Divers et varié
Mon jasmin a explosé de joie solaire. Les pensées s'activent et résistent à la chaleur. Je fais de même...
En ce moment, au lycée, les élèves sont en mode off et nous, nous donnons beaucoup d'énergie pour les tirer, leur faire achever la liste de Bac, les retenir un peu, mais aussi pour remplir les bulletins et les dossiers scolaires, gérer l'orientation (ah, le bonheur d'être PP de seconde !), anticiper les épreuves du Bac en tant qu'examinateur...
Ce matin, un lapin j'ai réussi à clôturer la séquence sur la poésie par une séance musicale sur Paris. Au programme, Gréco, Barbara, Ferré, Nougaro, Abd Al Malik, Marc Lavoine, Cora Vaucaire et la voix d'Apollinaire. J'aime faire découvrir des sonorités inconnues à mes élèves. Certains l'ont joué blasé ("j'vais m'suicider"), mais globalement je pense que l'idée leur a plu. Et puis j'ai indiqué cette séance sur leur descriptif de Bac, alors bon...
A la fin des deux heures, comme j'avais parlé un jour d'une potentielle sortie officieuse sur les bateaux-mouches, une élève est venue me demander si c'était réalisable, même après les cours. Ce genre de réaction me flatte toujours un peu.
Sinon, je dois préparer le conseil de ma seconde ce week-end, et Kracoukass a beau être en arrêt, il m'inonde de mails angoissés pour qu'on le prépare à deux -chose dont je me passerais bien. Je pense noyer le poisson assez vite, car je m'en sors bien mieux sans lui. J'ai appris par des rumeurs qu'il avait eu sa mutation : il quittera donc le lycée, mais emportera avec lui sa paranoïa et ses problèmes...
Dans un tout autre domaine, j'ai décidé de vider un peu mon salon et de l'aménager autrement. Je commence demain à mettre ce projet en oeuvre. L'idée me plaît beaucoup : je veux créer un bel espace de travail, et respirer plus dans cet appartement envahi de choses.
Cet après-midi, donc, petit tour dans le centre ville pour acheter ce qu'il faut et m'aérer un peu : j'ai la tête farcie de tous les projets pédagogiques en cours.
Et puis une petite devinette pour finir : qu'y a-t-il donc dans mes plats diététiques ?
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Jour férié, il paraît
Je suis revenue de l'aéroport à 7h20. Flûtine embarque à l'heure qu'il est. Elle traverse l'atlantique, et moi j'ai l'impression que ma vie va dépendre d'un avion... Insensé, évidemment.
Hier, nous sommes allées voir l'exposition "la voie du Tao" au Grand Palais. J'avais acheté un exemplaire fort simple du Tao te king de Lao Tseu pour le voyage de Flûtine, mais elle l'a laissé sur le rebord du lit sans s'en rendre compte. Alors nous avons décidé que j'ouvrirais au hasard le livre quotidiennement, et que j'en tirerais une citation.
Voici celle du jour 1 : "Celui qui sait fonder ne craint point la destruction; celui qui sait conserver ne craint point de perdre" (LIV).
Ceci étant, je vais devoir travailler sur mes descriptifs du Bac (à rendre au grand maximum... jeudi, hum). Il va aussi falloir ranger quelque peu l'appartement, mais je risque de reporter le ménage en raison de mes cours à peaufiner et des dernières copies à corriger.
Sinon, je voulais vous dire que mes jardinières fleurissent, que mes pensées sont superbes, que ma menthe explose dans son pot, qu'il fait un temps magnifique (dont il faut apparemment profiter car la météo de 5h30 annonçait un renversement à compter de mardi, pfff), et que je vais vous montrer tout cela dès que j'aurais basculé les images sur l'ordi montre tout cela...
Pensées et renoncule
Jasmin bourgeonnant
Pensées
Bourgeon de renoncule
Vote etc
Je viens de finir de prendre mon petit-déjeuner, il fait gris dehors, j'anticipe mon programme du jour.
