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Prof et plus si affinités

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Prof et plus si affinités
23 juin 2014

Lève-toi, et corrige

Forte de mes quatre-vingts copies de TL depuis vendredi soir, je tente de maintenir le rythme : j'en ai corrigé trente à ce jour. Cela signifie bien évidemment faire des sacrifices sur le we, mais le temps de correction s'avère court : il faut avoir enregistré les notes pour le lundi 1er juillet à midi, alors que nous rendons les copies le 3 (ne cherchez pas à comprendre, c'est illogique au possible).

Pour autant, il va bien falloir remplir le frigidaire, faire le ménage, et tutti quanti. Mais j'avais quand même envie d'évoquer avec vous la réunion d'harmonisation de vendredi matin, édifiante et toujours aussi inutile...

Nous étions convoqués à Versailles, dans un lycée que j'ai trouvé laid. Dans le train, j'ai eu un premier choc : une fillette d'environ dix ans était vêtue d'une jupe plissée bleu marine, au genou; de socquettes blanches; de petits mocassins à demi vernis; et elle arborait une magnifique natte dont aucun cheveu ne dépassait. A la gare de Saint-Cloud, elle est descendue et j'ai vu d'autres petites filles modèles, identiques, sur le quai. 
"C'est un autre monde", pensais-je. 

Je prends un bus pour rejoindre le lycée de la convocation. Versailles ressemble à un village par ses façades, et pourtant n'en est pas un. Je me demande pourquoi Louis XIV a choisi un endroit si éloigné de Paris, et quelle tête il ferait en voyant ce que "sa" ville est devenue.
Je descends et découvre le lycée vieillot, des années soixante ou soixante-dix. Nous sommes plusieurs à entrer au même moment et à chercher une affichette quelconque dans le hall. Rien. Nous ressortons pour rejoindre une autre entrée, et une collègue qui nous a précédés nous indique que la réunion a lieu dans un autre bâtiment, quelques numéros plus loin. L'inspectrice se mêle à nous (précision : elle m'a fait passer l'oral de la leçon sur Rimbaud à l'agreg... et ne s'en souvient guère, ce qui m'arrange).

Marchant d'un pas plus vif que d'autres, je m'installe avant le petit bloc de lettreux. Deux profs sont déjà installés. Il n'y aucune affiche, mais nous devinons que la salle nous est dédiée.
Les autres entrent, circonspects :

_ Vous êtes làààà pour la réunion de TL, littératuuuure ?

_ Nous sommes toujours là pour la littérature !

_ N'est-ce pas ? Huhuhu...

Petit rire entendu.

Je suis affligée par cet humour au rabais, entre "spécialistes" pédants. Je regarde autour de moi et je suis pour l'instant la plus jeune du lot. Comme un OVNI dans ce lot de professeurs cravatés, endimanchés, articulant profondément et allongeant les voyelles. On me trouve parfois un brin précieuse, mais dans ce contexte je suis l'engeance des lettres.

On évoque bien entendu le nombre de copies. Les petits nouveaux comme moi tendent l'oreille... pour entendre ceci : "Des cassandres prédisent que nous en aurons plus que l'an dernier..." ou "C'est le stakhanivisme de la correction !"
No comment.

profs_2

La réunion débute, cahin-caha. Les inspecteurs sont bien embêtés : il y a un problème sur l'une des questions (la mineure à huit points). Les sujets sont flous, mauvais, à côté des consignes données toute l'année à nos élèves. Une fois ce constat effectué, et nos indignations formulées, on nous dit que nous allons devoir composer avec.
Pour évaluer l'immensité du problème, nous commentons des copies à l'aveugle. Les disparités sont là, mais je ne les trouve pas affolantes. Certains s'offusquent de "la lannnnngue, la lannnngue !" qui n'est passez prise en compte. D'autres suggèrent en sourdine de "défaire la cravate pour corriger et se détendre". D'autres encore continuent les jeux de mots, indifférents dans leur tour d'ivoire : "J'ai une question majeure sur la mineure". Huhuhuhu.

