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Prof et plus si affinités

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Prof et plus si affinités
21 mai 2011

SOS coeur en détresse

Cette semaine, j'étais distordue : la tête près de Flûtine, le corps chez moi. Au lieu d'être près d'elle réellement, dans un moment important de sa vie, je devais gérer les aléas du lycée, et concentrer l'énergie à dépenser dans tout cela. J'étais donc totalement ailleurs tout en étant complètement là.

Dieu merci Ouf, je n'ai pas sombré dans la schizophrénie. J'ai patienté, fréquemment appelé, beaucoup souri à Flûtine sans qu'elle le voie, et ce matin, enfin, j'ai pris le train pour la retrouver.

J'ai joué à l'aide-soignante, assise au bord du lit d'hôpital, et j'ai admiré son courage. Là, je suis chez elle, seule, et c'est la première fois que cela arrive. Demain, et lundi encore, je retournerai passer des heures auprès d'elle; heures qui glissent entre nos mains s'effleurant, se caressant.

Mon évidence était d'être à ses côtés. Je suis sereine, ce soir.

PS : pour avancer en parallèle, j'ai repris le régime en faisant un petit jogging régulier, des abdos tous les deux soirs, en nageotant une heure par semaine à la piscine, et en allant à celle-ci à vélo.

 

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18 mai 2011

Et la choucroute, dans tout ça ?

Comme j'ai la tête occupée par autre chose aujourd'hui, je vous livre juste l'objet de mon inquiétude professionnelle et de mon désespoir, après huit mois de travail en seconde.

choucroute

Hier, je leur parle de la catharsis, de l'inconscient, tout ça. J'évoque juste Freud.

Aujourd'hui, je leur demande le nom de cet homme qui a théorisé l'inconscient, qui y a réfléchi. Néant. je les aide un peu : "Il est connu par tout le monde même si vous en l'avez pas lu. Je vous en ai parlé il y a moins de 24 heures. Il est Autrichien, du début du XXème siècle."

Et là, fuse une première réponse alors que je me tournais vers le tableau : "Mozart !"

Lasse, j'explique à cet élève que non, ça n'a aucun rapport. "Ouais mais des Autrichiens, on en connait pas beaucoup !" Je renchéris en disant que le but n'est pas d'appuyer sur un buzzer et de réagir au moindre mot : il faut cumuler les informations, et faire des croisements. Je réitère donc ma question du "qui est-ce ?".
Et, pour m'achever, un grand niais qui a régressé lance à la cantonnade, fier de lui : "Hitler !"
Je lui demande de me rassurer et de me dire qu'il l'a fait exprès. Mais non, pour lui, c'était une "vraie" réponse. Là, j'ai comme qui dirait "craqué".

"Mais enfin, quel est le rapport avec la choucroute ? Je vous ai parlé du génocide juif ? De celui des homosexuels ? De la seconde guerre mondiale ? On étudie la tragédie au XVIIème siècle ! Réveillez-vous ! A votre place, j'aurais envie de creuser un trou et de m'y cacher, là, au lieu de rire. On en est là au bout de huit mois de travail ? On n'est pas à un jeu télé, bon sang !"

Je le reconnais, je suis peut-être allée un peu loin. Mais nous sommes à bout, en ce moment. A bout de forces, surtout. Et puis à bout de patience. Je ne sais pas si c'est la même chose dans tous les établissements de France et de Navarre, remarquez...

PS : lors d'un voyage en Angleterre récent, Nono, l'un de mes "cas difficiles" comme on dit poliment, a répondu au guide ceci :

"Dans quelle ville les rois de France étaient-ils sacrés ? -> "Roissy !"

"Non, c'est une ville célèbre pour son champagne..." -> "Champigny !"

Et d'accompagner ses réponses d'un geste victorieux et satisfait, car il était convaincu d'être pertinent.

Et devant la statue de Churchill, on leur demande qui est ce personnage anglais célèbre et influent : "Quasimodo ! "

 

 

14 mai 2011

Glaniller : pouvoir prendre le temps / avoir le choix.

