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Prof et plus si affinités
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litterature
30 décembre 2009

Faites le tri

Un peu de tout et de rien, dans cette entrée...

J'ai décidé que mon blog-it express servirait de compteur à de multiples choses. J'aime cette idée sans trop savoir pourquoi.
Hier, j'ai investi dans ma planche à adbos. Premier essai ce matin. Je vous raconterai.
Par ailleurs, j'ai enfin lavé ma voiture, parce que je n'avais plus le choix : j'avais peu de vision latérale tant les vitres étaient sales de neige fondue, de pluie, de poussière...
Je vais bientôt terminer la saison 2 d'Ally Mc Beal. Il y a un épisode qui m'a fait pleurer (pour les fanas de la série, c'est l'histoire du petit garçon atteint de leucémie qui attaque Dieu en justice... Il y a aussi Ling qui s'arrange pour qu'Ally voie un dirigeable...), et la vie sentimentale des personnages me touche plus que je saurais le dire.
J'ai attaqué les corrections de copies. J'ai dû faire le cinquième du lot hier...
Au final, Emy me sauve d'un réveillon solitaire ! C'est fou comme les voies du net sont impénétrables...
La roue de mes amis tourne, et souvent les blogamis prennent une place considérable. Si l'on m'avait dit cela il y a dix ans, je n'y aurais guère cru.
Sinon, je crois reprendre goût à la lecture. Enfin non : je ne l'ai jamais perdue, mais je me trouvais des excuses pour peu lire. J'avais un vrai manque. Là, je croule sous les envies : Nietzsche, Jabès, Sartre, Forrester... J'ai repris aussi la lecture d'un ouvrage étonnant : Fuck America d'Edgard Hilsenrath. Les critiques étaient excellentes, et la technique narrative est très moderne. Je ne suis pas assez spécialiste de littérature américaine, mais je crois que ce roman est au carrefour de pas mal d'autres, comme ceux de Breat Easton Ellis ou Bukowski.

Hilsenrath

Et puis il y a les livres que Comtesse m'a donnés. Nous n'avons pas du tout les mêmes goûts, et je suis curieuse de lire ceux qu'elle m'a confiés...
Je me demandais d'ailleurs, après le spectacle de Luchini, quels auteurs je choisirais si je devais lire des textes comme il le fait (NB : j'adorerais faire cours ainsi, en lisant des textes à mes élèves et en dérivant sur mille et une choses... Sans grands concepts, sans cours à noter ou liste de Bac à faire : juste pour le plaisir du partage, de la lecture, pour faire chanter les mots et leur montrer comme c'est beau...). Je sais qu'il y aurait du Baudelaire. Pas forcément celui des poèmes, mais peut-être le critique d'art. Du Colette, pour la beauté du texte. Du Proust, pour le rythme. Du Zweig, pour la finesse psychologique. Du Bobin, pour la lenteur. Et la correspondance de Flaubert, drôle, percutante. Oui, je sais, il y a au moins pour deux spectacles, là.
Allez, je vais calmer mes ardeurs dans une séance d'abdominaux...

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24 décembre 2009

Musique des mots

Luchini ne vous déchaîne pas*, et pourtant, quel génie ! Dommage... Sachez juste que ces presque deux heures de pure intelligence, de drôlerie, de littérature m'ont ravie. L'esprit qui fourmille, énergique, intempestif, à la limite de la folie m'exalte.
Je n'ai pas osé demander si l'affiche du spectacle était à vendre ou si l'on pouvait me l'offrir gracieusement (oui, je sais, je suis trop idéaliste parfois). J'aurais bien aimé l'avoir.

Bon, sinon, il paraît que ce soir c'est réveillon. Alors je vais vous faire un cadeau musical virtuel. Il s'agit de titres délicieux, tirés d'un album hommage à Boris Vian, lus ou chantés par des femmes aux voix troublantes.

Histoire de ne pas faire de sexisme à rebours, j'ai glissé, au milieu de ces dames, Edouard Baer. Mais peut-on faire plus dandy et plus ambigu que lui ?
Je n'ose finir sur une phrase attendue de type "bon réveillon". Alors voici une petite citation de Paul Valéry, qui sert de point de départ au spectacle de Luchini : "Il n'existe pas d'être capable d'aimer un autre être tel qu'il est. On demande des modifications..."

* Entre le moment où j'ai écrit cette entrée, et celui où je l'ai publiée, deux commentaires de mes coupines de blog ont été postés ! Je n'apporte pas de correction : c'est plus rigolo ainsi...
 


