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Prof et plus si affinités
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Prof et plus si affinités
16 janvier 2011

Omblage : n.m., légère angoisse, fondée sur rien en apparence. Faire omblage.

A la demande générale d'Emy, je passe ici avant de m'activer comme une folle en ce dimanche...
Jeudi, journée de dingue quasiment sans pause. Déjeuner sur le pouce, après deux commissions d'absentéisme (fléau dans mon lycée comme ailleurs). J'ai cours avec les premières. Je monte l'escalier. Arrivée au premier étage, je vois un élève avec une casquette vissée sur son crâne. Comme à mon habitude, je lance un original  "Caaaaaasquette, jeune homme !". Une fois, rien. Deux fois, il fait le sourd. Je suspends alors ma grimpée, et je le suis.
Avec insistance, pour la troisième fois, je lui demande de retirer sa casquette. Et là, rapidement, je sens que ça ne va pas être simple : il se rapproche d'un coup de moi, et me dit qu'il n'est pas de l'établissement (assez bête de me le dire d'entrée de jeu, d'ailleurs).

"Et alors ? Il y a des règles ici, pour tout le monde." Ah, le bel argument des règles à suivre ! Rien de tel pour l'énerver, puisqu'il voulait justement aller à l'encontre de ce que l'on exige...

_ Vas-y, t'es qui, toi ?
_ Vous me tutoyez ? Continuez, pour voir.
_ Ouais, et tu vas faire quoi ? Vas-y, appelle ! J'm'en bats les c******* ! Appelle les flics, aussi !, dit-il avec agressivité, en bombant le torse vers moi, avec un sourire en coin.

Là, je me penche au-dessus de la balustrade, et je demande aux élèves du bas d'appeler un surveillant. Aucun ne bouge. Ils font comme les trois singes : ils n'entendent, ne voient, ne disent rien.

3singes_sagesse

Telle un doberman, je ne lâche pas l'élève qui m'a insultée. Je le précède à la descente dans le hall., en le poussant légèrement. En bas, c'est moi qui me rapproche de lui, ce qu'il ne supporte pas.

_ Vas-y, tu fais quoi, là ? Recule ! Me touche pas !
_ Vous êtes qui, pour me parler comme ça ?

Soudain, il se rapproche tellement que je peux sentir son haleine de cendrier. Et là, allez savoir pourquoi, au lieu de tomber dans la grossièreté comme lui, je lui lance une phrase sans réfléchir, mais en la pensant vraiment, avec un air de dégoût sans doute : "Ah, vous puez !"
Il s'attendait à tout sauf à ça. Pendant qu'il essaye de m'imiter en rendant sa voix plus aigüe, nous sortons du hall. Soulagement de ma part, je vois ma copine CPE et Dolly arriver.
J'ai le souffle un peu coupé mais je parviens à faire comprendre le problème rapidement :"Intrusion, on m'insulte, on m'agresse !"
La CPE le canalise pendant une minute, mais il lui envoie les mêmes injures très rapidement : elle lui conseille de sortir vivement de l'établissement, car elle va en effet appeler la police. Le jeune homme me regarde avec haine, m'insulte dans sa langue (au ton, j'imagine bien qu'il ne me récitait pas de poésie), et s'en va vers la grille du lycée, tranquille comme Baptiste.

J'ai les mains qui tremblent, et cela m'agace de ne pas avoir réussi à me maitriser plus que cela. Je dois enchaîner et récupérer mes élèves. J'arrive en cours assez fébrile, en me disant que j'ai peut-être pris des risques, mais que je ne regrette pas de ne pas l'avoir lâché.

En attendant, ce n'est pas cela qui me fait le plus omblage, mais les soucis de santé de ma mère. A suivre...

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Commentaires
T
Courage, sang froid, néologisme.<br /> <br /> Chapeau !
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V
Tu trouves vraiment que c'était ce qu'il fallait dire, Emy ? :-o<br /> Je me trouve assez inconsciente et décalée, sur ce coup-là ! Hihi.
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E
oh on dirait un scénario magique... Ceux où tu dis exactement ce qu'il faut au bon moment mais où d'habitude tu te défiles! Bravo!!<br /> Je te fais des bisous en espérant que pour ta maman ça aille...
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