J'ai encore passé une semaine de dingue au lycée, d'où ma légère absence. D'où, aussi, mon effondrement quotidien vers 22h, grand maximum. Mercredi, j'ai même sombré deux heures dans une sieste profonde, au retour du lycée. Parce qu'il faut dire que ne plus avoir cours à la fac ce jour-là, ça me fait un drôle d'effet.

Tout comme aujourd'hui, où je n'ai à gérer "que" les affaires courantes du lycée : remplir les bulletins avec les notes; m'occuper des fiches d'orientation; contacter des parents; corriger des copies; prévoir mon trajet pour aller faire passer le bac dans le 78 (ben oui, pourquoi le rectorat nous enverrait-il près de chez nous, je vous le demande ?); faire des mails à des élèves et à des parents mais aussi à des collègues; plancher sur mes voeux de classes pour l'an prochain. Là, je vous épargne les détails, évidemment.

Donc, aujourd'hui, disais-je, j'avais du temps pour moi. J'avais le choix, plutôt. J'ai un peu rangé la maison, un peu nettoyé. J'ai arrosé mes plantes : les premiers bourgeons de capucines sont en train d'éclore ! Je suis allée chercher un colis dans un relais. Je me suis acheté des céréales au magasin bio. J'ai pris le temps de lire un Philosophie magazine (ce qui est exceptionnel car 1) ce n'est pas arrivé depuis des mois, 2) j'ai un mal fou à lire depuis l'agreg). J'ai rêvé d'une grande maison avec Flûtine. J'ai encore et encore réfléchi à l'agreg (recevoir mon relevé de notes m'a évidemment à nouveau piquée au vif).

 

saint_jacques_2

Je songe aussi aux grandes vacances. Jusque-là, c'était assez flou, mais ça commence à prendre forme. Tout ce que je sais, c'est que j'ai envie de marcher. J'avais pensé (nous y voilà, dans mes "projets"), au moment de l'admissibilité, faire un bout du chemin de Saint Jacques. Pour boucler la boucle : marcher pour réfléchir à cette année si étrange, si déroutante; marcher pour me taire; marcher pour avancer physiquement, pour faire prendre forme à mes autres avancées, plus abstraites. J'aurais la possibilité de faire aboutir ce projet pendant que Flûtine ferait du bateau en Méditerranée avec sa mère. Je partirais donc seule. Je n'ai quasiment jamais fait de rando, pas de camping en dehors de l'an dernier, alors tout cela me fait un peu peur. J'hésite. Mais l'avantage, c'est que je peux me décider un peu au dernier moment.
Ensuite, nous marcherons ensemble, Flûtine et moi, ailleurs. Et nous aimerions louer un gîte, quelque part, pour inviter les amis. Faire de ce lieu temporaire un passage vivant. Joyeux. Comme nous aimerions aussi voir une maison vivante, mais qui nous appartiendrait...

10 mai 2011

Boulbanguer : être retourné(e) par une rencontre / croire à nouveau en quelque chose

En ce moment, les profs principaux courent après le temps. C'est la première vague des réorientations, et l'académie réduit à une peau de chagrin nos possibilités. De fait, les PP de seconde sont à cran. La semaine dernière, j'ai même cédé à la colère -ce qui n'est pas mon genre- lors d'une réunion d'urgence sur ces nouveaux délais : le proviseur n'a même pas rugi quand j'ai dit, la voix étranglée : "On nous demande d'accomplir en moins d'une semaine des miracles alors que l'on cherche à voir certains parents depuis huit mois ! Je vais bientôt me faire canoniser et je serai une sainte ! C'est aberrant ! On fait quoi, depuis septembre, selon vous ?"

En bref, tout le monde est à fleur de peau, et ça part à vau-l'eau.

