Chagrin de lecture
Daniel PENNAC, Chagrin d'école,
Gallimard, 304 p., 19 €
J'ai fini le dernier Pennac, Chagrin d'école. Je m'attendais à retrouver l'exaltation que Comme un roman m'avait procuré. J'ai sans doute placé la barre trop haut. Ou alors je n'étais pas à ma lecture.
Il y a des aspects un peu trop doctes, un peu trop pédagogues (démagogues ? je me suis parfois posé la question) qui m'ont laissée sur ma faim.
J'essaye de trouver en écrivant ce post ce qui m'aurait marquée positivement, mais je dois avoir l'esprit encore embué/vide : je n'y parviens pas. Ah si, 22 l'avait mentionné : un bon professeur se couche tôt. Et il faudrait avoir une formation de non-connaissance quand on veut devenir prof, pour pouvoir aider les "cancres", ceux qui ne comprennent rien. Et introduire l'amour dans l'enseignement.
Mais l'optimisme sans frein de Pennac me gêne : à le lire, on croirait qu'avec la bonne pédagogie, on peut "sauver" tous les cancres, tous ceux qui sont sur une voie parallèle, tous ceux qui sont complètement perdus socialement, scolairement, sentimentalement. Il parle du désespoir que l'on ressent quand on n'y parvient pas, justement.
Et bien non, en effet, on ne peut pas tous les atteindre. On ne peut pas trouver la voie qui va vers eux, ni la corde qui les remontera à la surface. On passe à côté sans les voir, aussi, parfois. On est impuissant, souvent. Ce sentiment-là est affreux, oui.
Mais être prof, ce n'est pas être un super héros, Monsieur Pennac. Ni être une super assistante sociale/infirmière/psychologue/accessoirement pédagogue.
Quand je me dis que j'ai peut-être changé la vie de cinq d'entre eux sur six ans d'enseignement, je m'estime heureuse. Très heureuse.
"Un grand livre commence longtemps avant le livre. Un livre est grand par la grandeur du désespoir dont il procède, par toute cette nuit qui pèse sur lui et le retient longtemps de naître." (Christian Bobin, Une Petite robe de fête)