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Prof et plus si affinités
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Prof et plus si affinités
19 mars 2009

La journée de révolte citoyenne

Adjani_journ_e_jupe

Demain soir, sur Arte, passe en avant-première La Journée de la jupe, avec Isabelle Adjani. Le film sortira en salle mercredi prochain.
Je n'en ai vu que la bande annonce, et je suis déjà à moitié retournée : c'est l'histoire d'une prof de français dans un établissement difficile, qui découvre une arme à feu dans le sac de l'un de ses élèves. Et là, tout bascule. Le mince fil qui retenait cette prof de sombrer, se coupe.
Je me suis dit, dans l'après-midi, que finalement, c'était un miracle que ce genre d'événement n'arrive pas. Combien d'entre nous sont parfois au bord du précipice ? Qui connaît les tensions que l'on génère, celles que l'on reçoit au quotidien, la violence intrinsèque au métier aujourd'hui ?

Le film sera peut-être excessif, mais dans cette courte bande-annonce, dans la simple phrase d'un élève qui paraît innocente ("C'est bon, on veut étudier, nous..."), j'ai ressenti ce que je ressens parfois et que j'assume pleinement dans mon métier. Pourtant, de l'entendre hors contexte, cette phrase, elle m'a fait mal : le système retors de retournement de la situation (sous-entendu, c'est la prof qui s'énerve, pas moi, et elle m'agresse -cela me fait penser à un certain débat d'entre deux tours...), et la menace sous-jacente que l'on n'entend pas quand on est dans l'action...
J'ai dit à ma mère de regarder ce film sans savoir ce qu'il valait, même si les critiques disent Adjani et ces ados parfaits. Je serai demain devant mon écran. C'est assez rare pour être noté. Et je dirai ce week-end ce que j'en ai pensé.

Sarkozy et ses sbires (Darcos dans le peloton de tête) ne savent rien de nos vies, qu'elles fussent de prof, d'ouvrier, de médecin, de chômeur ou d'artisan. Comme premier pas, je leur suggère d'allumer aussi leur télé demain soir. Ils verront l'école que l'on redoute tous pour nos enfants, je crois, et la souffrance des profs à la loupe.

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13 mars 2009

Rainbow

bic_4_couleurs

Bilan du jour

Mon stylo quatre couleurs a été dérobé alors que je relevais les copies de la 6ème sport. La semaine dernière, c'était mon criterium qui avait disparu. Je l'avais "retrouvé" en morceaux dans les mains de Moumou, bavard impénitent et hâbleur pénible.
Outre le fait que ces menus larcins me vexent (j'ai toujours eu l'oeil du sioux, vif et en alerte), je me dis qu'il va falloir que je sois un peu plus parano et aux aguets. Et ça m'énerve.

Sinon, la 6ème ballon est vraiment plus faible que la 6ème fusée : les premiers sont parvenus à faire environ sept questions sur vingt dans une certaine agitation, alors que les seconds ont quasiment tout fait dans le calme...

A part ça, la serrure de ma salle de classe est totalement explosée et n'a pas été changée. C'est maintenant un trou béant dans lequel certains rigolos aiment à passer leurs doigts pendant que je fais cours... Je me demande combien de temps cela va prendre à être réparé...

12 mars 2009

La reine des colles

glue_galaxy

Ce matin, j'avais trois heures de cours. J'aurais dû partir vers 11h45 du collège. Mais c'était sans compter sur l'humour de certains élèves anonymes : ils ont mis de la colle glue à l'intérieur des verrous de porte de deux salles de classe. Dont celle de Bibi, évidemment.
Au retour de la récréation, donc, je découvre que ma clef bloque et ne veut rien savoir. Je me penche en subtile enquêtrice, et trouve un filet de colle le long de la serrure. Bingo. Je pense à ce moment-là être la seule victime ,et rumine intérieurement sur mon bizutage un peu lourd. J'envoie chercher quelqu'un rapidement, et une volée de sixièmes part en courant, évidemment. Je croise deux autres collègues, dont une qui découvre ahurie que sa salle de classe est aussi inaccessible que la mienne. Une CPE et un surveillant débarquent, on a droit aux suspicions à l'encontre de deux élèves de 3ème, et mes gnomes sont encore plus énervés que d'habitude.
Bref, je change de salle pour cette heure-là, mais toutes mes affaires sont dans la mienne. La fin de la leçon, les feuilles d'exercices, de bêtes craies, mes stylos... Heureusement, j'avais eu la bonne idée de garder sur moi mon sac à dos avec mes papiers, mes clefs, etc.
J'ai improvisé la suite du cours dans l'agitation (en lycée, ce type d'impro aurait été fort ardu, mais là  aucun souci de maîtrise face à un cours sur... l'impératif), d'autant que six élèves étaient convoqués chez la CPE et sont revenus au compte-goutte. Cela n'a fait qu'ajouter à l'ambiance électrique. Les 6èmes, on ne peut pas les perturber gratuitement : une nouvelle prof, une nouvelle salle, l'histoire de la colle... Tout cela a fait la une de leur petit journal de classe.
J'achève enfin mes heures de cours, et vais aux nouvelles. Le monsieur de la loge tente de rassurer tout le monde en annonçant qu'il va percer la serrure. On commence déjà à évoquer le célèbre José, celui qui s'occupe de la maintenance et du bricolage.
Le souci, c'est que Saint José n'est pas parmi nous à 11h30. J'ai entendu plusieurs fois, au milieu de mes allées et venues pendant deux heures, la question "Il est où est José ?". A force, cela en devenait comique.
Autre trait d'humour, celui de Droopy, le principal, qui m'a soutenu que jamais au grand jamais, ce genre de choses n'était arrivé dans ce collège ! Amen.
Au final, après deux heures d'attente pour moi (qui m'ont permis de découvrir qui étaient mes collègues de lettres, alléluia), José est arrivé, José a su, José a ronchonné. Et José a fait. A coup de perceuse à percussion, pied de biche (ils étaient deux dessus !), tournevis et coups de marteau pendant trente minutes, José a vaincu la glue.
J'ai récupéré mes affaires à 14h. J'ai filé, la faim au ventre, en me demandant si demain la porte de ma salle serait réparée étant donné qu'elle est presque défoncée... En craignant aussi que les petits malfrats de service ne recommencent. Et, pour finir, en me disant que l'argent de l'Etat, le nôtre, donc, pourrait servir à bien d'autres choses qu'à changer des verrous englués.

