J'ai beau avoir les cheveux en pétard, devoir aller à la Poste pour 2134ème fois de ma vie, et faire les courses chez Karfour, je relève le défi du post-à-la-Emy. Parce qu'en cinq jours d'absence sur le net, mes stats ont été divisées par 6. Chuis pas bonne en math, mais là, je sais que ça pue.
Alors, tout a commencé avec mes séances Mme Bricolo. J'ai repeint un meuble destiné aux chaussures qui me sert dans la salle de bain (sous le lavabo, pas pratique de trouver quelque chose de standard), mes étagères de cuisine et un porte-bouteille IK&A qui font presque tendance en anthracite foncé au lieu d'être totalement ringards en sapin naturel.
Je me suis bien énervée durant le mercredi et le jeudi en voyant le modem clignoter par intermittence, et en demandant à ma mère d'appeler le service clientèle Aliss' puisque nous n'avions plus de fixe. La panne venait d'eux, sur une zone très réduite : environ 30km2.
Jeudi soir, j'ai fait un ciné avec Sandy. En bonnes littéraires que nous sommes, nous avons vu "Molière". En dehors du défaut de prononciation de Duris, j'ai trouvé les acteurs étonnants de crédibilité. Fabrice Luchini est touchant de ridicule et de naïveté; Laura Morante est superbe et troublante; Ludivine Sagnier brillante de méchanceté; et Edouard Baer parfait en mufle profiteur. Comme je vais rarement au cinéma, j'étais très contente d'avoir vu ce film. Il m'est resté en tête durant deux jours.
Sinon, j'ai failli emménager chez IK&A puisque j'y suis allée environ trois fois. Je compte y installer ma tente.
J'ai été très productive en créations postales, grâce au soutien de Sandy : on se prend la tête sur la place d'un timbre pendant dix minutes, je reste coite devant une enveloppe jusqu'à ce que l'inspiration me tombe dessus... Peu d'amis auraient cette patience... et cette passion pour les mots. Pendant ce temps-là, Sandy repeignait avec une foi déconcertante un plateau kistchissimement affreux (wouah, un néologisme que j'aime bien). Encore une preuve de sa divine "patience artistique".
En tous les cas, ça fait du bien de créer des choses concrètes, de voir un résultat quasi immédiat à ses actions : ce n'est pas le cas quand on fait cours, car on travaille sur de la matière humaine, donc par définition mobile, floue, déconcertante et surprenante. Le résultat de nos séances n'est pas toujours évident à voir...
Pour perdurer dans nos "créations" autosatisfaisantes, Sandy et moi-même sommes allées au marché Saint-Pierre samedi. J'avais pris mon boîtier photo (je m'y remets avec délices), et j'ai bien fait.
Photos de Virgibri, non libres de droit.
D'autant plus que cela nous a permis d'assister à un épisode d'anthologie au marché même... Pendant que nous nous extasiions sur les couleurs et les matières, moi, armée de mon fabuleux boîtier, et Sandy avec son joli ventre rond au bord des stands, une petite vendeuse aux lunettes rectanglaires très sympathiques me dit subrepticement : "Vous saaaavez que n'aaaavez pas le droiiiit de prendre des photos iciiiii ?"
_ Ah bon ? Pourquoi ? (Je connais le droit à l'image, mais je ne voyais très bien la raison de cette interdiction car les tissus viennent de différents fournisseurs : il n'y a pas de marque déposée dessus).
_ C'est comme ça. (Avec un argument pareil, je devais me rendre, c'est évident) Il faut demander une autorisation.
_ ...
J'allais laisser là la donzelle (allitération en L) lorsque j'entendis Sandy bien décidée répondre : "Très bien, madame. A qui doit-on demander cette autorisation, s'il vous plaît ?" Hihi, de la voir sérieuse alors qu'elle se moquait de la vendeuse était fort agréable.
_ Vous allez au bout de cette rangée, au comptoir, et vous demandez Monsieur José. Monsieur Jo-sé, personne d'autre (c'était dit avec beaucoup de crainte et de respect, je crois).
Le dit comptoir datait des années 50, comme le reste, d'ailleurs : hygiaphone, ensemble en bois vernis. A droite, la caissière à qui l'on remet son coupon pour payer, à gauche, le préposé aux sacs. Si si, ça existe, et il est payé pour ça (je me suis d'ailleurs demandé ce qu'il y avait d'écrit sur sa feuille de paye quant à l'intitulé de son poste).
On explique l'objet de notre demande. La caissière, un peu en panique, appelle avec son gros téléphone filaire à l'ancienne le 3ème, puis le 5ème étage pour trouver Monsieur José. On a failli avoir droit à l'appel au micro. Nous avons la fameuse autorisation. Je m'apprête à repartir cliquer, lorsque la caissière m'interpelle :
_ Vous travaillez pour quiiiiii ? Enfin, quel journal ?
_ Euh, personne. Ce sont des photos à titre personnel, à usage individuel.
Je la sens un peu déçue.
_ Bon, vous ne prenez pas trop de photos, et surtout sans déranger la clientèle, hein ?
Cinq minutes parès, devant des tissus brillants, un grand dadais avec gilet en laine sans manches et col de chemise amidonné me saute dessus (en tout bien tout honneur) : "Vous n'avez pas le droit de prendre de photos !"
Et nous, en coeur : "On a l'autorisation de Monsieur Joséééé !"
_ Dans ce cas, ce n'est pas pareil...
_ C'est mouaaaaa qui leur ai dit de le faire !, reprend la vendeuse aux lunettes 50's.
_ Dis, Sandy, tu crois qu'ils distribuent des bons points, ici ?
Photo de Virgibri, non libre de droit.