J'ai l'impression d'être dans la BD des Profs : j'ai des caricatures en face de moi. J'en suis peut-être une moi-même, mais je m'abstiens d'intervenir de façon subjective.

prof désespéré

J'observe et je constate qu'une jeune collègue, qui doit avoir moins de trente ans, est toute perdue. Elle est juste devant moi et prend des notes. L'inspectrice rappelle que l'on n'annote pas les copies, et que l'on met une appréciation précise pour éviter tout malentendu en cas de réclamation. La jeune collègue écrit en rouge : "Pas d'anotation sur la copie"
Son côté oisillon sorti du nid me touche moins. C'est dur, et je m'en rends compte, mais elle enseigne les lettres, quand même...

La réunion s'achève dans une certaine confusion et un "bon courage !" de bon aloi mais presque déplacé.

J'appelle le lycée où je dois retirer mes copies à 17h pour savoir si je peux passer avant. Réponse affirmative qui me fait filer vers celui-ci en milieu d'après-midi. Je signe pour quatre-vingts merveilles, je recompte. Concernant le rattrapage (que je n'ai jamais fait passer), je pose une ou deux questions. Sur ces entrefaits, un collègue arrive. Il était à la même réunion que moi le matin. 
Je m'apprête à sortir, et la dame, toute guillerette, annonce à mon collègue : "Dans ce jury, vous en avez moins !" Ne pouvait-elle se taire une minute de plus, le temps que je sortisse ?

 

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16 juin 2014

Derrière les cartons, il y a...

Il y a bien sûr eu le déménagement, et donc un (court) laps de temps sans internet. Surtout, les cartons, encore vaillants, eux, ont occupé la place. L'administratif domine encore, et le bac est bel et bien là à son tour.

Ceci explique donc cela.

Passés ces différents tracas et ces incontournables obligations, je dois dire que je me sens parfaitement bien dans ce nouveau nid, perchée face à Paris : quand je lève la tête de mon bureau, la dame de fer me salue, avec la tour Montparnasse qui lui tient compagnie.

Je gagne environ quarante-cinq minutes (!) de sommeil en plus le matin, et comble du luxe, je me fais surprendre en arrivant au lycée en maximum quinze minutes au lieu de... quarante-cinq, voire cinquante minutes auparavant. Certes, surveiller les épreuves du bac n'est pas une sinécure, surtout quand on doit gérer des soucis d'organisation latents de l'adminitration; certes la centaine de copies de terminale L qui me tend les bras ne me réjouit guère; certes nous sommes exangues par ce déménagement; mais quelle récompense et quelle satisfaction de voir sa jolie vie se simplifier encore ! 

Le vrai luxe est là, je crois : dans la simplicité. Je reste donc contemplative, et je me mets à rêver de sorties parisiennes pour rattraper ces semaines de tunnel (j'ai raté Matthethorpe et je m'en veux terriblement), pour parachever ce doux bonheur.

En attendant, je relis Lorenzaccio par crainte d'avoir un sujet en TL sur cette oeuvre, et par souci de maîtrise de la pièce. Je continue à ranger mon farfouillis dans les cartons. Je cherche les bibliothèques de mes rêves. Et je m'occupe au mieux de Cally et moi, car l'essentiel est là.

construction_-tour_eiffel

26 mai 2014

Frightening

Avant de reprendre la correction marathon de mes copies de TL, j'ai besoin d'expulser mes idées noires ici.
Une fois de plus, un fois de trop, le FHaine prend la tête lors d'élections légales et démocratiques. Le vote pour ce parti ne semble plus se limiter depuis belle lurette aux racistes de tout bord, mais s'étendre comme un feu de paille. Sur mon portable, hier soir, les news arrivaient les unes après les autres, effrayantes. Et les chiffres, indiscutables.