Sauf que. Sauf que je viens d'avoir une maman au téléphone, et qu'elle m'a retournée. Je m'en voulais de ne pas l'avoir appelée avant, et je pensais me faire remonter les bretelles. Et elle commence par : "Vous êtes une femme formidable. Mon fils vous aime beaucoup." Je souris à l'autre bout du fil, de ce fils si discret en cours qui voulait absolument que ce soit moi qui aie sa mère au téléphone, et non mon collègue de sport co PP.
Sauf que j'apprends la situation de la mère, rongée par la culpabilité d'avoir vu son fils partir en seconde générale alors qu'il avait un projet professionnel.
Sauf qu'elle ne pouvait rien faire à ce moment-là pour l'aider : elle a enterré son fils ainé et lutte contre un cancer de la tyrrhoïde. Et qu'à l'époque, en fin de troisième, elle "était sur le billard", comme elle dit. Sa fille, doctorante en droit, s'est occupée de tout.
Sauf que le rectorat a pris le troisième voeu du gamin, le plus simple, par sectorisation, et n'a pas choisi son premier voeu professionnel.
Sauf que la mère est partie en clinique pour soins intensifs pendant des mois. Et qu'elle subit encore de la chimio. Et qu'elle pleurait au téléphone de vouloir "sauver" son petit dernier, avant la date "anniversaire" de la mort de l'ainé. Peut-être même avant de mourir.
Je voudrais vraiment l'aider. Je ferai mon possible, en espérant que la machine administrative ne broie pas cet élève. Je vois sa mère mardi prochain. Elle veut me faire une assiette de gâteaux :"C'est tout ce que je peux vous offrir pour vous remercier, laissez-moi faire ça !" Même si je lui dis que je prône la prudence, qu'on pourrait manger les gâteaux après l'affectation de son fils dans l'école qu'il veut. "Non, madame, vous êtes là pour aider mon fils, et c'est tout ce qui compte. Après, ça passe ou ça casse. Mais je veux vous offrir des gâteaux. La cuisine, c'est tout ce que je peux faire..."

 

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Ce coup de fil m'a redonné l'envie de me battre, et m'a donné l'illusion d'être un peu utile et reconnue. Si cet élève a son école, mon année aura été sauvée. Cela peut paraitre excessif, mais face au marasme restant, je vous assure que cette femme a illuminé ma journée. Plus encore.

Je vous laisse : j'ai une lettre de recommandation à faire.

 

PS : j'ai aussi pu discuter avec celle qui m'avait "agressée" sur le Coran, fort calmement. Et ça m'a fait du bien. Et je le lui ai dit.

10 mai 2011

Ménage de printemps

Avant de partir lourdement au lycée puisque j'y retrouve "ma" seconde désespérante, je tenais à vous signaler que j'avais fait du tri dans les albums photos, et que j'en avais créé un pour la Drôme. J'ai gardé ceux de New-York par pur plaisir.

J'ai aussi changé les couleurs du blog qui sont sous le signe du printemps, mais je trouve que ça fait un peu trop girly, non ? Je voulais aussi remettre la bannière avec mes yeux, mais la page de fond alourdit le tout, je crois.

Et puis bonne nouvelle : mon jasmin a fleuri d'un coup, la nuit dernière, et cela me donne le sourire. Heureusement que j'ai mon balcon, car comme j'étouffe de plus en plus ici, je deviendrais zinzin, peut-être. J'ai d'ailleurs joué une grille pour l'euromillion de ce soir : j'ai des rêves de maison avec jardin, mais pas l'argent pour (ni la mutation possible, merci l'éducation nationale).

Sinon, il faudra quand même que j'évoque mes modestes projets ici, même si rien n'est encore très clair dans mon esprit...

Bon, je dois y aller. Qui pourrait me faire un mot d'absence ?

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8 mai 2011

Veuillez patienter, votre correspondant va vous mettre en relation...

Je suis revenue vers 12h30 d'un week-end bloguesque, telle un porte-drapeau fleuri, armée d'une rose orange à la main. Je vous en dirai un peu plus plus tard, car je dois repartir donner un cours particulier (oui, un dimanche, oui, un jour férié)...

