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Prof et plus si affinités
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Prof et plus si affinités
22 avril 2013

Ma pauvre république...

J'aimerais à nouveau vous parler de musique, mais j'étouffe en ce moment. J'ai un poids sur l'estomac -ou sur le coeur, c'est pareil.

Je me sens à court d'arguments puissants, logiques, sensés face à la haine, face à ce mépris, face à ce qui m'écoeure. Comment peut-on oser chanter Le chant des partisans ou parler des pires horreurs de l'histoire pour abroger un projet égalitaire ? Heureusement, peu d'anciens résistants assistent à cette déchéance des valeurs.

Je comprends que l'adoption par des couples homosexuels puisse gêner. Mais les amalgames qui sont faits ces dernières semaines me révulsent. Je commence à craindre des réactions dans mon quotidien, dans mes balades parisiennes, dans mon travail. L'homophobie devient une opinion que l'on est libre d'exprimer.

Même un de mes élèves de seconde s'est laissé prendre au piège : ils devaient rédiger une satire des moeurs de notre temps, sur le modèle de La Bruyère qui se moquait de la cour et de la mode. Mon élève a pris l'homosexualité : "Mais madame, je ne suis pas homophobe !" Voilà, le niveau de "réflexion" s'en tient là. Comment lui expliquer que c'est déjà rejeter l'autre ?

homophobie patates

Si je n'étais pas moi-même homosexuelle, je pense que je serais tout autant dégoûtée par ces milliers de personnes qui se cachent derrière des "valeurs" qu'ils veulent imposer à tous. J'aurais honte pour ceux qui veulent faire couler le sang, en s'appuyant sur la Révolution française et en chantant des chants de guerre. Que l'on ne vienne plus brandir devant moi cette image de la France, pays des droits de l'homme, si évoluée et civique. 
Nous devrions encore sourire et dire amen à tout ce foin médiatique, à toutes ces phrases qui me donnent la nausée.

Je n'en peux plus de ces mouvements de haine. Je n'en peux plus de sentir la crainte monter. Je n'en peux plus de redouter les prochaines présidentielles. Je n'en peux plus de devoir me cacher.

Et si la loi passe demain en deuxième lecture à l'assemblée, je ne sauterai pas au plafond. Je serais soulagée mais je me demanderais : "Et après ?" Car les premières demandes en mariage, les premières cérémonies, comment se dérouleront-elles ? Dans quelles conditions ? N'y aura-t-il pas des flots de violence en voyant des couples de même sexe sortir heureux de la mairie ? Toutes les communes ne seront pas dans l'application de la loi, je le crains.

Et de me dire que les élus locaux ou nationaux n'incarnent plus du tout les valeurs de la dite république, cela atteint mon moral et fendille mes propres convictions. Pas plus tard que vendredi, je montrais ma carte d'électeur aux élèves en leur disant avec animation que c'était notre arme pour changer le monde. Avec du recul, ridicule (?). Je voulais leur faire comprendre que pour les prochaines présidentielles, ils seront des électeurs, et que seul leur vote pourra peut-être éviter la montée d'une femme extrême au plus haut rang de la République.

Là, je doute. J'en aurais envie de pleurer de rage, par instant. De mon impuissance.

Sur mon estrade, carte d'électeur en main, voix vibrante, quelques élèves m'ont dit naïvement que je devrais être présidente ou en tout cas "faire un truc". Mais quoi faire, mes chers petits ? Quoi faire ?

Je n'ai que ce pauvre blog pour exposer ma colère et ma tristesse. Comme tout cela n'est rien, face à la haine...

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Commentaires
L
"On subit cette préférence"... On la porte en nous, on ne choisit pas. Mais justement, cette préférence, il me semble qu'un hétéro ne la subit pas autant (au sens où il n'en souffre pas) Pourquoi ? Parce que dans notre société, il est encore considéré comme plus "naturel" d'être hétéro que d'être homo. Cette loi remet les choses à leur place : il es normal d'être ce qu'on est, point.
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D
Ah oui. 23h50. Pendant que certain(e)s bossaient tard ce soir en suivant les news d'un coin de l’œil, j'espère que d'autres (suivez mon regard) fêtaient cette nouvelle liberté :-)
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E
Désolée, je n'ai pas eu la force de lire tous les coms, je suis épuisée ces temps-ci. Je suis moins désolée que toi de l'homophobie exprimée en ce moment, car elle ne m'étonne pas. Elle a toujours été latente. J'ai moins peur, car je me souviens des horreurs dites peu avant la loi sur l'avortement, puis peu avant celle de l'abolition de la peine de mort. Alors évidemment il y aura bien quelques allumés qui viendront s'enchaîner aux mairies, mais ils vont se calmer tous ces énervés. Contrairement à toi, je ne comprends pas qu'on puisse ne pas trouver normal l'adoption par des couples homos. D'autant que nombre de ces adoptions portent sur des enfants dont la mère ou le père les élèvent déjà. Je n'ai jamais estimé qu'on devait stériliser les hétéros, même quand je sentais qu'ils étaient des parents (déjà, ou potentiels) lamentables. Alors pourquoi les hétéros se mêlent-ils de vouloir nous retirer des droits ? Je suis trop vieille pour procréer ou adopter, mais je souhaite que tous les homos qui se sentent capables d'élever des enfants puissent le faire, et que ces enfants aient les mêmes droits que les enfants d'hétéros.<br /> <br /> Et ce soir, je suis heureuse, une loi est plus forte que les inepties hurlées dans la rue par des gens qui ne se remettent pas en question, même quand ils voient que des groupes d'extrême droite crient les mêmes slogans qu'eux.
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D
Enfin ! Bienvenue à bord !!! :-) :-) :-)<br /> <br /> Maintenant lets hope it will get better very soon, mais j'y crois.
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V
Ben vous savez quoi ? C'est la fin de l'humanité, parait-il, ce soir, et je m'en réjouis.
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