Hier soir, j'étais invitée chez une jeune collègue pour sa crémaillère. J'ai décliné l'invitation : je ne me sentais pas d'être au milieu d'une vingtaine de personnes inconnues dans un deux pièces. Et puis je l'aime bien cette collègue, mais je sens que je ne passerai pas le stade de la camaraderie avec elle. Autant avec mes copines du cercle littéraire (autrement dit le "G5"), cela coulait de source pour moi, autant là, j'ai un frein (sans trop savoir lequel, d'ailleurs).
J'avais donc décidé de repasser tranquillement devant quelques épisodes d'Ally Mc Beal. Le repassage, passé à la trappe hier soir, va donc être fait aujourd'hui.
Ensuite, et bien évidemment, je dois aller voter dans mon ancienne commune de résidence (je n'ai pas encore véritablement investi ma "nouvelle" ville et donc pas fait les démarches pour être inscrite ici). J'ai fait un cours en ECJS vendredi sur les régionales pour expliquer l'importance de ce vote dans notre vie quotidienne. Je lis partout que l'on craint les 50% d'abstention (rien de tel pour que ce soit le cas et que les gens s'habituent au chiffre). Cela me désespère et me mettrait presque en colère -chose rare chez moi, réellement. Quand je pense aux Irakiens qui se sont déplacés par millions sous les bombes, affrontant les attentats des extrêmistes pour aller voter, certains y laissant leur vie, je me dis que vraiment, ce confort de l'électeur français est un luxe que beaucoup oublient.
Depuis que je suis en âge de voter, je n'ai raté aucune élection. Enfin, un seul tour pour une régionale, à cause d'un accident de voiture dont j'ai réchappé par miracle, ce qui me paraît être une assez bonne excuse. Systématiquement, je ressens une grande fierté et presque un "pouvoir" d'être une femme dans un pays libre, qui a le droit de voter. L'image, le symbole peuvent sembler galvaudés aux yeux de certains, mais je pense toujours à celles et ceux qui se sont battus pour ça.
Par ailleurs, j'aimerais cuisiner aussi en ce dimanche : fondue de poireaux, compotée de pommes vapeur, pain perdu allégé.
Enfin, je dois ranger le linge propre, changer les draps, préparer trois contrôles de lecture et revoir mes cours.
Sinon, et cela n'a rien à voir avec mon dimanche -quoique-, je pense à Jean Ferrat, le poète engagé qui est parti aussi délicatement que possible hier. J'aimais beaucoup, en collège, faire étudier et écouter aux élèves "Nuit et brouillard" dans le cadre de la poésie engagée.
On m'a "offert" un texte d'Aragon que j'aimerais mettre ici, mais il est un peu long. Alors cliquez sur le lien...
Edit de 13h : furax, dépitée, verte, déconfite. Voilà les mots qui me viennent à l'esprit. Tenez-vous bien : moi qui prône l'importance du vote, moi qui voulais lutter contre le taux d'abstentionnisme, tout ça, je ne peux voter. J'ai été radiée des listes électorales de mon ancienne commune. La raison est floue, mais l'on suppose que c'est à cause du retour des courriers électoraux, étant donné que j'ai déménagé. Seul souci : aux dernières élections, j'avais pu voter sans problème. Je suis en colère contre moi-même parce que je ne me suis pas inscrite dans ma ville, certes, mais surtout en colère contre ce système expéditif. Je ne ferai même pas partie des pourcentages d'abstention ! Je ne suis même plus électrice. Quel camouflet !
Musique des mots
Luchini ne vous déchaîne pas*, et pourtant, quel génie ! Dommage... Sachez juste que ces presque deux heures de pure intelligence, de drôlerie, de littérature m'ont ravie. L'esprit qui fourmille, énergique, intempestif, à la limite de la folie m'exalte.