23 décembre 2009

Le point sur ma soirée

Voilà, si vous êtes un de mes fidèles lecteurs, abonné à ma newsletter, vous êtes en train de me lire alors que je suis à l'espace Cardin, tranquillement installée pour assister au spectacle de l'un des plus grands amoureux de la langue et des plus originaux : j'ai nommé Fabrice Luchini.

luchini_point_sur_robert

Je l'ai déjà vu une fois sur du Céline, et cela n'a été que régal. On sent les moments où il improvise de façon grandiose, où il dérive à sa façon si particulière, ceux où il s'abandonne... Je suppose que chaque soir, le spectacle est différent, même si le fond reste le même. J'aurais les moyens, j'irais plusieurs fois de suite le voir.
Ce soir, donc, c'est "Le point sur Robert", avec des textes de Chrétien de Troyes, Paul Valéry, Molière, Roland Barthes...
En voici des extraits, pour vous faire saliver (ou pour vous réjouir de ne pas y être, car je sais que Luchini peut aussi passablement agacer).


Fabrice Luchini Le point sur Robert Petit poème taoiste



FABRICE LUCHINI  - Perceval le Gallois / Le Point sur Robert

 

19 décembre 2009

Où t'as eu ton béret ?

Voilà, après deux heures de sieste, quelques mails et un chocolat de Noyel, je peux enfin m'atteler au clavier.
Tout d'abord, ma soirée de littéraires a été très chouette. Jeanne est arrivée plus tôt, sous des flocons lourds et légers à la fois, chargée de mandarines, de vin, de pain, de bruschetta... Elle découvre donc en premier mon appartement, qu'elle a l'air d'apprécier. Je lui prête des chaussettes de rechange car la neige avait envahi ses bottes; on cause, on écoute du Juliette Gréco, on parle musique. Nous constatons une fois de plus que nous avons beaucoup de goûts en commun, malgré nos caractères complètement différents, et une petite différence d'âge de six ans.
Je l'initie rapidement à la photographie numérique; elle fait mumuse avec mon boîtier pendant que la table se dresse gentiment et que je repasse manu militari la nappe qui était froissée. Jeanne me propose un voyage en avril à l'autre bout de la terre...

Dolly arrive ensuite à l'heure dite, armée, elle, d'un parapluie couleur macaron de rose, aux fleurs rouges éclatantes, mais aussi de charcuterie. Asa la suit de prêt, avec du champagne et une salade de petites tomates cerises aux airs d'orient. Enfin, Tinette, pimpante, qui est en charge du dessert : mini cannelés et petits fours, avec en sus du vin rouge.

_18_

La soirée peut commencer, d'autant que nous avons toutes faim. Tout est truculent : le repas, les conversations, les rires... Le niveau sonore touche parfois à l'extraordinaire, surtout pour moi. L'appartement est plein de vie, et cela lui va bien. Parvenues au dessert après une raclette ronflante et sans fin, je m'octroie un moment et tend les petits paquets prévus pour mes copines. Elles ont l'air très étonné et semblent touchées. Les livres sont choisis au hasard et tombent bien, je crois. Je les avais accompagnés de rochers au chocolat. J'ai droit à la tournée de bises, et à une véritable émotion, très différente de ce qui précédait, et tout aussi agréable.

Je me confie un peu, beaucoup, alors que jusque-là, je n'avais pas vraiment parlé de moi. Elles ont cette franchise des amis que l'on connaît depuis des années, ce qui me bouleverse et les désarçonne à certains moments. Il y a quelque chose de beau, de touchant dans ces rencontres, auquel je ne m'attendais pas. Elles non plus, d'après ce que j'en ai su plus tard. Tinette l'a résumé parfaitement et je vous l'ai déjà écrit hier : c'était plein d'amour (on ne se lasse pas de ce genre de phrases, non ?).

Vers minuit trente, j'étais couchée. J'avais du mal à m'endormir. Jeanne m'avait serré dans ses bras avant de partir en s'excusant d'avoir peut-être été brutale avec moi dans son discours (elle m'a même rappelé le lendemain soir pour ça). Tinette était guillerette en partant. Asa et Dolly, toujours fringuantes.