A très vite, fidèles lecteurs.


Presque 18h30, me revoici.

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Comme je suis dans une nouvelle (enfin, plus si nouvelle que ça) dynamique depuis un an, j'ai décidé de dire simplement mes sentiments, mes envies, mes avis autour de moi. Cela m'a rendu plus légère, plus simple peut-être, dans le bon sens du terme.

Récemment, donc, j'ai fait un mail à Val, pour lui dire que j'avais rêvé de notre rencontre. En effet, elle et moi ne nous étions jamais vues, et nous avions évoqué, entre blogueuses, cette idée. Le temps a passé, et le rendez-vous n'avait jamais eu lieu. Et puis, suite à mon mail, les événements se sont enchainés naturellement : elle m'a invitée, j'ai accepté.

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Rencontrer quelqu'un que l'on pense connaitre à travers ses mots n'est jamais très évident. Quoique.

Je n'étalerai pas ici notre court week-end, mais sachez juste que je suis revenue avec le sourire. Et puis j'ai vu aussi un autre blogueur par la même occasion : c'est lui qui m'a offert une rose de jardin orangée.

J'ai pu respirer après ma lourde fin de semaine au lycée. J'ai pris du recul quant au courrier de mon assureur demandant que je lui redonne le remboursement de mon ancien scooter (ce que je n'ai pas fait : j'ai évidemment crié au scandale). "Peine d'argent n'est pas mortelle", entend-on souvent. Oui, il y a tellement plus important.

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PS : Eh, Caro, tu passes quand sur Paris ? ;-)

4 mai 2011

United colors

Je n'ai toujours pas pris le temps de récupérer les photos de mon week-end dans la Drôme, mais me revoici quand même.

En ce moment, je ressens une certaine lassitude, ou plutôt un désarroi tant au lycée face à des élèves gravement obscurantistes, que face à ma décision concernant l'agreg 2012. La semaine dernière, et depuis hier aussi, j'ai droit à un festival non plus de perles, mais de remarques inquiétantes. Pour la première fois, me semble-t-il, la majorité de mes élèves régresse en avançant dans l'année scolaire (je compte dedans les questions, les incompréhensions, les erreurs de langue, et tutti quanti).

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Par exemple, l'un d'eux (vous m'excuserez de ne pas toujours redonner le contexte) croit que dans son sang est inscrite son identité malienne. Il a fallu que je lui précise que non, seul un chromosome indiquait la couleur de sa peau. Et là, il m'assène le coup de grâce : "Mais madame, je ne pourrais pas vous donner mon sang puisque je suis noir !" On lui a précisé que je ne deviendrais pas métisse pour autant, d'ailleurs...

Sinon, j'ai eu droit à la grande théorie du complot à propos de la mort de Ben Laden, alors que je traitais un extrait du Tartuffe de Molière. Ne cherchez pas le rapport, j'ai eu du mal aussi. Tout tient au fanatisme religieux.

A ce sujet, pour la première fois de ma carrière, une élève est venue m'affirmer, de façon agressive, en début de cours, droite devant mon bureau, ceci :"Madame, mardi, vous vous êtes trompée. Vous avez fait une erreur en parlant du Coran."
Très vite, dans ma tête, je me dis : "Ohmondieu -et pour cause- quand ai-je parlé du Coran ?!" Je réfléchis très vite, et je repense à environ vingt secondes de mon cours : je leur disais que le programme du collège, en 6ème-5ème me paraissait difficile car on manie des concepts complexes. Par exemple, les récits fondateurs : la notion de mythe est ardue, ou encore faire la distinction entre texte littéraire/religieux pour la Bible, le Coran, etc alors que l'on n'en connait pas les auteurs.
Bingo, c'était ça. La gamine avait ruminé pendant deux jours cette simple phrase.