Je n'ai pas osé demander si l'affiche du spectacle était à vendre ou si l'on pouvait me l'offrir gracieusement (oui, je sais, je suis trop idéaliste parfois). J'aurais bien aimé l'avoir.
Bon, sinon, il paraît que ce soir c'est réveillon. Alors je vais vous faire un cadeau musical virtuel. Il s'agit de titres délicieux, tirés d'un album hommage à Boris Vian, lus ou chantés par des femmes aux voix troublantes.
Histoire de ne pas faire de sexisme à rebours, j'ai glissé, au milieu de ces dames, Edouard Baer. Mais peut-on faire plus dandy et plus ambigu que lui ?
Je n'ose finir sur une phrase attendue de type "bon réveillon". Alors voici une petite citation de Paul Valéry, qui sert de point de départ au spectacle de Luchini : "Il n'existe pas d'être capable d'aimer un autre être tel qu'il est. On demande des modifications..."
* Entre le moment où j'ai écrit cette entrée, et celui où je l'ai publiée, deux commentaires de mes coupines de blog ont été postés ! Je n'apporte pas de correction : c'est plus rigolo ainsi...
FET
La
nuit n’est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis,
Puisque
je l’affirme,
Au bout du chagrin, une fenêtre ouverte
Une fenêtre
éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler, faim à
satisfaire,
Un cœur généreux,
Une main tendue, une main ouverte,
Des yeux attentifs,
Une vie, la vie à se partager.
Paul Éluard
Une fenêtre ouverte
La consigne 68 indiquait qu'il fallait utiliser une clé, d'une façon ou d'une autre, et que celle-ci devait être importante... Après hésitations, j'ai quelque peu détourné le défi. Voici ma participation :
Tu avais tout ouvert
En grand les fenêtres
Un entrebaillement de porte
Les cadenas ont sauté
Plus de limites
Plus de sanctions
Pas de punitions
Tu avais la clef
Celle que personne n’avait trouvée
Tu avais effacé le F
De la serrure
La clef était clé
Clé de sol
Clé de ciel
Clé de soi
Aujourd’hui j’ai tout jeté
Tout fermé
Il y avait trop
De courants d’air
Dans mon cœur ouvert
J’ai fermé les fenêtres
La porte
Ma bouche
Et j’ai remis le F
Qui saura
A nouveau
Le décrocher ?
Oeuvre de Dali
Auto persuasion
"Et un sourire"
La nuit n’est jamais complète
Il y a toujours, puisque je
le dis
Puisque je l’affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille,
Désir à
combler, faim à satisfaire,
Un cœur généreux
Une main tendue, une main
ouverte,
Des yeux attentifs
Une vie,
La vie
A se partager.
Paul ELUARD, Le Phénix, 1951
Lettre
Michelle, nous avons été de ces oiseaux
Qui se frôlent, portés en flèche à la lumière,
Et se poursuivent en criant toujours plus haut
Jusqu'à l'extase, trop pareille à l'éphémère ...
- Mais plus d'images entre nous : j'ai dit en rêve
les mots qui rendent la distance un peu plus brève
entre nos corps, ces personnages infernaux ;
tu savais en former d'assez étroits anneaux
pour qu'ils exultent à en oublier leurs frontières
et la mort qui attend, curieuse, derrière ;
moi, j'étais trop souvent comme un enfant distrait,
je voyageais, je vieillissais, je te quittais,
et quand nous sommes remontés vers l'aube crue,
c'est un spectre que tu guidais de rue en rue,
là où le chant du coq ne pourrait plus l'atteindre.
Et pourtant cette ombre t'aimait ... On ne sait pas
ce que l'on trouvera là-bas pour vous étreindre ...
- Habitante de cette nuit, tu penseras
sans trop de haine à qui demeure on ne sait où
et te frôla comme un oiseau sur les paupières
puis monta, sans cesser d'apercevoir dessous
ton sourire scintiller comme une rivière...
Philippe Jaccottet