Je ne pensais pas trouver cette satisfaction et cette reconnaissance auprès de collègues aussi vite. Pour moi, la preuve "ultime", c'était hier soir, après la pièce de théâtre (avant aussi, puisqu'Asa a voulu que l'on se retrouve à l'avance pour grignoter ensemble). A la sortie, il y avait beaucoup de monde. Tinette et moi sortons. Nous attendons un peu, mais le froid nous glace, et décidons de rentrer malgré l'heure pas trop tardive. Je marche donc vers chez moi, lorsqu'à mi parcours, je décide de prendre en photo une sculpture de glace sur la place de la mairie. Mon portable étant en silencieux, il se met à clignoter. C'est Dolly :"Eh, Virgibri, où es-tu ? On te cherche pour prendre un pot au café du théâtre !" Leur regret de me voir déjà partie était un fort joli cadeau de Noël.

181220091932

Sinon, dans un autre genre, mes jeux de ce matin avec les élèves se sont avérés... comment dire ? saoulants et un peu décevants. Comme je m'en doutais (même si j'espérais quelque peu un mouvement, un signe), je n'ai rien reçu de leur part, à peine quelques mercis disséminés de ci de là (enfin j'exagère ; j'ai eu UN chocolat et une élève m'a prêté un CD). Je ne faisais pas tout cela pour qu'ils me le rendent au centuple, mais je vous donne un exemple de réplique qui me laisse un brin d'amertume en bouche...

Camomille a 18 de moyenne avec moi, et se trouve dans le peloton de tête de seconde. Pour le fameux baccalauréat spécial, je distribue des points avant les chocolats. L'équipe de Camomille est en tête avec trois points. Je vois l'heure tourner, je décide donc de distribuer mes petits cadeaux sucrés. Je me dirige vers la droite avec le paquet dans les mains, et là, Camomille dit d'un ton sec, et très spontanément : "Mais c'est nous qui gagnons !" Je la regarde effarée, et lui dit sur un ton calme que cela ne change rien, et que tout le monde aura des chocolats. Elle a quand même rougi de sa réaction vive, à cause des autres élèves indignés plutôt que de moi...

Ou encore, en ES, au moment de leur donner les fausses pièces de monnaie, un élève me dit qu'ils ne font pas la manche. Je précise ES = économie donc argent, donc pièces. Pour le clin d'oeil, quoi. Pas dans le but d'une humiliation ou d'un rapport hiérarchique, pensai-je. Mais pourquoi voient-ils le mal là où il n'est pas, et réciproquement ?

Sinon, une ou deux perles splendides entendues ce matin. Je vous rappelle qu'en première, j'avais un quizz de révisions sur notre programme.

* Quel théâtre a été offert par Louis XIV à Molière ?
_ L'Opéra Garnier !
_ Tu regardes trop les pubs de shampoing, toi !

Deux perles en dix secondes, j'étais comblée.

* Citez, toutes époques confondues, trois auteurs femmes.
_ Simone Sartre, Simone de Bovey.

Beauvoir_SArtre

* Qui a écrit Ubu roi ?
Gauvry, Jarvy, Ulbech.
_ Oh, mais madame, Gauvry et Jarry, c'est pareil ! On n'a pas le point ?

* Quel prix a gagné F. Beigbeder cette année ?
Le prix Nobel, un prix d'écologie.

J'ai fini de distribuer mes papillottes en salle des profs. Même Krakoukass, mon co PP, semblait content. C'est dire.

Et puis, last but not least : je suis en vacances ! (Eh, Emy, ça c'est de l'entrée, hein ?)

16 novembre 2009

Intellectuels engagés, unissez-vous !

Etant donné que je ne veux pas "lâcher l'affaire" comme diraient certains de mes élèves, je décide de publier ici un excellent article de Christian Salmon dans le Monde, qui résume parfaitement ce que je ressens. Ma peur, ma colère sont dans cet article (au format Word juste après ou bien voici son lien) : Article_Monde_Raoult

Un appel d'écrivains a été par ailleurs lancé.

Et histoire de sourire malgré tout cela, voici une parfaite illustration de la chose en patates. Merci au génial Martin Vidberg.

goncourt_patates

Un autre article, encore plus théorique et particulièrement dérangeant  -pas écrit par n'importe qui non plus : Tzvetan Todorov- me réjouit. Je suis heureuse de lire enfin ce que je ne parviens pas à exprimer, et de constater que ces articles sont en tête des textes les plus lus et les plus commentés.

Faites passer, ça fait du bien, même si ça fait mal...

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13 novembre 2009

Feuillets d'automne

Dans la grisaille et la monotonie de mes journées, envie d'un peu de légèreté. Alors voici un petit air fort agréable, aux sons californiens... Il tourne pas mal sur les radios populaires, mais qu'importe.

