Je me réveille en découvrant l'horreur absolue dans cet article. A part les voyages de notre président, les journalistes pourraient se pencher sur de véritables infos. Et la communauté internationale compte faire quoi ? Comment se fait-il que l'on n'ait rien lu sur ce malade mental le 8 mars, soi disant journée de la femme ?
Comme j'ai été taggée par Le Cpe, voici la 6ème photo de mon dossier le plus récent :
C'est une peluche WWF, prise en photo avec mon téléphone pour l'envoyer à la Fée, qui adore les marsupiaux. Alors, je tagge à mon tour Mlle Philo, Emy, Hermione et Prof anonyme (je manque d'amis, moi) !
Je sens que je ne vais faire que passer dans ce nouvel établissement : j'y entre, je fais cours, je sors. Aucun collègue ne me parle, alors qu'une nouvelle tête à cette époque de l'année, cela intrigue. Je survis comme je peux dans ce collège au profil difficile. Impression de ne pas savoir faire, alors que je ne pense pas être trop mauvaise prof, globalement. Encore un élève renvoyé aujourd'hui, deux carnets remplis, donc trois rapports. Mal aux deux tympans. Je n'avance pas dans le cours, non plus. Ce à quoi j'avais pensé comme travail pour une semaine m'en prendra trois, je pense. Ces chers petits s'envoient pour rigoler des pointes de compas dès que j'ai le dos tourné. J'ai évité les blessures. Youpi. Ils vont aussi faire une lettre au prof que je remplace, sur idée du prof principal. C'est sympa, mais ils comptent tous mettre "Revenez !", ce qui est terriblement flatteur pour moi, même si cela ne devrait pas m'atteindre : c'est pure logique. Je suis l'élément étranger qui perturbe leurs habitudes.
A quand la stabilité d'un poste pour être celle à qui l'on dit "Revenez !" ?
André Breton, lorsqu'il demanda à Nadja "Qui êtes-vous ?" répondit "Je suis l'âme errante"...
Passé trente ans, on se fatigue plus vite. Les soirées jusqu'à pas d'heure, ce n'est plus notre truc, ou alors on met plusieurs jours à s'en remettre. A la soirée d'anniversaire de Pumpkin, samedi, que des femmes trentenaires autour de la table (et que des homos; diable, elles se reproduisent !) qui ont fini en buvant une tisane bio affalées au fond du canapé... L'une d'elles a vu juste : "Avant, j'aurais bu une bière et j'aurais filé en boîte finir ma nuit...", dit-elle avachie et à demi couchée. Pour ma part, je suis rentrée vers 1h30 et mon réveil fut assez chaotique. Alors quoi ? On vieillit tant que ça ? Ou l'on peut taxer la vie active de notre état ? Tout ce que je sais, c'est que mes nouveaux gnomes m'épuisent bien plus que mes quatre classes de lycée (malgré la seconde frappée, oui oui !). On a l'impression que ce n'est pas le même métier, presque. Enfin, l'énergie n'est pas dépensée dans les mêmes choses, disons. Avoir trente ans, c'est aussi dresser quelques bilans. Qui est encore dans notre cercle d'amis ? On compte d'ailleurs les amitiés en douzaine d'années. On regarde dans le rétroviseur, on s'inquiète de ne plus y voir les mêmes gens. On se demande pourquoi certains ont disparu du paysage. Pourquoi ils ne reviennent pas nous faire un signe. On flirte avec la culpabilité : qu'est-ce que j'ai fait ? qu'aurais-je dû dire ? et aujourd'hui, comment réagir ? Du coup, hier soir, je ne sais ce qui m'a pris, mais j'ai écrit un mail à C. (énième tentative auprès d'elle) , et j'ai tenté d'appeler Mousse, son mari. Quand il a décroché, j'ai manqué de courage et profité de la mise en route intempestive de son répondeur pour raccrocher sans dire un mot. Je ne sais pourquoi je n'ai pas parlé. Enfin, si : sa voix était lointaine et altérée par le temps. Il faut dire que je ne les ai pas revus depuis plus de dix ans... Après cela, j'ai fait redescendre mes pulsations cardiaques, et j'ai envoyé un sms sur son fixe. J'ai tenté de rappeler une heure après, en vain : il ne décrochait plus et avait débranché le répondeur. Alors quoi ? Je devrais laisser tomber ? Le message a beau être clair, je n'y parviens pas. Quand on a encore le choix de parler à l'Autre, celui qui nous manque, celui qui manque à notre vie, parce qu'il est là, tout proche, il m'est insupportable d'envisager l'idée d'y renoncer totalement. Quand la mort m'aura tout ôté, soit. Mais avant, non.