Statistiquement, certains de mes collègues ont pu voter pour ce parti. Mais lesquels ? Dois-je me rendre encore plus invisible parce que je suis gay ? Et si je me mariais avant la prochaine présidentielle, devrais-je avoir peur de l'avenir ? J'ai songé que si nous avions une présidente d'un parti extrême, cela entrainerait une chose : qu'en tant que fonctionnaire représentant l'Etat, je la représenterais... La fierté que je peux ressentir parfois virerait en honte et en colère. Et si j'étais mariée, je serais automatiquement "fichée", je n'en doute pas.

J'ai peur pour tous ceux qui ne rentrent pas dans les clous, tous ceux qui ne sont pas immaculés de peau, tous ceux qui ne veulent pas régresser, tant sur le plan économique que social.

Je n'ai guère de haute pensée politique depuis hier soir. Juste une ombre immense, que je sens s'avancer dans la lumière, sans que personne depuis des années, dans les différents gouvernements successifs, ne semble réagir sainement et efficacement.

Le président actuel est totalement invisible; et moi, juste moi, j'aimerais lutter mais je me sens impuissante.

La révolte est salutaire, mais sera-t-elle suffisante ?

Einstein citation

19 mai 2014

Ne vous déplaise...

J'avais beaucoup hésité, pour des raisons financières mais aussi et sourtout par peur d'être déçue.

Le première fois que je l'aie vue en concert, c'était à l'Olympia, en 1993. Elle m'avait bouleversée. Je l'écoutais depuis l'âge de quatorze ou quinze ans (oui, je n'avais que peu de goût pour les chanteurs de mon époque). Ensuite, je n'ai plus vraiment compté le nombre de fois où je l'ai vue, émerveillée, en me disant que si je pouvais être une autre, je serais elle, Juliette Gréco.

Progressivement, j'ai senti que l'âge l'atteignait, même si je m'y refusais. J'ai continué à acheter ses albums (en collaboration avec Jean-Claude Carrère, Marie Nimier, Abd Al Malik, Biolay...), et me suis convaincue qu'il fallait que je reste sur mes souvenirs déjà un peu anciens. Les années ont passé. De loin en loin, je souriais en l'entendant à la radio, en la voyant -rarement- à la télévision : son côté petite fille malicieuse, débordant de goût pour la vie, intact, m'a toujours émue.

Et puis, l'annonce de son dernier album m'a rendue méfiante : Juliette Gréco interprétant Brel n'avait rien d'exceptionnel. Et pourtant... Les nouveaux arrangements de Gérard Jouannest (immense monsieur !) et la maîtrise de Gréco sur le répertoire du grand Brel (elle reste à mes yeux sa plus grande interprète), ont su me convaincre à l'écoute de l'album.

greco brel

Mais ce n'est pas celui-ci qui est la source de mon article sur le blog.

Innocemment, je dis un jour à Cally que Gréco passe à l'Olympia pour deux soirs, mais que je crains d'être vraiment déçue, ou triste, ou les deux. En discutant ensemble, Cally trouve les mots pour me convaincre d'aller la voir, peut-être une dernière fois, osons le dire, puisque la dame a quatre-vingt-sept ans maintenant.

 

greco

C'était vendredi, après une semaine très chargée, que nous avons vu "la Gréco" chantant Brel et d'autres titres de son répertoire, sur la scène de l'Olympia. En nous installant dans la salle, je suis prise d'un doute : les trois-quarts des spectateurs ont au moins soixante-cinq ans, et le reste est definitly gay.

La première partie est à oublier : un jeune homme chante sur son synthé tel un adolescent dans sa chambre, en scandant des paroles insipides qu'il cherche à caser dans ses rythmes. Puis vingt minutes d'attente.

