"Prendre un amour comme on prend le train"
Dans environ quinze jours, je serai à New-York. Deux semaines de break réel. Deux semaines seule chez mon amie Kim. Je me concentre sur ce voyage (le premier depuis un bail) pour éviter de sombrer.
Je me retrouve avec mes angoisses, ma fatigue, mes kilos gênants, ma solitude, mais je m'accroche à ce périple comme à un radeau. New-York ne me sauvera de rien, je le sais. Mais être ailleurs, ce sera déjà beaucoup.
Notre époque moderne nous refuse l'isolement total, cependant : internet chez Kim et wifi dans les cafés, téléphone portable qui peut recevoir sms et appels... Il est loin le temps où, adolescente, je n'avais qu'un coup de fil à passer d'une cabine, en guise de message rassurant pour mes parents... On composait longuement le préfixe à l'international et le numéro; cela fonctionnait rarement du premier coup; on croisait les doigts pour que quelqu'un fût à la maison...
Allô, c'est moi. Papa ? Maman ? Oui oui tout va bien, je suis bien arrivée. Oui, je suis bien installée. Oui oui ,le voyage s'est bien passé. Je ne reste pas longtemps, ça coûte cher. Je vous embrasse. Oui oui Maman, ne t'inquiète pas. Bisous ! Bisous...
Là, ce sera un mot sur le blog, un mail impersonnel (mais y a-t-il des mails personnels ?), un signe virtuel quelconque. Même ma mère utilise le net aujourd'hui. Je ronchonnais de devoir les appeler quand j'avais quinze ans, mais je donnerais beaucoup pour devoir le refaire en arrivant à New-York.
Allô, Maman ? Papa ? Oui oui tout va bien. Le voyage était long mais ça s'est bien passé. Oui, Maman, je vais en profiter. Oui, Papa, je ferai attention. Je sais que Papa aurait été content. Je ne reste pas longtemps, je suis chez Kim. Bisous ! Bisous...
Et personne avec qui partager cela.
C'est moi. Oui, tout va bien mais... tu me manques.Je t'aime.
Il n'y aura personne au bout du fil, cette fois-ci.