J'ai fini mes deux paquets de copies de Bac blanc (perles amusantes en vue, et j'ai fait aujourd'hui des imitations  en classe qui vont devenir cultes, je le sens...) mais j'ai encore quatre paquets en attente. De toutes les façons, jusqu'à janvier, ça va être de la folie douce, comme toujours. La routine, quoi.

Aujourd'hui, les STG ont été bavards et amorphes (si si, le mélange est possible !). J'ai passé un léger savon aux secondes. J'ai vu une mère d'élève en fin d'après-midi. Et ce soir, petit service à rendre après diner. Ensuite, enfin, je me coucherai pour aligner dignement mes quatre heures de cours demain matin. Puis deuxième rendez-vous avec des parents à midi.

Heureusement, pot en vue avec Emy demain soir. Et j'ai reçu son livre cadeau : il s'agit de Le Dieu des petits riens d'Arundhati Roy. Inconnu au bataillon (shame on me) mais le titre est beau, déjà...

dieu_petits_riens

Et puis mercredi j'ai reçu aussi de la Fée deux livres en cadeau : Char illustré par Braque dans Lettera amorosa, ainsi que Forêts, texte de théâtre de Wajdi Mouawad. C'est chouette d'être encore et toujours étonnée par des découvertes littéraires...

lettera_amorosa

7 novembre 2009

Cercle (pas très) littéraire

Voilà, j'ai fini un paquet de copies des STG, j'ai moins mal à la tête quoique facilement mal au coeur, je suis en pyjama : je peux entamer une lonnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnngue entrée !

Résumé des épisodes précédents
Virgibri, encore toute nouvelle dans une équipe de choc et de charme au sein de LycéeDésiré, a été invitée sous le manteau par ses collègues de lettres à des soirées déjantées... Les lieux tournent; chacune apporte de quoi survivre dignement (Bacchus ne serait pas déçu).

Episode de jeudi
La première initiation a lieu chez Jeanne -pseudo en référence à la voix grave de Madame Jeanne Moreau. Nous sommes cinq au total. Jeanne est jeune, normalienne, agrégée (tout pour faire un pti complexe léger parce qu'en plus elle n'étale rien, je l'ai appris par hasard), prof en sus à Science Po et pigiste sur France Cucu. Son appartement est dans un quartier parisien tendance depuis environ deux ans.

jeanne_moreau

Je fais le trajet avec Dolly, petite poupée blonde aux yeux clairs et à la voix perchée mais avec un GROS cerveau. J'apprends qu'elle aussi a fait prépa, après être passée par Science Po ("Une erreur de parcours, mais encore fallait-il le faire pour le savoir"), au lycée Henri IV. Dolly est étonnante : elle aurait tout de la nana pénible en apparence, et en fait elle est adorable : attentionnée, rigolote, originale et intéressante dans son analyse des textes... Elle ne cesse de parler, tout comme Jeanne : elles ont le record absolu, je crois.
Arrive ensuite Asa, quarantenaire jolie, originaire du nord mais en fait arabe (j'adore ce genre de phrase), hyper dynamique et sur tous les fronts au lycée, pleine de projets, le sourire aux lèvres tout le temps.
Enfin, Tinette, cinquantenaire, à la retraite cette année, magnifique femme pour son âge, aux yeux luisants et pétillants, plus discrète mais qui assène parfois des petites phrases excellentes. J'ai découvert par hasard que j'avais certains de ses cours sur mon ordi depuis des années... Ses spécialités :  le théâtre et le cinéma.
Et évidemment, Bibi, toute discrète, avec les écoutilles grandes ouvertes, et sa tarte courgettes/lardons/curry sous le bras.

DSC_0476

Au final, nous avons très peu parlé littérature (mais nous étions entourées de livres, j'adore ça). J'ai écouté tous les cancans du LycéeDésiré (il y en a bien plus qu'on ne croit !), les histoires d'amour ou de sexe des unes et des autres. Plein de rires ont fusé. Je me suis couchée à une heure du matin, la tête un peu enfarinée à cause de la cigarette de Jeanne, mais contente de me sentir intégrée à cette équipe de cette façon aussi simple et aussi directe. Seul bémol : le lendemain matin, l'estomac retourné au réveil et un fond migraineux. Etait-ce dû à la crainte de la reprise ou à quelque nourriture mangée la veille au soir ? Je l'ignore, et ce n'est pas grave.

barbie_vomit

Il faut juste que je travaille sur mon complexe d'infériorité, maintenant...

