Consigne 53 : Chez le psy, cette semaine!
Installez vous sur le divan, confortablement.
Vous y êtes à l'aise ? Bien calé(e)s ?
...
Respirez un grand coup...
Encore plus profondément....
Fermez les yeux...
Complètement...
Parfait...
Vous êtes dans un endroit agréable, où ce qui se passe est bon. C'est sans
doute hier, la semaine dernière, il y a 3 mois, 2 ans, 20 ans... Vous
vous en souvenez....
Où êtes-vous?
Décrivez le lieu, l'entourage ce que vous y faites...
En 1996, je suis allée à la fête
de la musique, seule, dans Paris. Je me suis promenée du côté des Tuileries,
alors qu’il existait déjà cette petite fête foraine dans le parc.
J’avais bêtement tué des ballons
au plomb, et remporté une peluche que je brandissais naïvement, comme un
trophée de voyage en solitaire.
En arrivant sous les arcades du
Louvre, j’ai écouté un saxophoniste, je crois. A côté de moi, une femme tenait
dans ses bras sa petite fille. J’ai entendu son prénom : nous portions le
même.
Trois jours plus tard, le 24 juin
1996 donc, j’écrivis ce texte au lycée, que j’intitulai Les Deux enfants…
« Sans le savoir, elle
portait votre nom. Une enfant de nulle part, derrière des lunettes trop
épaisses pour des yeux d’innocence, dans les bras de sa mère. Un sourire exquis
comme un fruit, qu’une voix de princesse recouvre joyeusement. La peluche que
vous lui avez offerte n’a pas de nom. Sur le moment, vous n’en aviez pas
trouvé. Un petit chien fripé, perdu dans vos mains de jeune fille lointaine,
que l’enfant faisait danser sous vos yeux scintillants. C’était du bonheur pur.
Un moment tout présent, que rien n’aurait osé altérer : ni vos souvenirs
gangrénés par la solitude, ni vos doutes sur ce qu’il adviendra de vos amours
multiples et unes. L’enfant et la mère souriaient. Devant ce chien sans nom,
peluche douce de certitudes, des larmes ont perlé au fond de vous-même.
L’enfant et la mère se sont éloignées. Les deux petites filles au même prénom
se sont fait signe au revoir ; l’une tenant un petit chien marron fripé
dans sa main toute ronde ; l‘autre tenant la fin de son enfance au fond de
son regard, en faisant l’impossible –ne pas pleurer- pour qu’elle lui échappe
définitivement. »