A livre ouvert
La dernière note d'Aleks a provoqué quelques réactions dans mon petit moi, surtout après une séquence de seconde que j'avais intitulée "Lire et écrire".
Le rapport que nous avons à la lecture m'a toujours fascinée et intriguée. Je ne me considère plus comme une "grande lectrice". A ma belle époque, vers l'âge de dix-huit, vingt ans, je pouvais lire plusieurs ouvrages à la fois sans problème, et j'engrangeais environ cent pages par heure, même sur des livres considérés difficiles.
J'intégrais énormément d'informations, sur lesquelles je me repose encore. Aujourd'hui, mes lectures ressemblent plus à des promenades faites en bonne compagnie, pendant lesquelles on prend le temps de flâner, sans avoir de but précis. Je sais qu'il y a des milliers de livres incontournables à lire, des monuments de la littérature, des essais essentiels, mais je me tourne vers une lecture-plaisir bien plus que dans une démarche (faussement ?) intellectuelle.
C'est sans doute pour cette raison que les auteurs contemporains (surtout étrangers) m'attirent beaucoup depuis environ deux ou trois ans.
Je repense à mon père qui lisait même en marchant. Il était le reflet de ce que nombres d'auteurs évoquent : le rythme de la lecture suit celui de la marche. Il y a une ressemblance frappante entre le cheminement de notre pensée et le mouvement de nos pas, de nos bras lorsque nous avançons.
A mes yeux, mon père incarnait la Lecture. Lui, le scientifique, le curieux de tout, l'agnostique, le physicien, était la lecture. Il m'a donné cette passion-là, mais j'ai suivi mon propre chemin en tâchant de devenir "une littéraire".
Je sais bien que ces deux domaines ne sont pas opposés : au plus haut niveau, la science devient philosophie et poésie. Et tout bon littéraire qui se respecte a ce sens de la rigueur propre aux démarches scientifiques.
Je suis une lectrice fort humble qui ne prétend à rien. Ce que je sais, c'est que j'aime ce moment de grâce, étrange, troublant, magique et insondable, où je lis.
Finalement, qu'est-ce que lire ?