PS : j'ai oublié de préciser qu'elles sont toutes des vraies bombes niveau corps, top fashion, féminines et classe... Je me sentais un peu boudin, moi.

barbie_obese

3 novembre 2009

Retour au réel

copies

Allez, c'est juré, j'attaque un paquet d'interrogations juste après cette petite entrée. Il me reste deux jours pour les faire (enfin trois, car je n'ai pas cours le jeudi), mais le souci, c'est que je n'ai même pas ouvert une seule copie de type Bac alors que j'en ai 42 à corriger en sus des interros. Sans compter celles des commentaires maison que j'ai donnés pour la rentrée et les contrôles de lecture prévus aussi au retour... Nawak, vraiment.
Donc aujourd'hui, un paquet, et des cours si j'ai fini. Faut dire que la météo n'incite pas à sortir, là. Une chance.
Ah et puis il faudra aussi que je vous parle des prix littéraires tombés hier, à l'occasion. Pour le Renaudot, je suis perplexe, vraiment...

Edit de 12h30 : le paquet est terminé ! Ce type de devoir est plus rapide à corriger (dix minutes "seulement" par copie), mais tout aussi déprimant que le reste... Seuls deux élèves sur 28 ont la moyenne. Je leur demandais de réfléchir, voyez-vous... Je vous donne la plus jolie perle du jour : "Jean Marie Arouet alias Jean de La Fontaine..." Là, pause repas et j'aviserai ensuite : cours ou bien copies...

16 octobre 2009

Tristement drôle

Bac_L_patatis_

Le Bac L, patatisé par Martin Vidberg

28 septembre 2009

Femmes, je vous aime (attention, cette entrée risque d'être fort longue...)

Il y a bien longtemps que je n'ai fait une entrée sur mes lectures... Celles que j'envisage, ou celles qui sont achevées. Et comme Ed a lancé une petite requête aux bloggeurs qui la lisent, je me lance ! (Même si je ne crois pas en une écriture féminine...)

Voici donc des lectures d'écrivains femmes qui m'ont marquées (NB : je déteste l'appellation nouvelle d'écrivaine ou de professeure, que vous ne verrez jamais sous ma plume). Mes choix vous paraitront souvent classiques, et je m'en excuse à l'avance...

duras_douleurDuras_mer__crite

La première qui me vienne à l'esprit, c'est Marguerite Duras. J'ai eu ma grande époque, depuis le lycée jusqu'à la fin de mes années d'études. Mes deux livres les plus marquants ont été La Douleur et L'Amant. Pour des raisons fort différentes, d'ailleurs. Le premier parce qu'il est la douleur sur papier, et que j'y ai découvert un aspect de sa vie que j'ignorais : la résistance, le lien fort avec celui qui allait devenir plus tard président de la République, son mari déporté... Le second, bien plus connu, pour sa sensualité, ce regard acéré sur l'existence, l'adolescence, la famille. Enfin, un dernier ouvrage m'a bouleversée : La Mer écrite. Il est paru juste après sa mort, que j'avais apprise alors que je passais un stage BAFA. J'étais la seule à être bouleversée, et peu connaissaient Duras. Ce petit livre est composé de photographies, commentées par Duras. C'est la quintessence de son art et de toutes ses années d'écriture, à mon sens. Un écriture sèche, humaine, désarçonnante.

Yourcenar_Anna_sororColette_pur_et_impur

Ensuite, j'hésite entre deux monuments de la littérature, qui m'ont toujours impressionnée fortement par leur intelligence -et le mot est faible. Il s'agit de Marguerite Yourcenar et de Colette.
Assez vite, vers quatorze ans, j'ai voulu lire la série des Claudine, sans trop savoir pourquoi. Enfin, si : Comtesse adorait Colette, je voulais donc à la fois comprendre pourquoi, et me rapprocher d'elle de cette façon, sans doute (la littérature a été toujours été pour moi un moyen de grande proximité intellectuelle avec ceux que j'aime). J'ignorais que j'allais tomber sur une écriture aussi magistrale, à la fois simple et ciselée comme les plus merveilleux cristaux de Bohême... J'ai vite arrêté les Claudine pour passer à d'autres oeuvres telles que La Chatte ou Le Pur et l'impur. Depuis, j'ai investi dans les volumes de la Pléiade, jamais ouverts : ils me font presque peur par leur beauté... Je dis toujours que si je pouvais avoir le dixième du vocabulaire de Colette, je serais ravie, par exemple.
Mais je crois que ce syndrome d'infériorité est encore pire avec Yourcenar. C'est l'une des intellectuelles qui me foudroie par son intelligence. Elle n'avait même pas besoin de parler : son regard brillait autant que son intellect. Son écriture me paraît souvent trop profonde; j'ai l'impression que quelque chose d'important m'échappe et que je ne suis pas capable de la comprendre... J'ai lu son autobiographie, dont la première phrase m'est restée en mémoire : "L'être que j'appelle moi vint au monde le 8 juin 1903..." Mais aussi Anna Soror et Feux. Je n'ai jamais dépassé quelques pages sur Les Mémoires d'Hadrien. J'ai en mémoire un entretien de Pivot avec Yourcenar, qui m'avait saisi et hypnotisée. J'aimerais beaucoup le revoir, d'ailleurs.