Jouannest ouvre le bal avec un accordéonniste (ce seront les seuls musiciens) et est acclamé à juste titre. Et Gréco entre, comme à son habitude, depuis le fond de la scène, entre deux spots lumineux verticaux, posés au sol. Je suis frappée par ses épaules qui tombent, comme chez les vieilles femmes, et très émue de "retrouver" la dame dans sa robe noire aux manches chauve-souris. Quelques secondes, et la voici devant le micro, dans un premier tonnerre d'applaudissements.
Et là, le miracle arrive : il n'y a plus de vieille femme, mais une chanteuse toute droite, habitée par les textes, maîtrisant son chant. Seul le détail d'un prompteur qui la rassure, à ses pieds, me dit que la mémoire pourrait être défaillante.

De bout en bout, je suis bouleversée de le revoir, de l'entendre, de partager avec elle les mots de Brel, Ferré, Gainsbourg... Le public sait quels sont les morceaux de bravoure et de génie : "Ces gens-là", "La chanson des vieux amants", "J'arrive", "La Javanaise"... Je souris, aussi, à son annonce : "Je ne devrais pas, mais je le ferai quand même !" avant d'entamer "Déshabillez-moi", et de trouver en cette femme encore tant de sensualité.

Après presque une heure trente de spectacle, elle repart, épanouie, pleine d'amour, au bras de son mari, portant dans ses bras des bouquets de roses offerts par les fans. Il n'y aura pas de rappel, et personne ne semble lui en vouloir.

Moi, je ravale mes larmes depuis plus d'une heure, je conserve cette émotion que si peu d'artistes me procurent, aussi longtemps que possible. Je me suis nourrie de tout; j'en ai fait mon miel.

Je regrette juste que cette dame qui a traversé plus de vingt ans de mon existence, n'ait jamais su ce qu'elle représentait pour moi, égoïstement.

28 avril 2014

Cartons & C°

Ma deuxième semaine de vacances a été productive et efficace : nous en sommes à environ cinquante cartons de prêts en vue du grand déménagement. Avant cela, il va falloir passer par le nettoyage complet du nouvel appartement (il y en a bien pour deux jours tant les propriétaires précédents étaient maniaques...), puis enduit, puis peinture. Le chantier est vaste, alors nous allons effectuer des devis de travaux car réaliser tout cela après les journées de boulot et les week-end de mai relèverait d'un défi fou. Et puis ce n'est pas notre métier, donc nous mettrions bien plus de temps qu'un professionnel.
Par ailleurs, je profite de cette période de transition pour refaire du tri (encore et encore...). Les encombrants sont nos amis.

cartons1

Je n'ai donc pas touché à une copie ni à un cours la semaine dernière. J'ai beaucoup dormi mais je sens que je suis loin d'avoir tout rattrapé encore. La route est longue avant de revenir à un état "normal" après ces mois intenses.

Hier, outre les activités quotidiennes classiques du type ménage, nous avons flemmardé devant des documentaires : l'un sur les sushis (et le poisson qui va avec), l'autre sur l'industrie du chocolat et le dernier, pas visionné jusqu'au bout, était sur le jambon. Bilan : il ne faudrait plus rien manger, à moins d'en avoir les moyens -et encore. La déprime totale, quoi.

A part ça, je reste toujours aussi scandalisée et perplexe de ne pas avoir encore été payée par l'EN pour le tutorat que j'ai effectué en septembre-octobre. La somme sera sans doute dérisoire, mais sur le principe, je suis très agacée. J'ai supporté avec beaucoup de patience une collègue totalement dérangée, et je n'ai aucun papier véritablement officiel pour ce travail, en dehors de mails (qui n'ont aucune valeur légale). L'inspectrice est bien embarrassée car c'est elle qui est à l'origine de mon "recrutement".

Bon, le devoir m'appelle : les copies de terminale L, les contrôles et cours à préparer pour la dernière ligne droite d'un mois environ. Autant dire que ce mois de mai sera on ne peut plus chargé et acrobatique...

 

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18 avril 2014

Vertigineuse

Hier, j'avais décidé d'emmener Cally à un concert d'une chanteuse qu'elle aime beaucoup : Emilie Simon. Nous étions dans une petite salle sympathique de banlieue, pour le premier concert de la tournée de la demoiselle. Malgré un début de concert tardif, dû à une première partie légèrement trainante, mais surtout à de menus soucis techniques, j'ai beaucoup aimé la voix si particulière -et pas du tout décevante en live- d'Emilie Simon.

