Ce matin, j'ai fait l'expo du Grand Palais qui se termine demain (comment cela, j'attends la dernière minute ?) : "Une image peut en cacher une autre".
Max Ernst, "L'ange du foyer", 1927
Le truc, c'est que j'ai la carte Sésame, qui vaut pour un coupe-file. Normalement, on passe à gauche de la queue, mais à dix heures, il y avait aussi de l'attente côté Sésame. Les gens s'entassent. Et s'agacent. C'est vrai que niveau communication, on a fait mieux. Car l'attente dure : j'ai poireauté environ 45mn.
Et pendant ces trois quarts d'heure, j'ai supporté les commentaires et les agressions de mes voisins de derrière, au bord de l'envie de vomir à certains moments. Florilège obligatoire.
A chaque personne qui s'avançait en longeant la queue pour aller parler à l'appariteur, une dame beuglait : "A la queueeeeeeeeeeeee ! On ne double paaaaaaaaaaaaaas ! On attend nous aussi ! Pas de triiiiiiiiiiiiiiiiiche !" Et ses amis de renchérir en cherchant à faire de l'esprit :
_ Nan mais t'as vu celui-là ? Il double ! Quoi ? Il serait invalide ? Mouais, tu parles, il a pas l'air très invalide...
_ Ils ont un sur-Sésame ?
_ Mais que fait Mitterrand ? Et Carla ?
Délicat envers une femme obèse, en pouffant : "Et celle-là, elle est invalide aussi ? Ah ah, au-delà de 80 kg, on est invalide !"
Un autre, reprochant à l'appariteur de ne pas bloquer tel un rugbyman les resquilleurs : "Ah ça, aux Etats-Unis, ça n'arrivera pas ! On rattrape ceux qui doublent et on les renvoie au bout de la queue. (Un temps) Faut dire que ce sont des spécialistes de la queue, là-bas".
En fait, il y avait une panne d'électricité. Il était donc impossible non seulement de voir les toiles, mais aussi de les protéger. "Ben, laissez-nous entrer gratuitement ! On a fait 120km aller-retour, je travaille demain moi, je ne peux pas revenir ! Et j'ai fait la queue", couinait encore la gueularde de service. "Moi, j'suis une râleuse ! Les gens, i's taisent. Pas moi !"
Bref, elle voulait jouer à "j'ai un truc à dire sur tout" et "que fait la police ?", donc jouer elle-même à la fliquette. Il y a quand même des gens qui ont été agressés et lui ont dit gentiment de baisser d'un ton et de ne pas s'énerver aussi facilement.
Au final, le musée a ouvert ses portes, et pour contenter les grincheux, ils ont laissé entrer plein de monde d'un coup. Pas glop : plein de bruit, d'odeurs nauséabondes, de commentaires ineptes, de gens qui poussent... Oui, je sais, ça fait grincheuse. Ben tant pis !
L'expo en elle-même est ludique mais je ne dirais pas que c'est l'expo du siècle. Il y avait de beaux Dali (certains inconnus au bataillon) et un Ernst splendide. C'est déjà ça.
Dali, "Paranoia"