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Prof et plus si affinités
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Prof et plus si affinités
21 mars 2009

La journée de la jupe

ecole_publique

Le souci des miroirs grossissants ou des loupes, c'est qu'ils peuvent déformer. Le film n'y échappait pas hier soir, forcément. Si l'on passe sur les incohérences et les impossibilités notables (les profs et le principal devant les caméras et "se lâchant", le jeune fille qui pianote sur le portable du grand méchant pendant que la prof cause avec son arme à la main, le coup de boule qui laisse Adjani sans une marque ni un nez cassé, les ados qui ont l'âge d'être en seconde ou première, les voir sortir de la salle sans aucun policier autour, etc...), ce film a été un coup de poing pour moi, je crois.
Certes, ma soirée avait été un peu lourde et j'étais légèrement à cran. Mais quand même. Comme le disait Télérama, le film commence sur une critique incisive, et s'achève en tragédie. On le sent. On est au coeur d'une tragédie moderne.

Les mots des collégiens sont ceux que j'entends, leur violence, leur absence de limites, leurs incohérences (que le scénario met bien en valeur : racisme, expressions toutes faites, notion d'honneur variable...) sont celles auxquelles je suis souvent confrontée.

Mettre en avant les origines arabes de la prof (et celles d'Adjani, n'oublions pas qu'elle est métisse) à la fin du film est une idée lumineuse (l'acteur qui joeu son père est très charismatique, d'ailleurs). Et cette réplique admirable après avoir entendu la prof parler arabe :

_ Madame, vous n'aviez pas dit que vous étiez...

_ ... prof de français. Je suis prof de français.

Toute sa foi d'enseignante est là, toute sa foi en l'école laïque, toute cette foi qui ne suffit pas à les sauver, à les amener plus haut qu'eux-mêmes, à transcender les inégalités, les injustices...

Jusqu'au bout, Sonia, cette enseignante abattue par tant d'idéaux déçus, aura voulu protéger ses élèves. Elle aura voulu être une justicière.

La dernière image, celle des filles en jupe devant son cercueil, est une jolie boucle, quoiqu'un peu surfaite. Je me suis dit, en me retenant de pleurer, que cela avait été peut-être sa seule victoire.

Moi, j'ai fait le bilan de mes échecs : échecs de prof, échecs de coeur, échecs de poids.

Et j'ai cessé de me retenir de pleurer.

(Mardi à 11h, Isabelle Adjani est l'invitée de l'émission Le fou de roi sur France Inter). Et n'hésitez pas à réagir, à donner votre avis, tout ça, parce que ce film s'y prête, forcément, et que c'est l'un des enjeux de celui-ci !

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Commentaires
V
Comme je le disais aussi, la fin est totalement prévisible et attendue pour cela puisqu'il s'agit d'une tragédie "moderne". Ceci étant, je n'ai pas tout raconté sur le final, loin s'en faut, ni sur le film en lui-même... Mais désolée d'avoir gâché ton plaisir, peut-être, Célimène. :-(
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C
mince alors; je lis souvent ton blog, et j'avais hâte de voir le film moi aussi; et je suis extrêmement déçue que tu racontes la fin; comment ai-je pu me laisser avoir, moi qui fais bien attention à survoler seulement les critiques avant d'aller voir un film pour garder un regard neuf?
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V
Flattée je suis, alors, Tiphaine. :-)
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T
Merci pour l'info Laura !
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L
Apparemment si, il y a réellement boycott. Même si le film n'est pas encore sorti en salles, c'est un problème au niveau de la distribution :<br /> <br /> http://www.ozap.com/actu/adjani-journee-jupe-boycotte-cinemas/265690<br /> <br /> Et puis, pour ceux comme moi qui ont raté la diffusion sur arte, le film reste tout de même visible sur le site internet d'arte (arte+7 je crois) pendant 7 jours.
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