Déconstruction, reconstruction
J'ai l'impression d'être encore à un carrefour de ma vie ces derniers jours.
Cally et moi sommes depuis deux mois ensemble, et tout me semble trop beau. Pas d'ombre au tableau, et c'est comme si nous nous connaissions depuis des années. Je m'interroge profondément sur ce qui lui plaît en moi, et je ne comprends pas pourquoi elle prend "tout le lot", avec ses défauts, ses faiblesses (alors que je fais pareil de mon côté, je le sais bien). En théorie, je comprends. Dans la pratique, c'est autre chose : je cherche la faille, je mets en place des stratégies quasi inconscientes pour entacher ce bonheur. Je me dis que, forcément, Cally va prendre conscience que je ne suis pas si belle, pas si intelligente, pas si drôle et tutti quanti : donc qu'elle partira. Ou qu'elle aura envie d'autres femmes.
Oui, j'ai du mal à sortir du schéma fabriqué à la fin de mon histoire avec Flûtine. Le boomerang me revient en pleine tête. Peur d'être trahie. De ne pas mériter ce qui m'arrive. Peur de croire que l'on peut m'aimer totalement. Alors je travaille sur ces points, car je ne veux surtout pas gâcher ma chance. Cally a raison : on a morflé dans nos vies; là, nous avons droit au bonheur. On ne vole rien. Mais à l'idée de perdre tout cela, justement, je suis nouée. Il me faut donc revenir à un état qui me permettrait de vivre l'instant sans craindre l'avenir.
En attendant, mes week-end sont toujours aussi délicieux et se déroulent comme de la soie. Nous avons fait des rouleaux de printemps maison hier soir, une raclette à deux, une balade en forêt dans la fraicheur d'un soleil d'hiver, reçu des amis de Cally vendredi soir car ils m'ont apporté un sommier et un matelas quasi neufs, des lectures partielles, du repos...
Et puis ce matin, après avoir rangé la cuisine, j'ai consulté mes mails. Etant toujours inscrite sur une liste d'agreg, j'ai découvert avec stupeur que le programme de l'interne 2014 était tombé le 1er mars... Evidemment, j'y jette un oeil, puis deux, en frémissant intellectuellement mais pas que.
Bilan : Guillaume d'Orange dont je ne connais goutte, Madame de Sévigné est maintenue encore un an, Montesquieu que j'apprécie de plus en plus, Stendhal que je n'ai pas lu depuis des siècles car il me pèse souvent, Eluard mon chouchou de la vingtaine. A cela s'ajoutent un film de Chabrol, et en littérature comparée ("Poétiques du récit d'enfance") Walter Benjamin que je n'ai jamais lu, Vladimir Nabokov qui me reste assez étranger malgré tout ce que l'on dit sur lui, et Nathalie Sarraute qui me fascine.
Première impulsion : yesssss, Eluard, c'est un signe ! Puis la littérature comparée qui me paraît bien plus accessible cette année.
Deuxième impulsion : je ne veux pas que cela nuise à ma vie de couple. Mais Cally et Tinette me motivent, et Cally reprendra des études en septembre. Je n'ai pas envie de vivre mon agrégation comme les deux autres années : j'ai envie de partager réellement, et si je m'y mets, ce sera pour réussir. Je me donne jusqu'à demain pour prendre une décision. Une fois qu'elle sera prise, aucun retour en arrière à envisager, qu'il s'agisse d'un refus ou d'une dernière tentative.
En attendant, je mets à jour ma musique pour avoir un ipod plein de nouveautés à écouter dans le train qui nous mènera aux Pays-Bas...
PS : j'ai aussi décidé de m'inscrire à un concours sympathique de tir à l'arc pour ma reprise des concours... Quand je vous dis que je suis à un tournant !