Dali, "Jeune fille à la fenêtre"
Tout à l'heure, j'ai eu un déclic. Flûtine m'a dit quelque chose qui m'a libérée : "ouvre les fenêtres". Pas mes vraies fenêtres, celle de l'appartement, ouvertes dès le matin pour laisser entrer l'air printanier. Non. "Mes" fenêtres.
Elle m'a dit que si je n'avais pas l'agreg, et si je n'étais pas "douée" pour l'oral, par exemple, j'étais douée pour d'autres choses, dans d'autres domaines, plus humains, moins "intello" et tout aussi importants -voire plus. Qu'il faudrait des options du type jardinage de fleurs, cuisine improvisée, bricolage ou tir à l'arc à l'agreg, et que là, je cartonnerais.
Et en mangeant sur mon balcon, face à un verre de Coca citron, dans la brise légère et douce, admirant mes pousses de jardinières, j'ai souri. En fait, quand on ouvre les fenêtres, il fait sacrément beau.
Je me suis dit que j'étais peut-être "douée" pour l'amour, aussi prétentieux cela peut-il paraitre. J'en ai énormément à donner, et aujourd'hui, j'assume totalement de dire ce que je ressens face à ceux que j'aime; je laisse mon trop-plein déborder. C'est cela aussi qui me rendait légère, ces derniers mois.
Je suis peut-être "douée" avec les élèves. Et cela, aucune agrégation, aucun jury, aucun inspecteur ne sera capable de le cautionner, de le valider, de le jauger, de le juger correctement.
Je suis peut-être "douée" en photographie, en tir à l'arc, en amitié, en calligraphie, en mail art, en ski, en maquillage, en yoyo, en pétanque, en shopping, en déco, en deltaplane, que sais-je encore ?
Sans le savoir, Val a aussi sa part dans ce déclic : un échange de mails m'a fait dire que je savais simplement renouer le contact, et dire les choses comme elles sont. Elle y a répondu tout aussi simplement, validant mes pensées et mes envies de simplicité, dans le noble sens du terme.
Et puis ce matin, en trainant des pieds, des sabots et des boulets de canon, je me suis remise à travailler pour le lycée. Je me suis bien rendu compte que je "savais" faire, avec efficacité. J'ai enchainé avec un très léger paquet de copies. Aussi déprimant fut-il (une moitié de classe n'avait pas lu trois pauvres nouvelles en un mois), je n'ai pas failli, pas douté.
Je suis peut-être "douée" pour l'agreg seulement en didactique (ma seule très bonne note), et ça serait déjà pas mal.
Reste à savoir si je retente l'aventure l'an prochain, et dans quelle optique. Reste à gérer la fatigue engrangée ces dernières semaines. Mais ça va mieux : il fait si beau, dehors !