Par quel bout commencer le récit de ma matinée hospitalière (je suis partie de la maison à 9h40 et revenue à... 13h30) ?
Arrivée à l'accueil en avance, on me fait payer la consultation et on me remet un papier blanc.
_ Merci, au revoir !
_ Euh, je vais où et je fais quoi du papier ?
_ Avancez au bout du couloir, et voyez avec les infirmières. Suivant !
Poum poum, me voilà à l'accueil orthopédie. Echange papier blanc contre papier jaune. On appelle les urgences pour récupérer mes premières radios, sans savoir si je les ai en ma possession (ce qui est le cas).
_ Voilà ! (dit-elle en me posant le susdit papier jaune vif sous le nez, et elle s'apprête à me laisser comme ça, surfant sur mes béquilles, l'infirmière molassonne)
_ Quoi, "voilà" ? Je fais quoi, maintenant ?
_ Ben, vous allez à la radio et vous revenez après.
Evidemment. Ellipse sur le passage radio. Retour à la case accueil orthopédie. Personne derrière le comptoir. J'attends. Une infirmière toute ronde, que je n'avais pas encore vue, me demande avec qui j'ai rdv. "Ah, le Dr F. ... Je vois". Moi, je ne vois encore rien.
_ Asseyez-vous, on va vous appeler.
_ Je vous laisse les radios ?
_ Non, reprenez-les, ce n'est pas nécessaire puisque vous les montrerez au docteur.
Une heure quinze plus tard, je vois le docteur F. s'éloigner dans un couloir. 3ème passage à l'accueil, avec l'infirmière molle-tête-à-claques :
_ Excusez-moi, mais c'est normal de n'avoir pas encore été appelée ? J'avais rdv à 10h30 et il est 11h45...
_ Vous aviez rdv avec qui ?
_ (Soupir) Le Dr F..
_ Ohlala, mais il fallait me laisser les radios ici ! Comme ça je vous aurais appelée.
_ Votre collègue m'a dit le contraire !
_ Ah mais non, sinon on ne vous appelle pas. Et puis vous étiez assise là-bas ? (Elle désigne deux sièges à deux mètres sur sa droite) Ah, ce ne sont pas les bons sièges pour le docteur F. ! (Ceux-là sont un mètre en face du comptoir) C'est pour ça !
_ Vous plaisantez, j'espère ? Je n'étais pas assise sur les bons sièges ? Et je le devine comment, moi ?
_ Bon, je rappelle le docteur. (Elle sent qu'un truc dans ma voix qui l'empêche de poursuivre plus avant la discussion shadockienne)
Dix minutes plus tard, le voilà qui débarque, grand dadais à cravate rose, la cinquantaine, parlant fort. Il se jette dans son fauteuil, ne regarde pas mes radios, et me dit :
_ Votre nom, c'est ?
_ Votre accident, date de quand ? (bis bis)
_ Bien, vous allez marcher ! (Alléluia !) Avec une chevillère. (Damned !) Vous travaillez ? Ah, prof dans quelle matière ? Ca doit être dur, surtout dans cette zone. Je connais bien ce public, vous savez : je travaille dans les prisons. Les enfants aujourd'hui sont infernals ! N'est-ce pas, qu'ils sont infernals ?
_ Le problème n'est pas tant qu'ils sont infernaux, mais violents.
Et toc. Je sors. Direction la pharmacie, pour acheter la fameuse chevillère. Et là, ce que je craignais arriva : la chevillère ne me servait strictement à rien, étant donné que cette partie de mon pied va relativement bien. La chevillère protège des mouvements latéraux intempestifs, mais mon métatarse était ouvert à tous les risques. On essaye d'appeler l'hôpital, en vain.
4ème passage à l'accueil orthopédie. Il n'y a plus aucun patient, et le docteur F., spécialiste des accords adjectivaux, a disparu.
Je retrouve Queen Mollassonne. Une de ces collègues prend le relais, car je suis plutôt agacée. Dieu merci, un chirurgien orthopédiste est encore là, et il accepte de me recevoir. Le Dr P. est le versant opposé du Dr F. : il m'écoute, me conseille, me pose des questions sur ce que je veux, et me donne 20 séances de kiné pour réapprendre l'autonomie de mon pied plus rapidement (l'argument du tir à l'arc a eu son poids, car je suis toute tristounette de "flinguer" ma saison salle). Et mon pied est LIBRE ("La seule limite, c'est la douleur"...).
En changeant le rdv pris trois semaines à l'avance avec le Dr F., les infirmières se marrent : c'est un guignol qui perd tous ses patients (un sur deux change d'orthopédiste après une première consultation avec lui...). Je retrouverai donc le Dr P. le 17/10.
J'ai beau être moi-même fonctionnaire, et connaître des amis qui bossent dans le milieu de la santé, j'écris quand même ce soir que la mauvaise foi et l'incompétence me révoltent.