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Prof et plus si affinités
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Prof et plus si affinités
19 décembre 2009

Où t'as eu ton béret ?

Voilà, après deux heures de sieste, quelques mails et un chocolat de Noyel, je peux enfin m'atteler au clavier.
Tout d'abord, ma soirée de littéraires a été très chouette. Jeanne est arrivée plus tôt, sous des flocons lourds et légers à la fois, chargée de mandarines, de vin, de pain, de bruschetta... Elle découvre donc en premier mon appartement, qu'elle a l'air d'apprécier. Je lui prête des chaussettes de rechange car la neige avait envahi ses bottes; on cause, on écoute du Juliette Gréco, on parle musique. Nous constatons une fois de plus que nous avons beaucoup de goûts en commun, malgré nos caractères complètement différents, et une petite différence d'âge de six ans.
Je l'initie rapidement à la photographie numérique; elle fait mumuse avec mon boîtier pendant que la table se dresse gentiment et que je repasse manu militari la nappe qui était froissée. Jeanne me propose un voyage en avril à l'autre bout de la terre...

Dolly arrive ensuite à l'heure dite, armée, elle, d'un parapluie couleur macaron de rose, aux fleurs rouges éclatantes, mais aussi de charcuterie. Asa la suit de prêt, avec du champagne et une salade de petites tomates cerises aux airs d'orient. Enfin, Tinette, pimpante, qui est en charge du dessert : mini cannelés et petits fours, avec en sus du vin rouge.

_18_

La soirée peut commencer, d'autant que nous avons toutes faim. Tout est truculent : le repas, les conversations, les rires... Le niveau sonore touche parfois à l'extraordinaire, surtout pour moi. L'appartement est plein de vie, et cela lui va bien. Parvenues au dessert après une raclette ronflante et sans fin, je m'octroie un moment et tend les petits paquets prévus pour mes copines. Elles ont l'air très étonné et semblent touchées. Les livres sont choisis au hasard et tombent bien, je crois. Je les avais accompagnés de rochers au chocolat. J'ai droit à la tournée de bises, et à une véritable émotion, très différente de ce qui précédait, et tout aussi agréable.

Je me confie un peu, beaucoup, alors que jusque-là, je n'avais pas vraiment parlé de moi. Elles ont cette franchise des amis que l'on connaît depuis des années, ce qui me bouleverse et les désarçonne à certains moments. Il y a quelque chose de beau, de touchant dans ces rencontres, auquel je ne m'attendais pas. Elles non plus, d'après ce que j'en ai su plus tard. Tinette l'a résumé parfaitement et je vous l'ai déjà écrit hier : c'était plein d'amour (on ne se lasse pas de ce genre de phrases, non ?).

Vers minuit trente, j'étais couchée. J'avais du mal à m'endormir. Jeanne m'avait serré dans ses bras avant de partir en s'excusant d'avoir peut-être été brutale avec moi dans son discours (elle m'a même rappelé le lendemain soir pour ça). Tinette était guillerette en partant. Asa et Dolly, toujours fringuantes.

Je ne pensais pas trouver cette satisfaction et cette reconnaissance auprès de collègues aussi vite. Pour moi, la preuve "ultime", c'était hier soir, après la pièce de théâtre (avant aussi, puisqu'Asa a voulu que l'on se retrouve à l'avance pour grignoter ensemble). A la sortie, il y avait beaucoup de monde. Tinette et moi sortons. Nous attendons un peu, mais le froid nous glace, et décidons de rentrer malgré l'heure pas trop tardive. Je marche donc vers chez moi, lorsqu'à mi parcours, je décide de prendre en photo une sculpture de glace sur la place de la mairie. Mon portable étant en silencieux, il se met à clignoter. C'est Dolly :"Eh, Virgibri, où es-tu ? On te cherche pour prendre un pot au café du théâtre !" Leur regret de me voir déjà partie était un fort joli cadeau de Noël.