Lajja

Ensuite, même si l'écriture en soi n'est pas excellente, j'avais envie de mettre dans cette liste Taslima Nasreen, lue dans les années 90. Cet écrivain était condamné à mort dans son pays, le Bangladesh, pour avoir défendu le droit des femmes... Livrée à une fatwa systématique, elle s'est exilée dans de nombreux pays, dont la France. Son parcours m'intéressait et j'étais dans mes années de révolte. Du coup, C. m'avait offert son roman à sa sortie : Lajja.

Woolf_OrlandoBeauvoir_2_me_sexe

Pour finir, car il y a peu de femmes dans ma bibliothèque, mais c'est l'histoire de nos sociétés qui veut cela, je terminerai avec encore deux "classiques"  : Virginia Woolf et Simone de Beauvoir.
Woolf, je l'ai lue progressivement, à partir de la khâgne, je crois, ou un peu avant. Mon souvenir le plus net, c'est Orlando. Et Woolf, c'est comme Yourcenar : trop intelligent pour moi, je pense. J'aime pourtant sa perception du temps et de la solitude... Entre les actes m'avait laissée perplexe, et je crois me souvenir que Mrs Dalloway aussi.
Quant à Simone de Beauvoir, le coup de coeur est venu après celui pour Sartre (il semblerait que pour beaucoup de lecteurs ce soit le cas), alors que j'avais eu en cadeau pour mes dix-huit les Mémoires d'une jeune fille rangée, avec une superbe dédicace de mes professeurs d'espagnol et de dessin de terminale, époux à la ville et parents d'un ami. Je reviens à Beauvoir, sans doute avec l'âge et grâce à mes études. J'avais dû la lire trop jeune, sans doute. Et l'un de ses romans, L'Invitée, n'est quasiment plus lu aujourd'hui. Là, j'ai décidé de me plonger dans Le Deuxième sexe et de peut-être relire ses mémoires, avec la suite, La Force de l'âge.

Ce que je constate surtout dans cette liste réduite, c'est qu'il m'est fort difficile de scinder les oeuvres de la vie de ces auteurs. Je m'explique : je crois qu'elles me fascinent parce qu'elles ont des parcours qui me passionnent, parce que leur courage, leur foi en ce qu'elles faisaient est admirable, parce que j'aurais aimé avoir leur force, leur subtilité, aussi.

Si je reprends tous ces noms, il ne s'agit que d'intellectuelles engagées, qui ont lutté quelle que fusse leur époque, pour s'imposer dans leur art et vivre ce qu'elles avaient à vivre. Duras engagée politiquement, mais aussi pour le droit à l'avortement avec de Beauvoir (pensez au manifeste des 343 salopes); Nasreen avec l'épée de Damoclès au-dessus de sa tête depuis des années; Colette qui divorce, pratique le mime, aime femmes et hommes, fume; Yourcenar, aussi discrète que possible, qui vit son histoire d'amour avec une femme (connue en 1937... jusqu'en 1979, à la mort de celle-ci) et entre la première à l'académie française; Woolf, femme torturée et touchante, investie comme son mari dans la publication des auteurs en qui ils croyaient, et qui se suicide avec des cailloux dans les poches, en s'enfonçant dans l'eau...

Oui, elles me fascinent et j'ai envie de les relire, quitte à lutter contre ma petite intelligence, parce qu'elles le méritent tant, et que je n'aurai jamais fait le tour de leurs mondes...

"Le véritable lieu de naissance est celui où l'on a porté pour la première fois un coup d'oeil intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été les livres." Marguerite Yourcenar, Mémoires d'Hadrien

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