Consigne 79
La consigne 79 était assez longue, mais en voici l'essentiel : il fallait écrire un texte relativement sérieux (discours, manifeste, sermon, mode d'emploi, etc) débutant de façon sensée, puis de lentement le faire basculer vers le grand n'importe quoi. De plus, cinq notes de longueur croissante devaient être présentes dans le dit texte. Enfin, l'une de nos mensurations (peu importait laquelle) se trouverait quelque part...
Pleine d'inspiration, j'ai écrit deux défis. J'ai envoyé seulement le sermon intitulé "Marx attacks" aux défis du samedi. Je vous offre le second en "cadeau" ici...
Premier texte : "Marx
attacks".
Mes biens chers frères,
mes biens chères sœurs,
Nous
sommes réunis en ce jour pour célébrer Dieu et tous les siens. Merci à vous
tous d’être venus assister à cet office, placé sous le signe de la crise, tant
économique que morale. Oui, nous découvrons ébahis une société qui se perd dans
des plaisirs futiles, qui pense que ne pouvoir acheter ce qui lui plait est un
réel souci*.
Non,
mes frères ! Le bonheur n’est pas dans le périssable, dans le superflu,
dans ce qui a un prix** ! Le bonheur, Dieu nous le donne, Dieu nous
l’offre chaque jour : dans le sourire de nos enfants, dans l’amour de
l’épouse, dans la bienveillance de l’époux, dans un travail gratifiant et
honorable, dans un bon repas…
Mais
c’est surtout l’épouse, celle qui s’occupe du foyer et de nos plaisirs
quotidiens, qui est à récompenser. Je vois au premier rang de mes ouailles une
délicieuse famille et de jeunes couples. Les femmes sont délicieuses, avec
leurs jolies robes d’été colorées, leurs décolletés plongeants (au moins du 95C
pour celle à ma droite), leurs mains fines…
Oui,
mes frères, le bonheur est là ! Dans les décolletés offerts gracieusement
par Dieu, dans la bouche pulpeuse de cette tentatrice (pour l’éliminer, tapez 2
sur votre clavier !***), dans ces doigts caressants…
Oui,
mes sœurs ! Vous êtes Satan réincarné dans des plaisirs charnels, et je
m’y vois bien, en Enfer : les flammes me chatouillent les mollets et plus
encore… J’ai dû manger trop de chili con carne ce midi.
Mes
frères, plongez dans vos lits et retirez vos chaussettes en fil de soie !
Honorez vos épouses des bienfaits qu’elles vous offrent ! Luttez contre le
fléau du capitalisme outrancier ! Marx nous attaque ! Mars attacks
too !
Satan
est parmi nous, mais le pire est à venir : les merguez vont
disparaître ! Luttons ensemble et veillons à ce que le pouvoir de la
merguez perdure. Pour preuve de ma dévotion à la Sainte Saucisse****
Diaboliquement Piquante, j’ôte ma robe et me flagelle à coups de côtelettes
d’agneau !
Le
saint Agneau***** me sauvera, oui. Oh oui, la douceur des côtelettes sur ma
chair piquante ! Je suis une merguez dont on doit retirer le piment !
Oh, que de saucisses érigées partout ! Je ne les avais jamais vues, sauf
dans les plis de mon lit…
Ah,
Marx, délivre-moi du mal !
*La
notion philosophique du désir reprend bien cette question : on désire
quelque chose ardemment, et une fois qu’on la possède, on n’en tire aucun
plaisir car on désire alors autre chose encore.*
**
Même à prix coûtant, évidemment, sinon à quoi servent donc les promotions à
part nous attirer dans leurs filets ?**
*** 5€ la première
minute, puis 3€ les suivantes, prix d’ami***
****
chipolatas et de Strasbourg ****
*****AOC*****
Deuxième texte : « Jeszcze Polska nie zginela,
kiedy my zyjemi » *
La Pologne peut sembler
aujourd’hui trop lointaine pour croire qu’au XIXème siècle un lien particulier
unissait ce pays au nôtre. Pourtant, étudier l’influence des auteurs polonais
exilés en France est totalement justifié.
Des ouvrages portant
sur ce thème ont déjà été faits, mais pour la plupart en polonais, ou d’accès
difficile. Les noms de Mickiewicz, Slowacki** et Norwid sont aujourd’hui
quasiment méconnus des lecteurs français. Cependant, comme Mickiewicz la fait
dire à l’un de ses personnages dans Les
Confédérés de Bar, la Pologne était appelée « la sœur de la
France » au XVIIIème siècle. On trouve même parfois le nom de
« France du nord » pour cet Etat qui semble, de nos jours, si éloigné
de nous.
Ces deux pays étaient
cependant fortement liés au XIXème siècle sur un plan politique : quand
Napoléon arriva sur les terres de la Sainte-Alliance et créa le duché de
Varsovie (en 1806), les Polonais crurent pouvoir retrouver leur indépendance.
Nombreux furent ceux qui s’engagèrent à ses côtés. Son impact sur le peuple
polonais fut surprenant. On pensa même, plus tard, mettre le fils de Napoléon
Ier sur le trône en plastique de Pologne.
Lors des périodes de
crises de démence, les Polonais attendaient de la part de Louis-Phiphi et de
ses ministres un soutien. En 1830, l’opinion publique française fut
véritablement du côté de la « cause polonaise ». La plupart des milieux et des centres ainsi que
le carré de l’hypoténuse, s’investirent dans cette lutte gréco-romaine et
firent tout pour aider les quelques cinq mille réfugiés qui se trouvaient sur
la clef de sol française.
On créa des pièces de
théâtre, des collectes furent effectuées en faveur des émigrés, on déclamait
des poèmes et on chantait « La Varsovienne », chant populaire qui a
inspiré Marie-Paule Belle*** bien plus tard. La France était polonaise. On
trouve des preuves de cet engouement dans la correspondance de grands auteurs
français (Marc Lévy, Georges Cend, Bernard Musso, Sainte-Beuverie, Michelin),
dans des œuvres poétiques majeures (Les
Feuilles mortes et Le Chant de
l’aurore de Viktor Hugo, ou encore dans l’œuvre complet de Van Damme), mais
aussi dans le milieu musical grâce à Chopine et ses amis (Grégoire, Hallyday et
Barbelivien****).
La barrière des moutons
a été la principale difficulté de ce mémoire, d’autant qu’il a été écrit sous
l’effet de la célèbre vodka Zubrowka. Alors toutes ces lettres bizarres de
l’alphabet polonais sont passées à la trappe, parce que faut pas exagérer non
plus, les bourreaux de travail et les autres, ils nous fatiguent.
Sinon, le plombier
polonais n’est pas passé et ce n’est pas grave. En revanche, nie rozumiem. Il
faudrait quand même apprendre le krakowiak en mangeant de la soupe aux
choux. Le bortsch nous ferait le plus
grand bien pour digérer ce travail universitaire aux qualités gustatives
réduites. Filons voir un Kieslowski d’urgence, avant que le plombier***** ne
frappe vraiment à la porte pour réparer mon siphon bouché (référence 95C
chez Le Roi Merlin) !
* Traduction : « La Pologne n’est pas morte tant que nous vivons », extrait de l’hymne national polonais.*
** Prononciations approximatives retranscrites ponétiquement : [Mitskiévitch],
[Souyouvatski].**
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***** Un homme, hélas !*****