181220091932

Sinon, dans un autre genre, mes jeux de ce matin avec les élèves se sont avérés... comment dire ? saoulants et un peu décevants. Comme je m'en doutais (même si j'espérais quelque peu un mouvement, un signe), je n'ai rien reçu de leur part, à peine quelques mercis disséminés de ci de là (enfin j'exagère ; j'ai eu UN chocolat et une élève m'a prêté un CD). Je ne faisais pas tout cela pour qu'ils me le rendent au centuple, mais je vous donne un exemple de réplique qui me laisse un brin d'amertume en bouche...

Camomille a 18 de moyenne avec moi, et se trouve dans le peloton de tête de seconde. Pour le fameux baccalauréat spécial, je distribue des points avant les chocolats. L'équipe de Camomille est en tête avec trois points. Je vois l'heure tourner, je décide donc de distribuer mes petits cadeaux sucrés. Je me dirige vers la droite avec le paquet dans les mains, et là, Camomille dit d'un ton sec, et très spontanément : "Mais c'est nous qui gagnons !" Je la regarde effarée, et lui dit sur un ton calme que cela ne change rien, et que tout le monde aura des chocolats. Elle a quand même rougi de sa réaction vive, à cause des autres élèves indignés plutôt que de moi...

Ou encore, en ES, au moment de leur donner les fausses pièces de monnaie, un élève me dit qu'ils ne font pas la manche. Je précise ES = économie donc argent, donc pièces. Pour le clin d'oeil, quoi. Pas dans le but d'une humiliation ou d'un rapport hiérarchique, pensai-je. Mais pourquoi voient-ils le mal là où il n'est pas, et réciproquement ?

Sinon, une ou deux perles splendides entendues ce matin. Je vous rappelle qu'en première, j'avais un quizz de révisions sur notre programme.

* Quel théâtre a été offert par Louis XIV à Molière ?
_ L'Opéra Garnier !
_ Tu regardes trop les pubs de shampoing, toi !

Deux perles en dix secondes, j'étais comblée.

* Citez, toutes époques confondues, trois auteurs femmes.
_ Simone Sartre, Simone de Bovey.

Beauvoir_SArtre

* Qui a écrit Ubu roi ?
Gauvry, Jarvy, Ulbech.
_ Oh, mais madame, Gauvry et Jarry, c'est pareil ! On n'a pas le point ?

* Quel prix a gagné F. Beigbeder cette année ?
Le prix Nobel, un prix d'écologie.

J'ai fini de distribuer mes papillottes en salle des profs. Même Krakoukass, mon co PP, semblait content. C'est dire.

Et puis, last but not least : je suis en vacances ! (Eh, Emy, ça c'est de l'entrée, hein ?)

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Commentaires
E
les élèves ça viendra, mais les collègues parfois ça ne vient jamais... et là bah t'as fait fort! c'est génial cette complicité!<br /> ps: j'ai pas ouvert le cadeau, j'attendrai je suis sérieuse!
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V
Oh, Virgibri, parfois on peut oublier ce qu'ils étaient et puis juste se dire alors que cet élève a dit cela pour évoquer la complicité des deux, non? <br /> J'ai un regard qui m'empêcherait d'être prof, je crois. <br /> <br /> Pour un cadeau ou une attention: On ne sait pas, quand on est élève, parfois. On réalise les choses après. J'envoie un mot gentil à l'un de mes profs, souvent. A l'époque je ne l'aurais pas fait. Attends, et tu verras...
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V
Je ne risque pas de mélanger grand-chose avec elles !
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M
Faut peut-être un peu attendre pour les cadeaux ... attendre d'être installée et connue dans le bahut !<br /> Contente pour tes collègues ! mais attention à ne pas tout mélanger ... CQFD !
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V
Des libéraux pareils, et philosophes aussi en avance sur leur temps... Peu probable.<br /> Quand on pense que "Le Deuxième sexe" date des années 30...
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