Après une première nuit de onze heures de sommeil, je le dis haut et fort : JE MERITE CES VACANCES ! Les deux dernières semaines ont été particulièrement éprouvantes, et j'attendais la délivrance de quinze jours avec impatience.

En plus, pour une fois, ma moitié est de repos en même temps que moi, et dès ce soir !

Pour la route, quand même, une jolie perle d'un de mes élèves, qui s'appelle Thomas (détail qui a son importance dnas la chute de cette histoire) :

_ M'dame, on fête quoi à Noël ? La montée du Christ au ciel ?

_ Non, on fête sa naissance, Thomas.

_ Ouais, bah pourquoi on fête pas ma naissance, à moi ? On appellerait ça le "Thoël", ça s'rait cool !

Perles de la semaine, trouvées dans des fiches lecture de 5ème et 3ème :

"Poole, le majeur d'homme du Dr Jekyll..." pour Stevenson, L'Etrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde

"Le champ livre, Montag put s'échapper..." pour Bradbury, Fahrenheit 451

"Daniel Pennac est né en 1813. (...) Son roman a été publié en 1994 et réédité en 2000. Il est professeur de lettre." Condensé magnifique de perles pour L'Oeil du loup, de Pennac, vieilli d'un coup.

D'ailleurs, de nombreux élèves ont écrit professeur de lettres sans le S final, comme si nous n'enseignions qu'une lettre. Les élèves me demandent souvent pourquoi je ne me présente pas comme "professeur de français". Toutes ces nuances leur paraissent étranges, d'ailleurs.

Un collègue l'an dernier m'amusait beaucoup en m'appelant "la prof d'alphabet". Tout se rejoint et se recoupe, finalement.

Trouvé dans une fiche lecture :

"L'histoire se passe au temps des rois et des rennes."

Sachant que ma petite élève a fait l'erreur deux fois, ce n'est pas de l'inattention. Mais c'est mimi en cette période de Noël, non ?

Pendant que mes chers bambins planchaient sur un contrôle général de grammaire, je corrigeai les rédactions d'un classe de 5ème. Celle-ci avait été faite sur table avant les vacances.

Outre le fait que deux élèves ont triché grossièrement (les 3/4 de leurs copies sont identiques, au mot et à la faute près...), le jeune Paul a écrit dans son devoir ceci :

"L'adolescent est condamné à deux mois de prison à perpétuité."

J'ai contrôlé mon amusement car la classe était silencieuse et concentrée (atterrée ?) sur les douze exercices de grammaire...

Nous étudions toujours la littérature médiévale avec les 5ème. Cette semaine, texte sur l'adoubement d'un chevalier.

_ Un chevalier doit être honnête, juste, et droit. Donc quand son ennemi est à terre et lui demande grâce, il doit l'épargner. Ce qui compte, c'est de savoir qu'il aurait pu le tuer et qu'il dominait son adversaire.

_ Ah bon ? Mais c'est nul, madame !

_ Et pourquoi ça ?

_ Même si l'autre il est très méchant, il doit le laisser en vie ?

_ Oui.

_ Et même si c'est Ben Laden, et qu'il a fait plein d'attentats ?

Merveilleux anachronisme. L'élève en question m'en a fait un autre après, en comparant l'éventuelle éviction d'un chevalier de son statut privilégié, avec les équipes de foot qui perdent et descendent dans le classement...

Aujourd'hui, étude de textes médiévaux.

1) Une des questions était : que désigne "le fer" dans le texte ? Réponse trouvée par tous les élèves : l'épée du chevalier. Jusque-là, tout allait bien.

Je commence à leur expliquer que cette figure de style s'appelle une métonymie : on utilise un détail, un élément d'une chose (matière, forme, particularité...) pour décrire une chose en son entier.

_ Je vous donne un exemple de la vie courante : "Je vais dans un café prendre un verre." Il y a deux métonymies dans cette phrase.

_ Madame, c'est pareil avec le bar ? "Je vais au bar".

Là, je voulais répondre "Oui, tout à fait" à cet élève, mais un autre s'est exclamé avant moi : " Un bar ? Mais c'est un poisson !"

2) Autre question, avec l'aide d'une annotation en marge du texte : quels sont les détails violents et cruels du texte (Raoul de Cambrai) ? Les élèves me citent quasiment tout ceq u'il faut citer, sauf un adjectif attribué au héros :

_ N'oubliez pas comment on appelle Raoul...

_ Le belliqueux !

_ Oui, c'est "celui qui aime la guerre".

_ Hein ? Celui qui aime la bière ?

La jeune fille avait bien raison de s'étonner...

1) Les élèves se mettent à ma poser des questions sur l'orientation et les études, suite à une remarque que je leur ai faite sur la différence entre un/une/des mémoire(s) (tout leur est bon pour faire dériver le cours, mais je tiens bon la barre malgré tout !). Je venais de leur dire que, par exemple, en maîtrise, à Bac +4, on rendait un mémoire.

Là, une élève lève la main en faisant une petite moue, qui indiquait qu'elle désapprouvait ce que je venais de dire :

_ On n'arrête pas de nous dire ces trucs-là... Mais ça existe pas le Bac sans + ? J'veux dire, un Bac normal, quoi !

Comment faire pour ne pas craquer devant une telle logique et une telle naïveté ?

2) J'évoquais le mot "blasphèmer" à mes élèves, et leur en donnait la signification :

_ Blasphémer, c'est insulter Dieu. Par exemple, quand vous dîtes "nom de Dieu" c'est un juron et vous blasphémez.

_ Ah bon ? Et c'est comme en anglais, avec "Oh my God !", Madame ?

_ Non, ça c'est "Oh mon Dieu !".

Petit silence. Puis un élève lève la main :

_ Mais alors, Madame, quand on parle des chaussures, les "godes" (NdE : régionalisme pour "godasses"), en fait c'est un blasphème ?

Là, je n'ai pu m'empêcher de rire, et les élèves avec. Surtout que cette remarque venait d'un élève très perfectionniste et considéré comme un "intello", ce qui a réjoui la classe.

Bref, Dieu est une chaussure, ou bien la religion catholique est au ras des semelles...

Questions du jour :

1)

_ Madame, quand vous mettez sur ma copie "Bravo ! Continuez dans cette voie"...

_ Oui ?

_ C'est ironique ? Ma mère m'a demandé ça.

Précision : cet élève a eu 32/40 à sa dictée.

2)

_ Madame, je ne comprends pas : on m'avait dit qu'une bonne rédaction valait 13 ou 14 maximum.

_ Et vous voudriez que je vous retire des points, c'est ça ?

Cet élève-là a eu 17/20 à sa rédaction.

Ni mes collègues, ni moi ne comprenons ces remarques. C'est le monde à l'envers ! Je vais finir par me contenter du strict minimum en commentaire sur les copies : passable, correct, très bien...

Je gagnerai du temps, au moins.