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Sous des airs de poupée à l'ancienne, elle a un regard audacieux, et son côté chaperon rouge se transforme vite en chaperon trash avec sa guitare électrique et son énergie. Fan de technique, la chanteuse a mis au point un accessoire intéressant qu'elle fixe à son bras pour faire varier sa voix à distance, grâce à son ordinateur au logo de pomme.

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On oscille entre Mazzy Star, Camille, Charlotte Lebon, Emilie Loizeau... tant sur le plan physique qu'artistique. Quand Emilie Simon se met à parler, on dirait une petite fille timide, qui bascule dans une douce provocation l'instant d'après, quand elle chante.

Les morceaux du dernier album m'ont beaucoup plu, surtout celui sur Paris ("Paris j'ai pris perpète"). J'aurais aimé entendre la reprise de "Wicked game" en rappel, mais...

Mais sans vraiment prévenir, en l'espace de quelques secondes (minutes ? je ne sais), j'ai fait une sorte de crise vagale au milieu de la fosse... Cally a eu juste le temps de voir ma suée et ma couleur verdâtre, puis de m'attraper. Je ne sais ce qui s'est passé les instants d'après : je n'entendais plus rien, je ne voyais plus rien malgré mes yeux ouverts. Cally m'a emmenée jusqu'à la porte de la salle de concert je ne sais comment, avec l'aide d'une seule jeune femme qui m'a épaulée. (NB : tous les autres spectateurs ralaient et se plaignaient, alors que Cally scandait un "pardon, malaise !" à répétition... C'est très rassurant.)
Une fois assise (nous étions debout depuis 20h, et il était 23h15 environ), un gentil vigile m'a donné un verre d'eau et du sucre. J'avais recouvré la vue mais pas encore tout à fait l'ouïe. Je crois que j'ai raconté un peu n'importe quoi. Ensuite, nous sommes reparties avant que la foule ne sorte de la salle.
J'ai vaguement entendu "Wicked games" derrière la porte.


En soi, un malaise de ce type n'a rien d'exceptionnel, cependant cela m'est si peu arrivé dans ma vie que j'en suis fort étonnée. Par ailleurs, je me rends compte que je ne supporte pas de perdre le contrôle, de ne rien maîtriser. Et autre constat : je suis sans doute bien plus fatiguée que je ne le crois...

15 avril 2014

Transition

Ces vacances ont un premier goût un peu particulier : je pense à ceux qui passent l'oral, au lycée Saint-Louis, en ce moment. Je lâche les vannes de la fatigue, aussi : hier après-midi, j'ai sombré deux heures dans le canapé, en ayant beaucoup de mal à émerger. Je reprends mes marques, cest-à-dire que je retrouve un peu le temps de vivre. Du moins, de faire autre chose que de culpabiliser ou travailler intellectuellement sans cesse.

Alors j'oscille entre soulagement et dépit.

Je repense à prendre soin de moi. Je cuisine à nouveau : hier soir, capellini au gorgonzola et à la pancetta. J'envisage de préparer un cheescake.
Petit tour de shopping samedi, même si j'ai une image de moi quelque peu négative en ce moment... J'ai acheté un joli chino bleu très clair chez Gap, et un pull chiné dans les mêmes tons.

Pas encore eu l'occasion de m'installer devant un film à la maison, mais nous avons vu ce week-end un film parfait pour débuter les vacances : 47 ronin avec Keanu Reeves. L'intrigue est téléphonée, mais j'adore ces ambiances japonaises. J'ai aussitôt pensé à la trilogie de Hearn, sur un Japon féodal et magique. On y retrouve la question de l'honneur -centrale-, l'amour impossible, les combats de samouraïs, les quêtes qui semblent perdues d'avance... Ce n'est pas une histoire à vous retourner la tête, c'est certain, mais il y a de quoi passer un agréable moment (malgré une araignée au rôle déterminant, la garce).

