Outre la violence de l'ouragan, des hommes, des femmes,
des enfants subissent la violence de leurs congénères, la violence de la
situation, les alligators et les requins, la lutte pour une survie parfois
improbable ou pour un peu d'eau et de nourriture...
Qui sommes-nous pour juger la politique de Ferme-ta-Bush
? Si la même chose arrivait en France, ne tomberions-nous pas dans les vols, les
pillages et les viols de la même façon ?
Mon amie texane, originaire de Louisiane, héberge des
membres de sa famille qui ont survécu et échappé par miracle à "l'après"
Katrina. Elle n'a pas de mots assez forts pour m'expliquer l'état des choses
là-bas...
Extraits d'un article Reuters, par Mark Egan :
"LA NOUVELLE-ORLEANS (Reuters) -
Ignorant le vrombissement, au-dessus d'eux, des pales de
l'hélicoptère présidentiel, les laissés-pour-compte de la Nouvelle-Orléans ont
volontiers décrit les meurtres, les viols, la faim et les menaces de mort qu'ils
ont affrontés dans leur abri improvisé après avoir échappé au dévastateur
ouragan Katrina.
Brisant l'isolement auquel ils avaient été réduits
depuis le passage lundi de l'ouragan, des Gardes nationaux ont distribué des
rations militaires et de l'eau à des milliers de personnes évacuées de leurs
habitations inondées.
Dans le centre de conférences où certains dorment
depuis lundi flottait une odeur de mort, tandis que l'on jouait des coudes, à
l'extérieur, pour la distribution des rations, sous la surveillance de soldats
de l'armée de terre munis de mitrailleuses.
"Ils sont morts ici-même, en Amérique, en attendant qu'on
les nourrisse", s'emporte Fouchea en se dirigeant vers le Hall D, où ont été
stockés les corps pour qu'ils ne pourrissent pas au soleil.
Selon lui, on a
laissé les gens mourir sur place sans leur donner de nourriture parce qu'ils
sont pauvres et les premiers efforts d'évacuation ont concerné le quartier
français de la Nouvelle-Orléans "parce que c'est là qu'il y a de
l'argent".
Un Garde national interdit l'accès au Hall D.
"Pas
besoin de voir ça. C'est une morgue improvisée", explique-t-il à un photographe
de Reuters. "Nous ne laissons plus entrer personne ici. Si vous voulez prendre
des photos de cadavres, allez en Irak."
La nourriture a donc fini par
arriver dans le centre de conférences - le jour de la visite du président Bush
dans la ville sinistrée - mais ce n'est pas de joie qu'une dame âgée et son mari
se sont évanouis vendredi, c'est sous l'effet de la chaleur.
Valenti et son
mari, qui font partie des quelques rares blancs présents dans ce camp de
réfugiés presque exclusivement noir, affirment avoir été, à l'instar d'autres
Blancs, menacés de meurtre jeudi.
D'autres rescapés livrent des récits
terrifiants d'agressions sexuelles et de meurtre.
Assise en compagnie de
sa fille et d'autres membres de sa famille, Trolkyn Joseph, 37 ans, affirme que
des hommes ont rôdé la nuit dans les recoins du centre de conférences pour
violer et tuer des enfants.
"Elle a été violée pendant quatre heures, jusqu'à
ce que mort s'ensuive", sanglote Joseph. "Un autre enfant, un garçon de sept
ans, a été retrouvé mort dans le congélateur de la cuisine la nuit dernière. Il
avait été violé."
Un jeune homme avoue son appréhension à l'idée de passer
une nouvelle nuit dans le centre de conférences, et se demande quand la
situation s'améliorera. "C'est comme une prison ici", dit-il. "Il y a des
meurtriers, des violeurs, des tueurs, des voleurs. Tout ce que vous voulez."
"
"In God we trust"