Comme l'Education Nationale, remarquez...

trou_serrure_jaune

12 mars 2009

Teasing

Pourquoi suis-je rentrée à 14h30 au lieu de 12h ?
Pourquoi suis-je la reine de la glue ?
Pourquoi me sentè-je fatiguée ?

Vous saurez tout cela d'ici à ce soir... Mais là, je dois rattraper le temps "perdu" et travailler un peu...

9 mars 2009

Je suis l'âme errante

nadja

Je sens que je ne vais faire que passer dans ce nouvel établissement : j'y entre, je fais cours, je sors. Aucun collègue ne me parle, alors qu'une nouvelle tête à cette époque de l'année, cela intrigue.
Je survis comme je peux dans ce collège au profil difficile. Impression de ne pas savoir faire, alors que je ne pense pas être trop mauvaise prof, globalement. Encore un élève renvoyé aujourd'hui, deux carnets remplis, donc trois rapports. Mal aux deux tympans. Je n'avance pas dans le cours, non plus. Ce à quoi j'avais pensé comme travail pour une semaine m'en prendra trois, je pense.
Ces chers petits s'envoient pour rigoler des pointes de compas dès que j'ai le dos tourné. J'ai évité les blessures. Youpi.
Ils vont aussi faire une lettre au prof que je remplace, sur idée du prof principal. C'est sympa, mais ils comptent tous mettre "Revenez !", ce qui est terriblement flatteur pour moi, même si cela ne devrait pas m'atteindre : c'est pure logique. Je suis l'élément étranger qui perturbe leurs habitudes.

A quand la stabilité d'un poste pour être celle à qui l'on dit "Revenez !" ?

André Breton, lorsqu'il demanda à Nadja "Qui êtes-vous ?" répondit "Je suis l'âme errante"...

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6 mars 2009

Prière

La prière du professeur de ZEP : "Donne-moi aujourd'hui le courage d'y aller. Pardonne à ceux qui vont m'offenser comme je pardonnerai au ministère qui m'a laissée tomber."» Anne Roumanoff

5 mars 2009

Victimes sociales

Bilan de cinq heures de cours et deux jours de remplacement dans un collège classé difficile :

  • cinq carnets relevés
  • un élève exclu au bout de dix minutes
  • un mal de tympan à l'oreille droite
  • deux vagues migraines
  • un nez en sang dans la cour en allant les chercher
  • une bousculade féroce et effrayante dans le couloir devant ma salle
  • des papiers à la pelle par terre

Qui ose encore dire que le métier de prof est une planque ?


Anne Roumanoff. La classe sensible en ZEP.

 

4 mars 2009

Les gnomes

sarbacane

J'avais oublié les fausses vannes ("Madaaaaame, ils ont dit que vous aviez une tête de pharaon !"), les bruitages (j'ai eu droit à la ferme complète), l'agitation extrême (non, il n'y a pourtant pas de buzzers sur leurs tables), les questions qui ne servent à rien ("Madaaaaaaaaaaame, si ma feuille elle est un peu abîmée, là, c'est grave ?"), l'absence totale d'autonomie ("On écrit quoi ? C'est quoi le titre ? C'est quoi au tableau ?"), les pouffements de rire ("Hihihi, elle est trop bizarre, la prof !"). les lancers de boulettes baveuses... On oublie vite, après presque deux ans en lycée. Et quand on est dans une REP, c'est encore une autre dimension...