47 ronins

Sinon, côté lecture en liberté, j'ai choisi un roman aux antipodes de l'agreg : Matheson, Le jeune homme, la mort et le temps. De la science-fiction, quoi de mieux pour éloigner le spectre du concours ?

Matheson


Et puis le programme de terminale L est tombé pour l'an prochain : Eluard reste, comme prévu, et c'est... Flaubert qui débarque avec Madame Bovary. Cela m'enchante : je pense depuis plusieurs mois à relire ce roman, qui me fascine de plus en plus. Je vais donc demander à garder ce niveau et cette section l'an prochain. C'est un joli (et peu ambitieux) projet auquel je peux me tenir.

9 avril 2014

Is it a dream ?

Depuis lundi, la pilule de l'agreg émet des sécrétions acides et ne passe plus si bien.

Il y a deux nuits, j'ai fait un cauchemar digne de Buzzati, Kakfa, Poe et Villiers de L'Isle-Adam réunis. Des histoires de portes à ouvrir ou à laisser fermées, présentées en étoile; une angoisse étouffante; chaque bruit résonnait et je devais être silencieuse pour échapper à quelqu'un ou quelque chose; et la mort, au bout. Tué par des mains sortant de l'ombre, au corps non identifiable. Je n'ai pas accordé "tué" car, comble de tout, j'étais moi mais dans un corps d'homme : celui de Barton Fink, des frères Cohen...

barton fink

Cette nuit, j'étais admissible à l'agreg mais je m'étais trompée d'heure pour passer un oral : il avait lieu à 14h30 et j'arrivai à 15h30. J'ai cherché en vain à faire changer d'avis les profs du jury. Je sais que je devais passer sur un extrait de Montesquieu.
Et dans ma tête, je me disais (quelque chose de faux) : "Si je ne passe pas cet oral, je ne serai pas bi-admissible !" L'angoisse était à son comble, et je n'osai dire à Cally que je m'étais trompée d'horaire.

Après, comme dans toutes les mauvaises chutes, le réveil a sonné.

Je n'étais pas bi-admissible, mais bien vivante : les douleurs de l'éveil trop matinal me l'ont rappelé.

Sinon, ça va.

 

 

7 avril 2014

Reine des planches

Malgré des nuits de plus de neuf heures le week-end, je reste épuisée physiquement : je viens encore de m'effondrer une heure cet après-midi. Même si j'ai déjà vécu l'agrégation, c'est comme si j'avais oublié à quel point on tire sur la corde pendant des mois.  Je ne sais combien de temps il va me falloir cette fois-ci pour m'en remettre.

Il faut quand même dire que le rythme du lycée n'aide pas. Par exemple, mla journée de jeudi dernier a ressemblé à ceci :

  • lever à 5h50
  • départ pour le lycée à 6h45
  • au lycée à 7h40. Photocopies
  • cours 8h-10h sur Montesquieu et l'argumentation
  • correction de copies 10h-11h30
  • déjeuner à la cantine 11h30-12h30
  • cours 13h-15h toujours sur l'argumentation
  • 15h-17h rattrapage d'oraux blancs pour une collègue (cinq élèves sur le grill)
  • 17h-20h15 remise des bulletins aux parents de seconde
  • retour à la maison à 21h

Certes, j'ai choisi le pire exemple, mais l'intensité me paraît identique les autres jours.

A part ça, Cally m'a emmenée samedi midi dans un restaurant japonais, Lengué, auquel elle songeait depuis des mois : elle attendait que j'aie un samedi de libre. Le principe est simple : il s'agit de sortes de tapas à la japonaise. Il existe très peu de restaurants de ce type à Paris. Celui-ci est perdu au milieu des arnaqueurs de Saint-Michel, dans une ruelle calme. Le midi, c'est menu bento. J'ai choisi des croquettes de pomme de terre au curry, et Cally des crevettes panées. Le tout accompagné d'un délicieux saké et d'un jus de yuzu. La cuisine est raffinée, équilibrée, goûteuse. Un délice, quoi.

