Cours de français
Tiré de http://blog.zanorg.com/
Je croyais que la presse écrite faisait de la résistance. Que les mots, imprimés sur des feuilles de papier qui noircissent au contact des doigts, avaient leur importance et qu'on les respectait. Et puis, à la lecture d'un article sur le site du Monde, je suis perplexe : j'ai compté trois fautes assez grossières.
Ledit article est paru dans l'édition du 12/9. Ma question est : est-ce la retranscription depuis le journal écrit, ou bien l'article tel quel ? Parce que maintenant, si je ne peux plus me fier à la presse écrite réputée "sérieuse", je fais quoi, moi ? Je m'appuie sur qui et sur quoi pour dire aux élèves : "Regardez autour de vous, et voyez ce que l'on attend de vous : de la réflexion, de la rigueur, du travail, savoir écrire et parler..."
Ce n'est pas la fin du (M)onde, mais peut-être le début de la fin. Ou le contraire. Je ne sais plus trop.
Hier soir, un couple d'amis, S. & F., ont débarqué avec des courses pour me faire la cuisine, et l'intention de faire des jeux littéraires. Bilan : de délicieuses pâtes à la carbonara, du Coca-Light, des yahourts à l'italienne et des Kinder Pingoui (ça s'écrit comment, ce truc ?).
Mais aussi des "créations" de maximes, des définitions rocambolesques de mots inventés... Exemples :
Galebillette :
1) Tiroir-caisse coulissant de part et d'autre d'un mur;
2) N.fém. Petit rongeur du Québec, à la fourrure blanche et ambrée, qui se déplace à l'automne vers les Grands Lacs. Les galebilletons. Exp. rég. : "Elle fait sa galebillette au Top 50 !" (Céline Dion)
Poutrifarde :
1) N. fém. XVIIIème s.. Elément de mobilier permettant d'ajouter une béquille à un meuble bancal.
2) Adj. fém. Se disait, au XVIIIème s., d'une femme trop fardée. Péj. : qui a l'air d'une cocotte (XIXème s.). "Cette traînée poutrifarde est arrivée au sommet grâce à ses jupons" (Sade).
Philéaste :
1) N.m./adj. A- D'un personnage de la mythologie grecque, Philéas, érudit prisant la duperie. Se dit d'un fauteur de troubles. B- Insulte : "Espèce de philéaste !";
2) Adj. Désigne une démarche particulière, à la fois souple, molle et rebondissante (comme sur un fil élastique, par exemple).
Avec un peu d'imagination et d'amour pour la langue, que ne ferait-on pas ?
Oh mince, je rentre à peine de ces fichues heures de surveillance, et je découvre que Raymond Devos est mort ! Alors un petit hommage à ce fabuleux amoureux des mots :
Mesdames et messieurs ... Je vous signale tout de suite
que je vais parler pour ne rien dire.
Oh ! je sais !
Vous pensez :
"S'il n'a rien à dire... il ferait mieux de se taire !"
Evidemment ! Mais c'est trop facile ! ... c'est trop facile !
Vous voudriez que je fasse comme tout ceux qui n'ont rien à
dire et qui le gardent pour eux ?
Eh bien non ! Mesdames et messieurs, moi, lorsque je n'ai rien
à dire, je veux qu'on le sache !
Je veux en faire profiter les autres !
Et si, vous-mêmes, mesdames et messieurs, vous n'avez rien à dire,
eh bien, on en parle, on en discute !
Je ne suis pas ennemi du colloque.
Mais, me direz-vous, si on en parle pour ne rien dire,
de quoi allons-nous parler ?
Eh bien, de rien ! De rien !
Car rien... ce n'est pas rien.
La preuve c'est qu'on peut le soustraire.
Exemple:
Rien moins rien = moins que rien !
Si l'on peut trouver moins que rien,
c'est que rien vaut déjà quelque chose !
On peut acheter quelque chose avec rien !
En le multipliant
Une fois rien ... c'est rien !
Deux fois rien ... c'est pas beaucoup !
Mais trois fois rien !... Pour trois fois rien on peut déjà acheter
quelque chose!... Et pour pas cher !
Maintenant si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien :
Rien multiplié par rien = rien.
Trois multiplié par trois = neuf.
Cela fait rien de neuf !
Oui... ce n'est pas la peine d'en parler !
Bon ! Parlons d'autres choses ! Parlons de la situation, tenez !
Sans préciser laquelle !
Si vous le permettez, je vais faire
brièvement l'historique de la situation,
quelle qu'elle soit !
Il y a quelques mois, souvenez-vous
la situation pour n'être pas pire que celle
d'aujourd'hui n'en n'était pas meilleure non plus !
Déjà nous allions vers la catastrophe, nous le savions...
Nous en étions conscients !
Car il ne faudrait pas croire que les responsables d'hier étaient plus
ignorants de la situation que ne le sont ceux d'aujourd'hui !
Oui la catastrophe, nous le pensions, était pour demain !
C'est-à-dire qu'en fait elle devait être pour aujourd'hui !
Si mes calculs sont justes !
Or, que voyons-nous aujourd'hui ?
Qu'elle est toujours pour demain !
Alors je vous pose la question, mesdames et messieurs :
Est-ce que c'est en remettant toujours au lendemain
la catastrophe que nous pourrions
faire le jour même que nos l'éviterons ?
D'ailleurs je vous signale entre
parenthèses que si le gouvernement actuel
n'est pas capable d'assurer la catastrophe,
il est possible que l'opposition s'en empare !
Raymond Devos