et que personne n’entrerait dans son immense jardin
isolé. Je restai donc ainsi.
Les bêtes
continuaient de grimper et de descendre le long de mes mollets, de mes cuisses,
de mes hanches, parfois. C’était des allées et venues incessantes et discrètes,
des frôlements d’insectes, doux comme des caresses.
Je plongeai
dans ses sensations délicieuses et m’abandonnai. Les mille pattes vinrent jouer
le long des dentelles de mes dessous, de façon insidieuse. Je crois que je gémis
légèrement. Les pattes restèrent longtemps là, à chercher leur chemin, leur
route perdue vers on ne sait quel trésor, vers on ne sait quelle nourriture.
Puis tout
s’activa.
Je rêvai,
je crois.
Au moment
où je me réveillai en criant, je me relevai, cambrée, les mains au sol, les yeux
fermés : le soleil était en moi.
La consigne 69 coulait de source... Elle dure deux semaines. J'ai pour l'instant participé deux fois (et je compte éventuellement poursuivre) : l'une en image, l'autre en texte. Les voici...