(Oui, oui, je sais : encore et toujours les élèves, la vie au collège, blablabla. Je n'y peux rien si j'y passe les trois quarts de mon temps, et que j'y laisse presque toute mon énergie)
Hier, j'avais deux blocs de trois heures de cours, avec un "trou" (je n'ai jamais aimé ce mot) dans la journée pour préparer mon conseil de classe de 18h45. Sur les six heures de cours, je voyais mes sixièmes deux heures. A la fin de la deuxième heure, je vois le Funambule (que je pourrais aussi appeler Don Quichotte) errer autour de mon bureau, en attendant que ses camarades partent...
_ Qu'est-ce qui se passe, Funambule ? (Je le voyais très embêté)
Ses yeux s'embuent d'un coup. Comme je connais ses grandes difficultés, je m'inquiète.
_ Oh, ça ne va pas ? Dites-moi...
_ C'est que... c'est que... je suis vraiment malade ! Je ne pourrai pas aller en cours cet après-midi..., me dit-il dans de gros sanglots.
_ Ce n'est pas grave, Funambule !
_ Siiii ! J'aime aller à l'école ! Je veux y aller !, au milieu d'un torrent de larmes, il me foudroie.
_ Mais c'est magnifique ! Vous devriez en rire, Funambule : il y a tellement peu d'élèves qui aiment venir...
Il tente de sourire entre deux grimaces de douleur, parce que je lui envoie un immense sourire ému.
_ Vous allez vous soigner, et vous rattraperez le cours, ce n'est rien.
_ Je vais à l'infirmerie avec ma maman tout à l'heure.
_ C'est bien, et ne vous inquiétez pas, surtout.
Il part en hochant la tête et en ravalant ses larmes.
Quel magnifique moment de lumière dans ma journée !