Il faut bien reconnaître que je suis, en quelque sorte, noyée. J'ai aussi peu de temps qu'à l'époque où je préparais sérieusement l'agreg. C'est donc du grand n'importe quoi.
Dès que débute mon mardi, je suis en apnée jusqu'au vendredi 11h. Et cette semaine, mon mardi a commencé à 6h (rien que de très normal) et terminé à 22h puisque je devais aller à une présentation d'un projet théâtral auquel je fais participer mes élèves de seconde (ceux qui sont choupinoux et que nous gérons Hype et moi en tant que profs principales). Autant dire qu'une journée de seize heures, ça use d'entrée de jeu. Enfin couchée, j'ai compris que j'allais retourner au lycée seulement huit heures après... Je devrais songer à m'installer une tente ou un sac de couchage sur place, peut-être.
Le reste de la semaine semblait moins chargé, et pourtant. Huit heures de cours hier, dont quatre heures de secondes le matin, cela vous impose d'être un sportif de haut niveau pour tenir le choc. Plus sérieusement, la contrainte physique et l'énergie que demandent nos cours me sidèrent toujours. Et on n'a même pas le temps de s'amuser un peu avec les collègues que l'on aime bien en salle des profs : peu de place à la détente, hélas, et nous ne parlons que travail...
Au milieu de tout cela, j'ai décidé de changer de voiture pendant que la mienne a encore un brin de valeur : ma Ford est trop spacieuse pour moi seule, et très honnêtement, je m'ennuie avec sa motorisation. Je cherche donc à vendre celle-ci, et à me trouver une Twingo dynamique et économique d'occasion (vous vous attendiez à une Porsche ?). Même une Fiat 500 avec plus de 50000km est trop loin de mon budget, c'est dire.
Puisque nous parlons voiture, j'ai débuté ma journée de ce matin avec un magnifique PV de 90€ attrapé à 7h10 : pour éviter une attente de vingt minutes afin de passer un rond-point outrageusement mal fait, j'ai emprunté, comme un tiers des conducteurs du coin au moins, un raccourci. Il s'agit d'une rue à double sens, avec une voie bus. Au bout de deux cents mètres, je vois les girophares, trop tard (comme un nombre considérable d'autres conducteurs ensuite).
Le gentil policier me demande si je sais pourquoi je suis contrôlée. Je prends mon air le plus innocent et ahuri (à cette heure-là, je suis encore plus au point que d'habitude) et je glisse un timide : "A cause des travaux ?" Que nenni, évidemment. Normalement, j'aurais dû avoir un retrait de quatre points et 180€ d'amende. Je n'ai eu "que" 90€ à payer. Je n'ai quand même pas remercié le policier qui m'a verbalisée, hein. Mon talent de comédienne, en revanche, me vaudrait parfois quelque récompense.
Pendant que ce monsieur remplissait laborieusement mon PV (20mn pour le faire...), je m'impatientais. Oui, parce que le pire dans tout cela, c'est que malgré mes finances peu reluisantes, je ne pensais qu'à une chose : je vais être en retard au lycée. Je me demande si ce dévouement n'est pas un peu grave, quand même. J'ai même prévenu Miss R au cas où, mais je suis arrivée au lycée deux minutes avant la sonnerie fatale, me précipitant à la photocopieuse -comme s'il en allait de ma vie que les premières aient un corrigé la veille de leur DST de type bac. (Car oui, j'y retourne demain quatre heures, pour surveiller mes louveteaux)
J'y ai croisé Asa, qui opère un jeu très adolescent avec moi depuis quelques jours : elle m'ignore, comme si j'étais transparente. Mercredi midi, elle n'a pas eu d'autre choix que de manger en face de moi à la cantine. Pendant tout le repas, elle ne m'a pas parlé ni regardée et a ostensiblement évoqué le sujet qui nous oppose : l'aménagement de la salle des profs. Je n'ai rien répondu, j'ai testé mes résistances. Ce qui m'agace le plus, c'est que son mépris m'atteigne. Auparavant, j'aurais royalement ignoré cette attitude. Mais avant quoi, me direz-vous ?
Avant que l'amour ne m'adoucisse, sans doute.
En bref, son attitude me chiffonne, et j'ai deux alternatives : soit continuer à faire sembler d'ignorer son mépris et sa colère; soit la prendre entre quatre yeux et lui demander directement pourquoi elle me fait la tête. Seul souci : elle va nier totalement et me dire que je me fais des idées, que tout va bien, blablabla. Pfffff, pourquoi est-ce que je perds du temps à ces gamineries ?
Mon robin qui me fait Robine (à gauche)
Et puis cela n'a rien à voir, mais je voulais quand même évoquer ici ma reprise du tir. J'en suis à deux entrainements seulement, et j'y prends du plaisir malgré un manque d'endurance certain. Tirer des branches d'une puissance de 32 livres, c'est bien beau, mais je ne passe pas actuellement le cap des quarante flèches par séance. Il n'empêche que j'ai de beaux restes, puisque j'ai fait "un robin" : j'ai éclaté une flèche sur une tirée précédemment, au même endroit. Du coup, les gens présents dans le gymnase m'ont baptisée "Robine". J'ai trouvé cela plutôt sympa.
Quant à leur regard, je vois bien dans celui-ci que j'ai gardé une certaine aisance. On m'a déjà proposé d'aller tirer avec les équipes et les compétiteurs... Comment ? Je me flatte ? Ah, vous croyez ?