_ Mais de quoi parlez-vous, Illa ?
_ Mardi, vous avez dit qu'on ne connaissait pas l'auteur du Coran. Mais on le connait. Vous vous êtes trompée.
_ Ah ? Qui est-ce, alors ? (Je précise que j'ai évité tout ton ironique ou agacé, et que j'ai géré ce "conflit" pendant que mes agités s'installaient, dans le brouhaha.)
_ Les compagnons du Prophète, me répond-elle d'un ton inspiré, grave, cérémonieux.
_ Illa, vous comprenez bien qu'à partir du moment où vous évoquez celui que vous appelez "le Prophète", vous êtes dans le domaine religieux, alors que je vous parle de textes littéraires dans un cadre laïc ?
Elle hoche la tête, toute raide.
_ Ce qui est de l'ordre de la foi, je ne peux y répondre. Mais on ne sait pas qui est ou qui sont exactement le ou les auteur(s) du Coran, tout comme de la Bible.

Elle repart, le nez en l'air, telle Cléopâtre en jogging, au fond de la salle. Je débute mon cours, je présente... Tartuffe, et là, je crois que je l'achève avec le faux dévôt, l'hypocrisie religieuse, la critique de Molière, etc. Sachez qu'elle a pleuré de rage/dépit/impuissance/colère/frustration/vexation/mépris (cochez la bonne case) en début d'heure, mais que je n'ai pas sourcillé : je ne voulais absolument pas amener ce "débat" religieux au milieu de mes trente zozos.
Je me suis demandé si j'avais correctement répondu, dans l'urgence, acculée. Dans mon LycéeDésiré, il y a aussi maintenant des élèves de terminale qui refusent d'aller en cours de philo pour "raisons religieuses". Tout cela m'inquiète.

2 mai 2011

Détrousser le réel : expression litt. Sentir le besoin de partir loin.

Je suis restée quelques jours sans alimenter le blog, lisant vos commentaires, car les mots me fatiguaient. Ceux que j'aurais dû dire, ceux que je disais en cours (j'ai fait preuve de pas mal de vaillance durant cette semaine, avec de multiples interventions décalées), ceux que je m'abstenais de dire, ici et ailleurs.

Je savais que la reprise serait difficile. J'avais raison de le croire. Cela ne signifie pas que je suis au fond du trou, juste que j'étais au bord de l'implosion, peut-être. Alors vendredi matin, en me levant, j'ai demandé à Flûtine si elle voulait bien que je débarque, le soir même.

Après les cours, je suis rentrée, j'ai fait ma valise, et j'ai pris la voiture. Cinq heures plus tard (dont une rien que pour sortir de la région parisienne), j'arrivais chez Flûtine. Le lendemain, nous sommes allées dans la Drome, pour fêter l'anniversaire de l'une de ses amies, que je ne connaissais pas. Une grande maison en pleine nature, un temps doux, de la musique, des barbecues,  de la danse (oui, moi, j'ai dansé !), un brasero, un petit-déjeuner type Ricorée (la grande table dehors au soleil, remplie de croissants, baguettes, pots à confiture...), une nuit dans un duvet : voilà ce qu'il me fallait au moins.

Le dimanche midi, nous sommes parties, avec l'envie de nous promener dans les environs. La forêt de Saou nous a accueillies dans un premier temps, puis le parc du Vercors.  Nous avons découvert par hasard un village magnifique, Cobonne. (Photos à venir) Tout était parfait.

Mon léger hâle, la peau de mon visage qui "tire" un peu me le disent aussi ce matin. Là, je suis sous le vasistas, l'air frais rentre dans l'appartement. Je n'ai aucune envie de rentrer, évidemment. Je reprendrai la voiture en milieu d'après-midi, avec la satisfaction des douces folies qui nous prennent, parfois, et que l'on ne regrette pas.

 

PS : les copies sont toujours en attente, et ma décision pour repasser ou pas l'agreg aussi...

26 avril 2011

C'est en prose ou en vers, votre affaire ?

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Pour ma reprise, l'un des élèves de seconde a fait très fort.
J'entamais aujourd'hui une nouvelle séquence, sur le théâtre et surtout sur la comédie. Corpus sur Molière, avec une biographie, une présentation du genre au XVIIème siècle. Nous arrivons à la disctinction prose/poésie.

