Le soleil, la mer, le passé
Me revoici enfin sur les ondes, même si mon bonheur est peut-être rébarbatif -voire pénible-, je vais continuer à l'étaler...
Nous sommes donc parties, Flûtine et moi, jeudi et vendredi sur Deauville. La destination fait sans doute trop carte postale, mais nous nous sommes régalées. Avant de prendre notre chambre à l'hôtel (l'Ibis devant le port est charmant), nous avons pique-niqué très succinctement sur la plage de Cabourg. Le vent était froid mais le temps superbe. Nous étions habillées comme des pouilleuses, dans des jeans trop grands, des blousons d'hiver, lunettes de soleil au front et t-shirt rayés comme il se doit.
La plage de Cabourg était quasi déserte. Ensuite, après cette longue pause, en milieu d'après-midi, nous longeons la côte pour rejoindre Deauville. Et là, flash back auquel je ne m'attendais pas : je redécouvre Villers-sur-Mer et le centre de vacances où nous avions passé quinze jours avec mes parents il y a des années. Je devais avoir environ dix ans. Je n'avais rien vu de la mer, car j'avais attrapé un très méchant virus (je délirais à 41° de fièvre) et je regardais mon père nager au loin, avec des jumelles. Il était de plus en plus petit; un simple point noir sur l'horizon... Je m'inquiétais un peu, je le guettais, et je suivais son retour dans les flots, régulier et impressionnant.
Là, en voiture avec Flûtine, je me suis arrêtée cahin-caha devant le centre de vacances, vide et fermé à cette époque de l'année. Je suis sortie un peu pantelante. J'ai fixé la mer, comme si elle allait me rendre mon père, des années après. Comme elle l'avait fait il y a peu, il y a des siècles, quand je le guettais ardemment, assise derrière la fenêtre, dans la chambre.
Je n'ai pas bougé. J'ai mis mes larmes sur le compte du vent qui fouettait mon visage. J'ai fixé la mer. Aussi longtemps que cela m'a paru nécessaire. J'ai fixé le centre de vacances. J'ai alterné. J'ai revu ces images rares et lointaines.
La mer ne m'a pas rendu mon père.
Retrouver ce lieu m'a perturbée plus que je ne croyais. Il faut dire aussi que la veille, Flûtine m'avait offert sur cd-rom la seule vidéo existante de mon père... qui datait de 1990, ainsi que celle d'une chanson que j'avais créée en 1997 lors de mon stage BAFA... consacrée à mon père. Alors, forcément, Villers et les vidéos, ça chamboule...
Une fois à Deauville, nous avons posé ma petite valise Dragibus (elle est fuschia) et avons filé sur la célèbre plage chabadabada...
La suite ? Vous l'aurez peut-être après le dîner, ou bien demain.