Le pire, c'est qu'en première heure j'étais supposée avoir la "chouette sixième" et qu'ils m'ont exténuée. J'avais mal au tympan droit. J'ai eu tout le loisir de m'inquiéter pendant mon heure de trou en imaginant comment se déroulerait l'heure avec la "sportive sixième". C'était presque mieux qu'avec l'autre.

Je n'ai toujours pas d'arrêté ni aucune trace de mon affectation à ce jour. Logiquement, je ne devrais pas y aller demain. Je sais que j'irai quand même, mais je fixerai les limites pour vendredi.

Le comble de tout, c'est que j'ai reçu un mail de l'adjoint du lycée : un collègue est en arrêt maladie pour environ deux mois. Et il n'y aucun TZR de disponible selon le Rectorat. A un jour près, donc, je serais retournée dans "mon" lycée... Avec d'autres classes, certes, mais bon...

Baume au coeur quand même en cette morne journée : mon élève de S m'a répondu, et ses mots sont ma plus jolie récompense.

4 mars 2009

Le poids des photos

A l'image de ma matinée, une photo de la vitre de ma nouvelle salle de classe...

2009_03_04_04032009894

3 mars 2009

Baby-sitter

La suite de mes aventures...

cartable_prof

Ce matin, après avoir fait un mail à l'adjoint du lycée, je suis partie à 9h30 pour rencontrer le principal de mon nouveau collège. Il m'a l'air assez spécial, mais bon, je me ferai une opinion progressivement. Je suis restée jusqu'à midi au sein du collège pour avoir tout le barda de la jeune TZR qui s'installe (et il faut veiller à ne rien oublier) : listes et trombis d'élèves, réglements intérieurs sur les retards etc, manuel scolaire, semaines A et B sur l'année, liste des profs, code photocopieuse, clef de salle, bip parking, souches d'appel, emploi du temps... Une paille, quoi.

Ensuite, j'ai filé dans mon "ancien" lycée pour rendre mes effets et mes copies... corrigées. Je voulais éviter Sakapus mais je suis tombée sur elle en salle des profs après une entrevue sympathique avec l'adjoint (qui m'a raconté la "crise" due aux copies que Sakapus avait renvoyées au lycée etc). Evidemment, j'ai eu beau plonger ma bouille dans mon casier en le vidant, elle m'a alpaguée :

_ Je vous ai reconnue ! Si vous avez quelque chose à me demander...
_ ... Non ! Je vide mes affaires là. Ce que j'ai mis dans votre casier vous a convenu ?
_ Euh oui, enfin je ne sais pas, je n'ai pas regardé.
_ Pardon ? Le bilan des classes ?
_ Ah oui, ça va.

Là, je suis sortie prendre l'air pour retrouver Peps. J'ai évacué la colère du "merci, mon chien". De retour en salle des profs, toujours avec mes livres dans les bras, Sakapus m'a de nouveau harcelée. Et là, c'est la cerise sur le gâteau. Elle s'est approchée très près de moi :

_ Les élèves m'ont demandé hier si vous alliez venir aux conseils de classe...
_ Ah non, je ne suis plus ici. Mais j'ai rempli tous les bulletins et je ferai des bilans par classe.
_ J'irai, bien sûr, mais je ne serai qu'une spectatrice...
_ Oui, comme moi dans mon nouveau collège.
_ De toute façon, les devoirs blancs ne compteront que pour le troisième trimestre.
_ Ah ? ils devaient compter pour le deuxième .

Et mes collègues renchérirent.
_ Quand j'aurai les notes, je vous les enverrai pour que vous les mettiez sur les bulletins...
Là, j'ai vu Peps prête à lui sauter à la gorge.
_ Non, j'en doute : je ne suis plus dans ce lycée, ce n'est pas à moi de le faire.
_ Ah... Je les remplirai derrière, après, alors ?
_ Voilà.
_ Je vous souhaite bon courage.
_ A vous aussi...

Sourires entendus avec mes collègues. Et elle est repartie, ahurie. Et moi, remontée comme une pendule. Peps m'a amusée pour me détendre, d'autres collègues se réjouissaient "Oh tu reviens !" mais je les calmais de suite.

pendule_gaston_citime

Après tout ça, bye bye la compagnie, courses chez Karouf, préparation de cours. Je commence demain avec les schtroumpfs.

Je me sens déjà fatiguée, là.

Apfiouh !

Edit de 20h30 : j'ai oublié de dire qu'une collègue du lycée m'a montré les copies qu'elle a corrigées et m'a donné celles de "mes" élèves. J'étais très heureuse de voir que mes pronostics concernant certains étaient justes et cela m'a rendue presque heureuse. Du coup, j'ai fait un mail à une élève pour lui dire sa bonne note... Même une élève de STG a réussi à avoir la moyenne en appliquant mes consignes...

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