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Malgré mon état de fatigue assez limite, j'ai vraiment apprécié le lieu et les bentos. Les serveuses sont en kimono de soie, en plus. Et pour couronner le tout, le dessert que j'avais choisi (glace entourée de pâte de haricot) était totalement régressif.

Ensuite, nous avons arpenté les rues de Paris avant de revenir à la maison. Le lendemain, nous recevions ma mère. Au menu, morue cuisinée à la créole. En dessert, j'avais opté pour un clafoutis maison aux myrtilles fraiches. Pour digérer, une balade en forêt couronna le tout.

clafoutis

Si je résume mon week-end, il fut donc fort gustatif.

Et surtout, loin du lycée.

Une planche de salut, donc.

31 mars 2014

Deuxième tour de piste

Je me demande bien comment je faisais pour tenir mes impératifs au lycée, quand j'allais à la fac le mercredi après-midi et le samedi. La semaine dernière a été infernale. Je n'ose compter mes heures, mais ça doit tourner autour de cinquante, à la fourchette... Ce rythme de dingue m'a aussi permis d'avoir la tête dans le guidon, et donc d'éviter de trop penser. Ne pas penser pour panser, je confirme que cela fonctionne.

Je prends peu à peu du recul, même si cela se fera au fil des semaines, voire des mois. Je digère, cahin caha, et surtout je me dis qu'il est bon de se retrouver, soi, et soi avec les autres. Une sortie entre copines dans un pub, un week-end complet avec Cally, aller au restaurant, cuisiner à la maison (velouté de carottes au lait de coco et curry, gâteau grand-mère, tarte rhubarbe-framboises, agneau...) : voilà les plaisirs simples sur lesquels je m'extasiais déjà avant l'agreg, et qui me comblent encore plus aujourd'hui.

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Je me suis fait un tout petit cadeau, symbole de mon temps de loisirs retrouvé : un jeu d'énigmes pour ma console 3DS. Sinon, je suis très sage, en prévision des frais à venir pour changer de lieu de vie. Ah si, j'ai investi dans de la gelée royale, absolument nécessaire pour que je ne m'écroule pas.

A part ça, je suis allée voter, évidemment. C'est vrai, ce n'est pas évident pour tout le monde, j'oubliais l'abstention grandissante, qui permet à un certain parti de s'installer confortablement, tout en regardant les autres s'écharper. Une sorte de charognard politique.
A ce propos, je suis atterrée (et fort naïve) de voir certains maires être réélus, alors qu'ils n'ont plus des cassseroles aux fesses, mais des marmites en fonte. Ces maires qui pratiquent le clientélisme, qui volent les communes, s'octroient des services sans vergogne : les électeurs les choisissent encore et toujours, et massivement.
Vous excuserez les majuscules mais JE NE COMPRENDS PAS. En en discutant avec Cally, j'ai trouvé son interprétation intéressante : selon elle, les différences entre les très riches et les très pauvres se creusent. Ainsi, les pauvres rêvent d'être un jour riches et jettent leur espoir là où ils le peuvent. La télévision ne fait que renforcer cet espoir vain (épouser un homme jeune, beau, riche qui offre une rose à une femme convoitée dans une horde de femelles prises pour des objets sexuels; gagner une somme importante en répondant à des questions stupides; devenir célèbre parce qu'on a de gros seins en plastique; se prendre pour Madonna ou Bowie parce qu'on chante sous sa douche depuis tout petit et que Jennifer nous fait des compliments; etc).
Du coup, des électeurs votent pour des escrocs car ceux-ci réussissent. Peu importe la manière. Honnêtes ou malhonnêtes, on s'en moque.
J'espère rester naïve quand même encore longtemps, et croire que l'on peut "réussir" tout autrement, avec le style, et certaines valeurs en bandoulière.

Ou alors je désespère.

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