La prière du professeur de ZEP : "Donne-moi aujourd'hui le
courage d'y aller. Pardonne à ceux qui vont m'offenser comme je
pardonnerai au ministère qui m'a laissée tomber."» Anne Roumanoff
Là, je suis au bord des larmes parce que 1) je me suis coupée au pouce en cuisinant des pommes-poires sans goût et que j'étais seule pour gérer cette petite blessure; 2) j'ai renversé une mini cocotte en la mettant au four avec comme bilan un dessus de cocotte cassé et des morceaux à ramasser dans le four partout avec une grosse cuillère et une seule main; 3) je suis dans un collège pourri et je pourrais crever devant les monstres, personne ne s'y intéresserait. Alors voilà une petite chronique musicale, histoire de m'adoucir.
Voici ma playlist du moment !
Alain Bashung, Fantaisie militaire et Bleu pétrole Des perles aux reflets changeants, des pépites sombres, des mystères, des mots rares et lumineux, une voix ensorcelante, des répétitions qui sonnent comme des incantations... Un bonheur renouvelé à chaque écoute. Une mention spéciale à "Vénus", "Comme un Légo", "Sur un trapèze" pour le dernier album et les trois premiers titres de Fantaisie militaire.
Moriarty, Gee wizz but this a lonesome town
Groupe découvert bêtement et tardivement sur le blog d'Ed, alors que j'avais déjà entendu la petite merveille "Jimmy" à la radio sans en connaître l'origine... Un ensemble étonnant et assez folk, que la voix de la chanteuse transcende. Je la trouve même meilleure en live qu'en studio. Et un truc bête: j'adore son accent. Optez pour la nouvelle version de l'album en digibook, avec un deuxième CD excellent qui contient entre autres une reprise de"Enjoy the silence"...
Brian Eno et David Byrne, Everything that happens will happen today
Deux génies et légende de la musique, qui avaient produit un album ensemble il y a trente ans, reviennent en force. J'y entends des mélodies soignées, pures, une voix (celle de David Byrne) et un style qui me font penser à Paul Mc Cartney (les puristes bondiront peut-être). Eno parle de "gospel électronique" pour cet album mélangeant différents genres : pop, country, folk, électro... J'adore.
Benjamin Biolay, Trash yéyé J'aime son côté décalé, peu consensuel, parfois à la limite de la vulgarité, parlant amour, sexe, manque, détresse, banalités sur des mélodies chaloupées et léchées... J'ai acheté l'album, à la base, pour un seul titre ("Qu'est-ce que ça peut faire ?) et me suis délectée du reste.
J'avais oublié les fausses vannes ("Madaaaaame, ils ont dit que vous aviez une tête de pharaon !"), les bruitages (j'ai eu droit à la ferme complète), l'agitation extrême (non, il n'y a pourtant pas de buzzers sur leurs tables), les questions qui ne servent à rien ("Madaaaaaaaaaaame, si ma feuille elle est un peu abîmée, là, c'est grave ?"), l'absence totale d'autonomie ("On écrit quoi ? C'est quoi le titre ? C'est quoi au tableau ?"), les pouffements de rire ("Hihihi, elle est trop bizarre, la prof !"). les lancers de boulettes baveuses... On oublie vite, après presque deux ans en lycée. Et quand on est dans une REP, c'est encore une autre dimension...
Le pire, c'est qu'en première heure j'étais supposée avoir la "chouette sixième" et qu'ils m'ont exténuée. J'avais mal au tympan droit. J'ai eu tout le loisir de m'inquiéter pendant mon heure de trou en imaginant comment se déroulerait l'heure avec la "sportive sixième". C'était presque mieux qu'avec l'autre.
Je n'ai toujours pas d'arrêté ni aucune trace de mon affectation à ce jour. Logiquement, je ne devrais pas y aller demain. Je sais que j'irai quand même, mais je fixerai les limites pour vendredi.
Le comble de tout, c'est que j'ai reçu un mail de l'adjoint du lycée : un collègue est en arrêt maladie pour environ deux mois. Et il n'y aucun TZR de disponible selon le Rectorat. A un jour près, donc, je serais retournée dans "mon" lycée... Avec d'autres classes, certes, mais bon...
Baume au coeur quand même en cette morne journée : mon élève de S m'a répondu, et ses mots sont ma plus jolie récompense.