_ Selon vous, parmi les trois grands dramaturges du siècle, lequel ou lesquels a/ont écrit en vers leurs pièces ?

_ Racine !

_ Molière !

_ Corneille !

Et là, Noki, sorte de farfadet de la classe, m'affirme : "Ben non, pas Corneille !"

_ Pourquoi donc, Noki ?

_ Ben vous avez dit que c'était le plus vieux, enfin le plus ancien du siècle.

_ Euh, oui... Et donc ?

_ Il ne pouvait pas écrire en [ver] !

_ Pourquoi ?

_ Il avait pas la bonne encre. La couleur existait pas. Pis y'avait pas de stylo quatre couleurs à son époque !

A sa tête déconfite, à la rougeur de ses joues, j'ai compris que ce n'était pas une blague potache . Il avait compris ma question ainsi : "lesquels ont écrit en vert ?"

Tenez, une question très rimbaldienne : si les auteurs étaient une couleur, laquelle seraient-ils ? Je verrais Racine pourpre, Corneille orange ou moutarde, et Molière... vert citron !

25 avril 2011

Mais clique don' !

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Dali, "Jeune fille à la fenêtre"

Tout à l'heure, j'ai eu un déclic. Flûtine m'a dit quelque chose qui m'a libérée : "ouvre les fenêtres". Pas mes vraies fenêtres, celle de l'appartement, ouvertes dès le matin pour laisser entrer l'air printanier. Non. "Mes" fenêtres.

Elle m'a dit que si je n'avais pas l'agreg, et si je n'étais pas "douée" pour l'oral, par exemple, j'étais douée pour d'autres choses, dans d'autres domaines, plus humains, moins "intello" et tout aussi importants -voire plus. Qu'il faudrait des options du type jardinage de fleurs, cuisine improvisée, bricolage ou tir à l'arc à l'agreg, et que là, je cartonnerais.

Et en mangeant sur mon balcon, face à un verre de Coca citron, dans la brise légère et douce, admirant mes pousses de jardinières, j'ai souri. En fait, quand on ouvre les fenêtres, il fait sacrément beau.

Je me suis dit que j'étais peut-être "douée" pour l'amour, aussi prétentieux cela peut-il paraitre. J'en ai énormément à donner, et aujourd'hui, j'assume totalement de dire ce que je ressens face à ceux que j'aime; je laisse mon trop-plein déborder. C'est cela aussi qui me rendait légère, ces derniers mois.

Je suis peut-être "douée" avec les élèves. Et cela, aucune agrégation, aucun jury, aucun inspecteur ne sera capable de le cautionner, de le valider, de le jauger, de le juger correctement.

Je suis peut-être "douée" en photographie, en tir à l'arc, en amitié, en calligraphie, en mail art, en ski, en maquillage, en yoyo, en pétanque, en shopping, en déco, en deltaplane, que sais-je encore ?

Sans le savoir, Val a aussi sa part dans ce déclic : un échange de mails m'a fait dire que je savais simplement renouer le contact, et dire les choses comme elles sont. Elle y a répondu tout aussi simplement, validant mes pensées et mes envies de simplicité, dans le noble sens du terme.

Et puis ce matin, en trainant des pieds, des sabots et des boulets de canon, je me suis remise à travailler pour le lycée. Je me suis bien rendu compte que je "savais" faire, avec efficacité. J'ai enchainé avec un très léger paquet de copies. Aussi déprimant fut-il (une moitié de classe n'avait pas lu trois pauvres nouvelles en un mois), je n'ai pas failli, pas douté.

Je suis peut-être "douée" pour l'agreg seulement en didactique (ma seule très bonne note), et ça serait déjà pas mal.

Reste à savoir si je retente l'aventure l'an prochain, et dans quelle optique. Reste à gérer la fatigue engrangée ces dernières semaines. Mais ça va mieux : il fait si beau, dehors !

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