Pourquoi j'ai encore envie de dormir, et comment je suis devenue un cas unique à Roissy.
Hier soir, je devais aller chercher S. à l'aéroport de Roissy. J'arrive cinq minutes avant l'atterrissage de son avion, en me disant que l'on ne traînera pas trop, juste le temps de récupérer ses bagages.
Je gare la voiture au premier sous-sol, grimpe dans un ascenseur pour aller au niveau 1, et... Paf ! L'ascenseur se bloque. Pas violemment, sans secousse, mais je reste là, coincée apparemment au niveau 1.
Sans paniquer, je sonne sur la cloche pour prévenir quelqu'un du service technique. Je m'y essaye trois fois, car, ce qui n'était pas indiqué sur le manuel du lift survivor, c'est que ça fonctionnait comme un talkie-walkie. Bref. Un type me dit succinctement : "Ne vous inquiétez pas, j'envoie quelqu'un".
Je préviens S., car je capte très bien dans l'ascenseur, ce qui est étonnant. J'estime être prête à l'accueillir sous dix minutes, maxi.
Seul problème : au bout de 20 minutes, toujours rien. Je rappelle le technicien, qui raccroche après m'avoir dit : "Les pompiers sont là; restez au fond de l'ascenseur".
Je commence à m'agacer. Au bout de 40 minutes et plusieurs essais pour "communiquer", on me rappelle enfin et je demande sur un ton plutôt désagréable quand l'on compte me sortir de cette boîte, car je suis oppressée, quand même :
_ Nous avons un petit souci, madame.
_ Non, c'est vrai ? Je n'avais pas remarqué !
_ ...
_ J'ai travaillé à la tour Eiffel, ça ne m'est jamais arrivé !
_ Je sais, madame (il ne sait rien, en fait).
_ On ne peut pas ouvrir cette porte pour me faire sortir ?
_ Ça fait trente ans que je travaille ici, et je n'ai jamais vu ça...
Au bout de 55 minutes, trois techniciens et un pompier parviennent enfin à ouvrir cette satanée porte avec la clef de secours. J'ai les joues en feu. Je suis assez énervée. Non pas parce que je suis restée bloquée, mais parce que j'estime qu'ils ne sont pas correctement occupé de moi.
Je saute d'environ 70cm par rapport au sol, sans que personne ne se propose de m'aider, et je respire enfin à l'air libre.
_ Ah, presque une heure là-dedans ! Je commençais à sâturer...
Ils ne disent rien. Pas un mot.
_ Au fait, messieurs, je vais bien, je vous remercie, lançai-je ne me retournant vers eux, tout penauds.
Je n'ai pas droit à un verre d'eau, à peine un mot d'excuse ("Ce n'est jamais arrivé").
_ Vous avez eu de la chance que je n'aie pas fait une crise de panique, car personne ne s'en est inquiété pendant une heure ! J'aurais pu ramper au sol, c'était pareil ! Je vous donne un conseil : si cela se reproduit, travaillez sur la communication, parce que ça pêche vraiment sur ce point ! Et en plus, je vais payer pour une heure de parking alors que je devais rester un quart d'heure...
Ils m'ont proposé d'aller chercher un coupon pour le parking, mais comme il était 23h30 et que j'en avais plus qu'assez, j'ai dit que je ferai un beau courrier aux aéroports de Paris. Et je le ferai.
Couchée à minuit et demi, avec encore une respiration haletante (sans avoir paniqué, c'est ça le pire !), j'ai donc une véritable raison d'avoir failli m'endormir aujourd'hui en surveillance de Brevet, je trouve.