Les 1800
Cette entrée sera double, elle le mérite : c'est la mille huit centième... J'ai du mal à y croire vraiment, tant cela me paraît imposant. Double car elle contiendra quelques nouvelles fraîches et mystérieuses, et mon défi de la semaine. Oui, je suis magnanime, je sais; ne me remerciez pas.
Premier temps
Le temps de prendre le temps, de lui courir après, d'attendre la fin des cours avec impatience, de rentrer vite vite car une femme est au fond du lit encore chaud, car une femme vous espère et vous sourit à votre arrivée.
Le temps du café pris seule le matin alors qu'elle dort profondément, en confiance, pendant que je lui écris des niaiseries pour son réveil.
Le temps des craintes que tout s'arrête, que tout ne soit que fumée, qu'elle veuille faire machine arrière...
Le temps des regards qui en disent long, en plein silence délicieux.
Le temps qui m'appartient. Le temps qui nous appartient. Jusqu'à demain matin tôt. Pour une fois.
Le temps où mon visage sourit, beaucoup, vraiment. Mes amies me disent que l'amour me va bien. A qui n'irait-il pas ?
Le temps de rêver au prochain rendez-vous...
Le temps de me sentir belle, en travaillant mon corps.
Deuxième temps
Celui de l'écriture. Ce que j'écris gagne en tendresse sans doute, en douceur. Le défi de cette semaine en est le témoignage, je crois. La consigne portait sur le papier, et devait contenir cinq noms d'oiseaux et quatre onomatopées.
Voici ma participation, intitulée "Tous mes papiers" :
Sur mes papiers
virtuels, j’écris des mots de nuit, des mots d’orage, des mots de pluie.
Sur mes papiers de
cœur, il y a des hirondelles, du miel, des odeurs de sapin, quelques grammes de
cannelle et un grain de poivre. Ah, l’aigreur du piment…
Sur mes papiers calque,
je dessine les contours de mes vides, comme un aigle dans le ciel.
Sur mes papiers buvard,
j’attends que tout s’absorbe, aussi patiente que la buse le long de la route. Han,
les taches restent.
Sur mes papiers à
bonbons colorés, j’écris le vol rapide du colibri, les ailes du papillon, le
rayon de lune ou de soleil, et pffft ! tout s’envole sous l’empressement
du vent à jouer avec eux.
Sur mes papiers
chiffon, j’essuie mes larmes, de joie ou de chagrin ; j’arbore certaines
fleurs entre deux fils ténus ; je caresse l’épais feuillet et lui fais de
l’œil, telle une pie prête à voler…
Mais j’endors mes
plumes, les range au fond des trousses et des pots à crayons. Hum.
Garçon, du papier et de
l’encre !